• 11 janvier 2012

    TVA sociale ou dévaluation fiscale ?

    TVA sociale ou dévaluation fiscale ?

    La « TVA sociale » est de nouveau d'actualité. Le principe est simple : il s’agit de transférer quelques points de cotisations sociales (employeurs et/ou employés) vers la TVA ; d’abaisser le coût du travail et de reporter la charge fiscale sur la consommation. Le but est triple : stimuler l’emploi par une baisse des charges sociales ; redresser le solde commercial en améliorant la compétitivité-prix de nos exportations (soumises à la TVA de nos partenaires) tout en taxant pleinement nos importations (soumises à notre TVA) ; améliorer l’efficacité de notre économie en nous appuyant davantage sur un impôt réputé peu distorsif.

  • 8 janvier 2012

    Le modèle allemand est mité

    Le modèle allemand est mité

    Des deux côtés du Rhin, il est admis que, en ce qui concerne la discipline budgétaire, l’Allemagne est vertueuse et la France frivole. Cette vision a le mérite de conforter les préjugés ethniques qui servent de mode de raisonnement, mais elle a l’inconvénient de ne pas correspondre à la réalité. Si l’on classe les 27 pays de l’Union Européenne en fonction de la taille de leur dette publique (en pourcentage du PIB), l’Allemagne occupe la 8e position, juste derrière la Grande-Bretagne et la France, mais ces trois pays arrivent dans un mouchoir de poche. Ils sont effectivement ex æquo en 6e position. Depuis quarante ans, les dettes publiques de la France et de l’Allemagne ont considérablement augmenté et ont presque toujours été pratiquement égales. Contrairement aux préjugés ethniques, les Allemands parlent beaucoup de leur vertu et les Français s’autoflagellent.

  • 3 décembre 2011

    Zone euro : l’intergouvernemental ne marche pas !

    Zone euro : l’intergouvernemental ne marche pas !

    Le traitement de la crise de la zone euro ne s’adresse pas à la zone euro dans son ensemble. Au contraire, chaque étape de résolution de la crise depuis deux ans s’est attachée à distinguer les situations : d’abord parce que chaque traitement d’éruption de crise est fait au cas par cas national, ensuite parce que le mode de gestion de la crise revient sur la méthode communautaire pour privilégier l’intergouvernemental.

  • 1 décembre 2011

    Madame Merkel, écoutez monsieur Monti !

    Madame Merkel, écoutez monsieur Monti !

    La vertu des crises aigues est de simplifier les termes du débat. Quand les banques peinent à se refinancer et contractent l’offre de crédit, quand des États notés AAA ont du mal à réussir des placements limités de dettes, quand la récession s’installe et que les investisseurs américains ou asiatiques se défont de leurs actifs en euros il n’est plus temps de tergiverser. Pour éviter un enchaînement fatal à l’euro, les Européens doivent aujourd’hui abattre leurs cartes. Pour madame Merkel, la solution réside dans la création rapide d’une union budgétaire qui deviendra un havre de stabilité. Cette annonce devrait selon elle produire un choc de confiance et faire reculer la spéculation contre les dettes souveraines européennes, même si la réalisation pratique de cette union peut prendre du temps.

  • 29 novembre 2011

    Europe : l’heure de vérité ?

    Europe : l’heure de vérité ?

    C’est entendu, l’Union européenne ne fonctionne pas et il faut la réformer. Mais si on veut prendre au sérieux cette proposition, on ne peut plus se contenter de formules ambigües qui permettent de ne pas choisir, comme « gouvernement économique » ou « fédération d’États nations »… Il ne s’agit plus de trouver des mots mais bien de se poser la seule question qui vaille : quelle souveraineté est-on prêt à abandonner à l’Europe ? Avec en corolaire, la question de savoir quel mécanisme de contrôle démocratique permettra de justifier ces transferts de souveraineté.

  • 22 novembre 2011

    Pour une Caisse européenne d’amortissement de la dette

    Pour une Caisse européenne d’amortissement de la dette

    Le sigle Facilité européenne de stabilité financière a en lui-même de quoi faire fuir le lecteur. Apposer ce sigle sur un titre obligataire serait-il néanmoins de nature à attirer l’investisseur ? On n’en prend guère le chemin. Il est vrai que la mouture actuelle du European Financial Stability Facility n’est guère encourageante. Ses tentatives de levée de fonds ont été jusqu’ici anecdotiques et ses efforts pour démultiplier sa capacité d’intervention dérapent en circonvolutions dignes de la saga des subprimes. Essayons d’être un peu plus ambitieux.

  • 21 novembre 2011

    Lettre ouverte au président de la Bundesbank

    Lettre ouverte au président de la Bundesbank

    Cher Jens*, de plus en plus nombreux sont les économistes qui arrivent à la conclusion que la crise des dettes souveraines ne s’arrêtera que lorsque la BCE sera intervenue comme prêteur en dernier ressort. Vous avez affirmé la position inverse. Ma question est : pourquoi ?

  • 17 novembre 2011

    Emploi : un miracle allemand ?

    Emploi : un miracle allemand ?

    Emploi et chômage sont en tête de l'agenda politique, alors que des manifestants se rassemblent dans les quartiers d’affaires de New York, de Londres et d’ailleurs. Le taux de chômage dans ces pays pourrait atteindre 10%. En Allemagne, toutefois, il reste inférieur à 7%. Certains y voient un miracle. Mais il existe des explications scientifiques, à vrai dire moins enthousiasmantes.

  • 16 novembre 2011

    La nouvelle tyrannie de l’intimité

    La nouvelle tyrannie de l’intimité

    L’infiltration massive de la scène socioculturelle par les bagatelles de la vie et l’éviction consécutive des préoccupations publiques par des préoccupations quotidiennes, dont les réseaux sociaux sont les plates-formes technologiques les plus remarquables, évoque ce que le sociologue Richard Sennett avait dénoncé dès 1977 comme « la tyrannie de l’intimité ». Mais la connexion de ces développements avec les arrangements technologiques de notre époque échappe encore largement à la critique.

  • 14 novembre 2011

    Italie : faut-il brader les bijoux de famille ?

    Italie : faut-il brader les bijoux de famille ?

    Il circule ces jours-ci une idée fascinante : un programme de ventes massives d’actifs publics pour réduire la dette et améliorer la perception des marchés sur sa soutenabilité. Il n’est pas si facile de vendre les participations et les actifs immobiliers de l’État, mais le problème est surtout que les rendements sont trop faibles. Il serait préférable d’en confier la gestion à une société publique, sous la supervision de l’Union européenne, avec pour objectif de valoriser ces actifs et d’affecter les résultats à la réduction de la dette publique. La loi de stabilité proposée ces jours-ci, cependant, repose une fois de plus sur de l’ingénierie financière.

  • 11 novembre 2011

    Les Verts ne sont décidément pas mûrs!

    Les Verts ne sont décidément pas mûrs!

    La partie de bras de fer que le parti écologiste, EELV, a entamé avec le Parti socialiste risque fort de le conduire à Canossa. Une fois encore, les écologistes ont fait preuve de leur faible sens politique, ou plutôt de leur incapacité à savoir ce qu’ils veulent vraiment obtenir politiquement. Erreur d’appréciation à la fois sur l’état du rapport de force avec les socialistes et sur les intentions réelles de ces derniers, erreur d’appréciation ensuite sur les données politiques de la période. En posant une série d’ultimatums au PS, les écologistes n’ont pas mesuré que ce dernier n’était pas prêt à passer sous leurs fourches caudines. Du coup, ce sont eux qui risquent de passer sous celles du Parti socialiste.

  • 6 novembre 2011

    G20 : Sarkozy a marqué des points, la gouvernance mondiale aussi

    G20 : Sarkozy a marqué des points, la gouvernance mondiale aussi

    Le G20 de Cannes a permis d’avancer sur bien des points, même si les résultats ne sont pas forcément spectaculaires. On revient de loin ! Au départ l’ambiance était morose. Un délégué rappelait que le travail des sherpas mercredi soir s’était trouvé entièrement dominé par l’annonce folle du référendum grec au pire moment possible. Une déléguée non-européenne pouvait ainsi dire : « Nous sommes devenus les spectateurs involontaires de la saga européenne – les Européens devraient se comporter de façon plus responsable et prendre conscience de l’impact immense de leurs actions sur le reste du monde. » Jeudi, on se demandait encore : le G20 a-t-il encore un sens ? Est-il devenu un immense théâtre grec ?

  • 2 novembre 2011

    Référendum grec : une irresponsabilité choquante

    Référendum grec : une irresponsabilité choquante

    Après être parvenus de justesse à s’entendre jeudi à l’aube sur un plan destiné à sortir la zone euro des turbulences – le troisième en un peu plus de six mois – les Européens viennent de voir le Premier ministre grec Andreas Papandreou prendre le risque de réduire à néant leurs efforts en soumettant à un référendum le compromis en question.

  • 26 octobre 2011

    Solidarité : le mot n’a pas le même sens partout

    Solidarité : le mot n’a pas le même sens partout

    La bataille engagée autour de l’aide alimentaire fournie par l’Union européenne peut sembler de peu d’importance au regard de la tourmente financière. Pourtant, ce qui se joue sur ce terrain est plus que symbolique : deux visions de l’Union s’opposent avec à la clé la question du niveau de solidarité entre les Etats membres. En définitive, c’est la même problématique que celle que l’Union doit affronter avec la crise.

  • 25 octobre 2011

    Zone euro : comment arrêter la contagion ?

    Zone euro : comment arrêter la contagion ?

    Le Conseil européen du 21 juillet dernier a confié au Fonds européen de stabilité financière (FESF) la mission d’intervenir sur les marchés obligataires pour protéger la zone euro contre le risque de contagion de la crise de la dette. Cette approche pose deux problèmes importants : le FESF n’a pas les ressources suffisantes pour mener à bien sa nouvelle mission ; et ses modalités d’interventions n’ont pas été précisées. Nous proposons ici un cadre de référence conceptuel pour ces interventions, ainsi que des pistes pour garantir la force de frappe du FESF.

  • 16 octobre 2011

    La deuxième mort de Dexia

    La deuxième mort de Dexia

    La première mort de Dexia illustrait l’hybris de banques européennes parties à la conquête de l’Amérique et qui investirent les métiers mal compris et mal maîtrisés de la finance de marché. Le démembrement de Dexia, sa deuxième mort, résulte du choc entre un modèle économique basé sur le financement à court terme d’un portefeuille obligataire théoriquement sans risque et l’incapacité des dirigeants européens à éviter la contagion de la crise des dettes souveraines. Mais la naissance même de Dexia, fruit d’un rapprochement franco-belge, illustre les illusions formées au moment où on libéralisait les marchés financiers et où se préparait le passage à l’euro : l’avènement de banques européennes devait faire reculer les patriotismes bancaires et contester l’hégémonie américaine dans les activités de marché.

  • 13 octobre 2011

    L’Europe et la Belle Époque

    L’Europe et la Belle Époque

    « À la fin de ce siècle de paix, les choses s’amélioraient d’une façon toujours plus visible, toujours plus rapide. (…) On croyait aussi peu à la perspective d’une rechute dans la barbarie, à des guerres entre peuples européens, qu’aux fantômes ou aux sorcières ; les gens de cette époque croyaient sincèrement que les frontières de différences entre nations allaient peu à peu se fondre dans une humanité commune, et que, de cette façon, la paix et la sécurité, le plus précieux des biens, seraient accordés à toute l’humanité. » Ces lignes étonnamment contemporaines ont été écrites par Stefan Zweig il y a plus de 60 ans. Elles nous rappellent que la Belle Epoque a beaucoup plus à nous offrir qu’une image idéalisée de la femme élégante avec ses ombrelles et ses chapeaux.

  • 5 octobre 2011

    Innovation: la France peut mieux faire

    Innovation: la France peut mieux faire

    Tant du côté des investissements que de celui des résultats, le système d'innovation français est décevant. La part du PIB consacrée à la R&D stagne à environ 2% (dont une large part pour la défense et le spatial), les dépenses d'éducation diminuent. Dans le domaine de l’innovation, la France fait partie des suiveurs, selon le European Innovation Scoreboard qui lui attribue le 11e rang. Des changements radicaux dans les politiques suivies, y compris la création de pôles régionaux, et un crédit d'impôt généreux, n’y ont rien changé. Pourquoi ?

  • 1 octobre 2011

    La BCE doit garantir les dettes publiques

    La BCE doit garantir les dettes publiques

    La crise des dettes publiques s’aggrave et va continuer de s’aggraver tant que les autorités ne feront pas leur devoir. En l’occurrence, la responsabilité revient maintenant à la BCE qui seule a les moyens d’agir. Toutes les autres idées qui fleurissent un peu partout sont vouées à l’échec parce qu’elles ne prennent pas en compte les ordres de grandeur faramineux qui sont désormais en jeu. Mais, pour arrêter la crise, la BCE doit changer de registre : au lieu de réagir aux événements en courant derrière les marchés, elle doit à présent les devancer en offrant une garantie partielle des dettes publiques de la zone euro.

  • 21 septembre 2011

    Les États-Unis : un État-providence malgré lui ?

    Les États-Unis : un État-providence malgré lui ?

    Le débat politique américain a rarement été aussi polarisé qu’à l’occasion de la crise présente des finances publiques : moins d’impôts ou moins de protection sociale ? Et les institutions, si prestigieuses soient-elles (elles vivent inchangées depuis 1787) montrent désormais leurs limites : elles n’arrivent plus à cacher le blocage continuel de la décision politique en ces temps pourtant décisifs.