• 29 juin 2006

    Il y a pouvoir d'achat et pouvoir d'achat

    Il y a pouvoir d'achat et pouvoir d'achat

    L'impression d'une baisse du pouvoir d’achat, relayée par certains politiques mais démentie par les statistiques, n'est-elle qu'un argument de café du commerce? Pour mieux la comprendre, et par voie de conséquence pour mieux y répondre, il n'est pas inutile d'affiner la représentation, en distinguant un pouvoir d’achat «disponible» et un pouvoir d’achat «immobilisé».

  • 29 juin 2006

    Préservons l'indice des prix !

    Les Français entretiennent un rapport compliqué avec les experts, et le personnel politique joue sur cette ambivalence. Deux clichés devraient agir comme un signal que le locuteur est passé en phase d'enfarinage : "tous les experts s'accordent sur le fait que..." ; "les experts, vous savez, ils disent ce qu'ils veulent, mais les gens savent bien que..." C'est ce second mode de discours qui m'intéresse aujourd'hui. Pierre Poujade en faisait grand usage dans les années 1950. Malheureusement, les choses ne se sont pas arrangées, si on en juge par les récentes déclarations de Ségolène Royal sur l'indice des prix.

  • 29 juin 2006

    EADS, cloué au sol

    Qu'on ne s'y trompe pas, la crise actuelle n'est pas pour l'essentiel une crise industrielle. Les retards, les dépassements, les ajustements… sont le lot commun des nouveaux programmes dans l’aéronautique. Du reste Boeing en connaît en ce moment avec son « Dreamliner » : l'usage massif de composites dans la structure et de dispositifs électroniques innovants créent des problèmes de coût et de délais. Cette crise n'illustre pas davantage la cupidité devenue commune de nombre de dirigeants du Cac 40. Après tout, le délit d’initié n'a jamais tué un groupe industriel et le problème sera vite oublié quand M. Forgeard aura démissionné. Ce n'est pas enfin une crise de l'intégration européenne. L'aventure Airbus a toujours été pour l'essentiel franco-allemande et intergouvernementale. Autant il était abusif de faire d’EADS l'étendard des politiques communautaires, autant il est injuste de faire de l'Europe un bouc émissaire. La crise est bien plus sérieuse, elle trouve sa source dans les conditions mêmes qui ont présidé à la naissance d'EADS. Elle est le résultat d’une combinaison, vouée à l’échec dès l’origine, de volontarisme politique en industrie, de bricolage actionnarial et d’interventionnisme présidentiel.

  • 27 juin 2006

    C'est la valeur de l'entreprise qui détermine la rémunération de son patron

    Pourquoi les salaires des patrons ont-ils augmenté aussi spectaculairement durant les dernières décennies ? En France comme aux Etats-Unis, une opinion relayée par les médias et les politiques semble y voir le signe d'une inquiétante dérive du monde des affaires : triomphe d'un appât obsessionnel du gain, érosion des garde-fous moraux, corruption ou indolence dans les conseils d'administration... Comment comprendre en effet que des salaires augmentent de 500 % en deux décennies ? L'argument moral ou éthique n'est pourtant pas très convaincant, car s'il est exact que les patrons sont mieux payés dans les entreprises dotées d'une mauvaise gouvernance, l'écart avec les entreprises pratiquant une très bonne gouvernance n'est que de 6%. Les effets de la gouvernance d'entreprise sur les rémunérations des dirigeants, thème très à la mode, sont somme toute assez faibles. La mauvaise gouvernance n'explique donc pas tout, loin s'en faut.

  • 26 juin 2006

    L'euro-révisionnisme

    Dans son discours d'Agen, Nicolas Sarkozy a dit des choses très justes sur l'Europe. Il a fustigé le « court-termisme » du Pacte de stabilité et suggéré qu'il pouvait y avoir de bons déficits publics dès lors qu'ils permettaient de financer réformes et croissance. Mais sur l'Euro et la BCE, ses remarques sont pour le moins contestables. Il dénonce l'euro fort, propose de rediscuter le statut et les objectifs de la BCE, et reprend à son compte la légende selon laquelle l'introduction de l'euro « s'est bel et bien accompagnée d’une forte hausse du coût de la vie et d’une chute du pouvoir d’achat ».

  • 25 juin 2006

    Pour une Taxe de lutte contre le changement climatique

    L'augmentation de la consommation des énergies fossiles, soutenue par la forte croissance mondiale, se traduit depuis trois ans par la hausse des prix de l'énergie sur les marchés internationaux. Mais elle aggrave également les risques de changement climatique global, que les spécialistes des sciences de l'univers identifient comme le défi majeur du vingt-et-unième siècle. Il est aujourd'hui certain qu'il faudra limiter la croissance des émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines décennies. Dans des sociétés ouvertes, ce véritable changement de cours devra être opéré par la mobilisation croissante d'instruments économiques de gestion de l'environnement, en particulier les systèmes de permis d'émission négociables et les taxes environnementales.

  • 23 juin 2006

    Italie : la question énergétique

    Italie : la question énergétique

    La fusion Suez-Gaz de France a été envisagée au nom du patriotisme économique pour contrer les ambitions de l'italien Enel. Mais celui-ci est-il un champion du libéralisme ? Un rapide tour d'horizon des marchés de l’énergie dans la péninsule révèle au contraire la persistance de pratiques monopolistiques et de rentes de position aussi bien dans le secteur de l'électricité que dans celui du gaz. Le prix de l'électricité est en effet l’un des plus élevés d'Europe, et en ce qui concerne le gaz nous avons traversé un hiver à risque, grâce au monopole national qui bloque le développement des infrastructures. L'Italie ne peut se permettre une telle situation ; mais le récent projet de loi du ministre Bersani ne dessine que de vagues orientations aux allures de chèque en blanc, faute de préciser ses ambitions. Qu'est-ce qui servirait le mieux le pays ?

  • 23 juin 2006

    Chômage : ne pavoisons pas trop vite !

    Entre mai 2005 et mai 2006, l'économie a créé 399 000 emplois, et on compte 131 700 chômeurs de moins, soit une baisse de 10,8%. Le taux de chômage est passé de 7 à 6,1%, malgré une appréciation forte de la devise nationale par rapport au dollar américain, qui pénalise les exportations. Le ministre de l'Emploi n'a semble-t-il pas commenté ces chiffres officiellement. A noter que pour un chômeur de moins, trois emplois ont été créés, ce qui confirme la bonne santé de l'économie et la progression de la population active. Voilà le bilan dont devrait rêver tout ministre de l'Emploi en France. Hélas, il s'agit des chiffres du Canada !

  • 21 juin 2006

    Quand les trains roulent, les roues s'usent aussi

    Tout le monde sait que les roues des wagons tournent mieux quand elles sont rondes. Mais elles s'usent et deviennent moins rondes. Le matériel s'use alors plus vite et le risque d’incidents augmente. Il existe une technologie pour détecter les irrégularités ; elle requiert des senseurs dans les rails, reliés à des émetteurs sur les locomotives et les wagons. Mais c'est cher et cela exige une standardisation des mesures. Ce petit problème illustre la différence entre un système intégré et le cas où rails et matériels roulants sont séparés. Dans le premier cas, l'entreprise réalise des gains substantiels sur l'utilisation des rails et des matériels roulants. Dans le cas de gestion séparée, une question délicate apparaît : qui profite le plus de ces nouveaux équipements, qui doit les acheter et les entretenir ? Cette question peut devenir une source de négociations sans fin, sans parler de la question de la standardisation des données. Le résultat peut être de se passer de ce genre d'équipement ou de ne l'installer que tardivement.

  • 20 juin 2006

    Russie : la folie des renationalisations

    Il se passe quelque chose d'étrange dans l'économie russe. Des entreprises publiques sous-performantes se sont lancées dans une série d'acquisitions d'entreprises privées en bonne santé. Selon la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement, la part de PIB créée par le secteur privé est tombée de 70 à 65 % l'an dernier. Ni le retour de l'idéologie socialiste, ni de pures considérations stratégiques, et encore moins un souci de performance économique n’expliquent ces opérations qui touchent à des secteurs aussi divers que la banque, le pétrole, ou l'automobile.

  • 15 juin 2006

    Pourquoi le libre-échange ne "passe pas"

    Le mercredi 7 juin, le Bureau national du Parti Socialiste votait à l’unanimité un projet fixant les grandes lignes d’un programme de croissance pour les années à venir. Dénonçant une « dégradation générale de la condition salariale » induite par le capitalisme financier et la concurrence internationale, ce texte propose de créer une politique de prévention des délocalisations basée à l’échelle nationale sur la répression des « patrons voyous » et au niveau européen sur un « renforcement du tarif extérieur commun » pour « protéger l’industrie européenne ». Ces mesures de nature protectionniste répondent à un sentiment généralisé dans le pays : la peur de la mondialisation. Selon un sondage récent, 52% des Français jugent que la mondialisation est plutôt une « mauvaise chose », contre seulement 35% d'opinions favorables.

  • 13 juin 2006

    La CFDT ou comment être réformiste dans une société tendue

    La CFDT ou comment être réformiste dans une société tendue

    Le 46e Congrès de la CFDT intervient après une période houleuse qui aura marqué le premier mandat de François Chèrèque. Les faits sont connus. En 2003, la CFDT signe un protocole d'accord sur la réforme des retraites, alors que les syndicats les plus contestataires s'y opposent et mènent un mouvement social d'ampleur sans précédent depuis les mobilisations de l'hiver 1995. Dans l'organisation cédétiste, s'ouvre alors une période de tensions et le départ de dizaines de milliers d'adhérents, parmi lesquels les derniers tenants d'une opposition plus ou moins organisée. Trois ans plus tard, la CFDT mène le mouvement anti-CPE qui s'achève quelques semaines avant l'ouverture du 46e Congrès.

  • 12 juin 2006

    Le G7 est mort, vive le G5 !

    Décidément, ce que l'on appelle l'architecture monétaire internationale est en ébullition. La manœuvre avait commencé lors de l'assemblée générale du FMI en avril dernier. Constatant que le G7 n'était pas arrivé à progresser sur les grands déséquilibres mondiaux - le déficit externe vertigineux des Etats-Unis, la grotesque accumulation de réserves des pays asiatiques et la question de la surévaluation présumée de leurs monnaies - les ministres des finances et banquiers centraux de la planète avaient prié le FMI de se saisir de la question. Le signal était donc donné : pour la première fois, le G7, incapable de démêler la question monétaire internationale du jour, charge le FMI de se saisir du problème.

  • 12 juin 2006

    De l'influence du droit sur la compétitivité des nations

    Lorsqu'en 1998, le Journal of Political Economy publia un article de La Porta, Lopez de Silanes, Shleifer et Vishny intitulé "Law and Finance", personne n'imaginait l'importance des retombées de ce travail. Il inaugurait une réflexion nouvelle sur l'importance de la qualité des systèmes juridiques pour le bon fonctionnement de l'économie. Où en sommes-nous aujourd'hui ? -->

  • 10 juin 2006

    N'en déplaise à certains l'immigration favorise la croissance

    N'en déplaise à certains l'immigration favorise la croissance

    L'immigration favorise la croissance, peut aider à résorber à court terme certains types de déséquilibres sur le marché du travail et n'a pas d'impact significatif sur les finances publiques, même si cela va à l'encontre de certaines idées reçues.

  • 9 juin 2006

    Quand Zidane alimente le débat sur l'immigration...

    Quand Zidane alimente le débat sur l'immigration...

    Telos a récemment publié deux contributions relatives à l'immigration ("Diplômés du monde entier : rejoignez-nous !" par Jakob von Weizsäcker, et "Immigration choisie : ne singeons pas l'Amérique" par Jean-Baptiste Meyer), qui ont donné lieu à un échange entre leurs auteurs. Nous en rendons compte ci-après.

  • 8 juin 2006

    Ça bouge au FMI

    Ça bouge au FMI. Il y a deux mois, le Gouverneur de la Banque d’Angleterre avait tiré une première salve. Il exprimait le souhait que l'on repense la gouvernance du FMI. Cela faisait longtemps – au moins depuis la crise asiatique en 1997-1998 – que les observateurs étaient arrivés à la même conclusion, mais le monde officiel gardait une attitude plus que prudente sur un sujet qui fâche. Et voici qu'Anne Krueger, numéro deux du Fonds, avance des propositions concrètes. Elle propose d'accroître, automatiquement si possible, le poids des pays asiatiques. En creux, cela signifie que le poids des autres pays devrait diminuer. Evidemment, personne ne se porte volontaire, et c'est bien là toute la difficulté de la question. Il est vrai qu'Anne Krueger est sur le départ. Peut-être est-ce la raison d'une prise de position qui va irriter plus d'un gouvernement...

  • 6 juin 2006

    Le populisme contre le développement

    La décision bolivienne de nationaliser les industries pétrolières et gazières va entraîner de lourdes pertes pour le Brésil. Elle montre aussi que le populisme et les ruptures de contrat restent en Amérique latine une manière facile de botter en touche pour justifier le refus des réformes. Les pays de la région ont une tendance chronique à utiliser leurs ressources naturelles pour atteindre des objectifs politiques.

  • 5 juin 2006

    Pourquoi Bruxelles ne réglementera pas les lobbies

    Le 3 mai dernier le Commissaire européen en charge de l'administration et de la lutte anti-fraude rendait public un Livre Vert sur la transparence. Loin de mettre à distance pouvoirs publics et lobbies, ce document confirme au contraire l'étroite dépendance de la Commission européenne à l'égard des groupes d'intérêt qui l'environnent. Un an après avoir fait trembler le landerneau bruxellois avec des annonces musclées sur le lobbying, le Commissaire a donc choisi de temporiser.

  • 2 juin 2006

    Emploi : peut-on croire M. Borloo ?

    Il faut plus d'une heure de travail à un économiste du travail expérimenté pour savoir si la baisse de 210 000 du nombre de chômeurs annoncée par M. Borloo est une bonne nouvelle, ou si au contraire, il y a lieu de déplorer cette évolution.