• 18 novembre 2009

    Google rend-il stupide ? (2)

    Google rend-il stupide ? (2)

    Dans mon précédent article, je m’interrogeais : faut-il prendre au sérieux le cri de guerre lancé par Nicholas Carr dans The Atlantic (juillet/août 2008) : « Google rend-il stupide ? » En effet, si les intellectuels et les diplômés sont les premiers utilisateurs du Web, l’univers du papier leur demeure très familier. Mais qu’en est-il des autres catégories sociales ?

  • 6 novembre 2009

    Faut-il débattre de l’identité nationale?

    Faut-il débattre de l’identité nationale?

    Lancé à l’initiative d’Éric Besson, secrétaire général adjoint de l'UMP et ministre de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, le « grand débat » sur l’identité nationale est attaqué dans son principe par de nombreux intellectuels et hommes politiques. Certes, les visées politiciennes sont cousues de fil blanc et le thème de la nation a connu bien des vicissitudes au XXe siècle. Les termes mêmes du débat peuvent prêter à discussion en invitant d’emblée à réfléchir sur des « valeurs ». Faut-il pour autant refuser de mener ce débat ?

  • 30 octobre 2009

    Google rend-il stupide ? (1)

    Google rend-il stupide ? (1)

    Récemment un journaliste américain écrivait ceci : « Il me semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations comme le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Avant j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais je fends la surface comme un pilote de jet-ski. » Que faut-il en penser ?

  • 18 octobre 2009

    Pourquoi "ils" ne démissionnent pas ?

    Pourquoi "ils" ne démissionnent pas ?

    S'il est une caractéristique plus marquée en France qu'ailleurs, c'est bien l'acharnement avec lequel les responsables se maintiennent en place contre vents et marées. En dépit d'échecs patents des stratégies économiques, sportives ou managériales ou malgré une situation personnelle a priori bien peu compatible avec une fonction éminente dans la République, il semble bien que rien ne peut affecter celui qui est placé au plus haut sommet. Tout au plus concédera-t-on que l'échec est d'abord celui des joueurs, de l'encadrement intermédiaire ou celui d'une défaillance dans la communication. Or, la récurrence de tempêtes médiatiques autour de personnalités se conjugue avec l'étrange absence du seul problème qui importe vraiment : peut-on encore exercer un mandat quand on a, à ce point, fragilisé l'institution ou l'organisation qui a confié ce mandat ?

  • 13 octobre 2009

    Suicides: Zola is watching you

    Suicides: Zola is watching you

    La plupart des déclarations publiques provoquées par les suicides professionnels produisent un discours d’un manichéisme confondant. D’un côté les exigences de la concurrence, les contraintes de compétitivité, les changements indispensables, bref l’horreur économique. De l’autre côté, des hommes et des femmes de chair et d’os soumis à la pression des objectifs, les résultats inatteignables, les mobilités forcées, les destins fracassés, bref la souffrance humaine. On n’aurait plus le choix qu’entre deux pis-aller: moins d’économique au nom de l’homme, ou plus d’humain malgré les contraintes de l’économie mondialisée. Vraiment ?

  • 10 octobre 2009

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Sale temps pour la presse. S’installer devant son café le matin en dépliant son journal est devenu un geste rustique. Au même moment, des millions de Français ouvrent leur ordinateur, et surfent de site en site. Pourtant, l'« horreur économique » n'est pas loin dès lors que les gains économiques des sites Internet ne compensent pas ou très mal les pertes de ressources du papier. Un effet de ciseau diabolique.

  • 8 octobre 2009

    Polanski : la Suisse est-elle coupable ?

    Polanski : la Suisse est-elle coupable ?

    Les cinéastes français montent vite au créneau. Il fut un temps où ils défendaient très directement leur beefsteak, comme en témoignent les manifestations de rue autour des accords Blum-Byrnes, dans les années d’après-guerre. Avec le temps et la consolidation de leur aisance financière grâce aux obligations d’investissements des chaînes de télévision en faveur du cinéma ou aux miracles de l’avance sur recette, les ressorts des luttes de la cinématographie française ont changé. Sur la durée, une vraie corporation a ainsi émergé, ses membres, en raison de la puissance sans cesse accrue de leur clairon médiatique, trouvant des soutiens prestigieux et parfois même extérieurs à la profession quand l’occasion se présentait. Ainsi en va-t-il de l’affaire Polanski.

  • 17 juillet 2009

    La fin des théories ?

    La fin des théories ?

    L'époque où des données sans théorie n’étaient que du bruit est-elle révolue ? L’analyse de données prend de plus en plus le pas sur les autres formes de connaissance. Les situations de vie ont tendance à être définies comme des problèmes cognitifs, dont la nature est computationnelle ou qui se posent en termes de navigation. Dans ce néopositivisme, non seulement la perception, mais une part essentielle de l'analyse conceptuelle est désormais superflue.

  • 9 juillet 2009

    Hadopi et utopies

    Hadopi et utopies

    Du groupe de rap IAM au chanteur Bénabar, ils n’en reviennent pas. Que l’on puisse télécharger illégalement leurs chansons, que l’on trouve normal de ne pas rémunérer leur travail, ces artistes engagés en ont le souffle coupé. « J’ai conscience qu’il y a des zones d’ombre dans cette loi. Mais il faut bien quelque chose pour réguler Internet. C’est affligeant de passer pour un mec de droite que de dire cela ! Réguler, c’est de gauche ! », s’exclame Bénabar à propos de la loi Hadopi sur Rue89. Un coup de massue supplémentaire leur tombe sur la tête : les sénateurs socialistes qui, contrairement à leurs collègues de l’Assemblée Nationale, avaient voté la première version de la loi, n’ont pas soutenu Hadopi 2, jugée « inutilement répressive ». Le débat véhément qui entoure ce projet conduit le béotien de surprise en surprise et le désarroi des artistes s’accroît face à des passions qui paraissent démesurées. Ni le dispositif juridique (commun avec d’autres pays), ni la dimension économique (un problème de réactivité commerciale) ne suffisent à expliquer le déchaînement des affects autour de Hadopi. C’est du côté des utopies politiques qu’il faut porter le regard pour comprendre la radicalité des réactions.

  • 27 juin 2009

    Comment rémunérer les dirigeants ?

    Comment rémunérer les dirigeants ?

    Beaucoup de commentateurs considèrent que les modes de rémunération des dirigeants ont largement contribué à la crise financière, en les encourageant à prendre trop de risques et à gérer leur entreprise en vue d’un profit à court terme. Le président Obama a proposé de nouvelles règles pour les dirigeants d’entreprises ayant reçu des aides publiques. Mais des critiques se sont élevées, pointant la motivation d'abord politique de ces règles et surtout leur peu d’efficacité. Elles ciblent en effet le niveau de rémunération, plutôt que la structure de cette rémunération, dont l’impact économique est pourtant plus déterminant. Nous proposons ici une solution différente, qui réglerait une partie des problèmes structurels et s’appliquerait à toutes les entreprises.

  • 25 juin 2009

    Immigration et protection sociale

    Immigration et protection sociale

    La montée des populismes et des mouvements xénophobes en Europe est la face la plus visible d’un mouvement plus profond, qui voit une part croissante de l’électorat traditionnel de la gauche s’interroger sur la générosité des systèmes sociaux, notamment envers les travailleurs étrangers. La gauche peut-elle ignorer cette question ? Non. Doit-elle pour autant se plier à cette logique ? Non plus.

  • 15 juin 2009

    L’État brancardier, made in USA

    L’État brancardier, made in USA

    Le sauvetage de General Motors au terme de longues négociations menées par l’Administration Obama avec les syndicats, les élus locaux, les créanciers et le management de l’entreprise fait irrésistiblement penser aux pratiques naguère décriées de l’État brancardier à la française. Pour comprendre la logique de l’intervention de l’Administration Obama, il faut répondre à trois questions. Pouvait-on faire autrement, la faillite était-elle une option ? Pourquoi n’a-t-on pas introduit des incitations au renouvellement du parc du type prime à la casse pour ranimer la demande ? Le montage retenu est-il viable ou ne s’agit-il que d’un compromis politique accompagnant le déclin industriel de l’automobile ?

  • 25 mai 2009

    L’état du cinéma

    L’état du cinéma

    Va-t-on encore au cinéma, alors que nos écrans domestiques peuvent accueillir tous les films de la planète ? En fait, la sortie cinéma n’est pas en voie de disparition, mais de réorganisation. Globalement, elle connaît un certain tassement. Rituel de la jeunesse dans les années 1990, elle mobilise aujourd’hui les diverses générations. Que révèlent les données mondiales sur le « cinema paradiso » (Observatoire européen de l’audiovisuel, 2009) ?

  • 18 mai 2009

    JO: corrélations inattendues

    JO: corrélations inattendues

    Les motifs d’accueillir un méga-événement comme les Jeux Olympiques semblent souvent insaisissables aux économistes. Les avantages économiques nets sont rarement positifs ; les avantages non-économiques sont difficiles à mesurer. Pourtant, les pays se livrent une concurrence féroce pour accueillir ces événements. Pourquoi ?

  • 16 mai 2009

    Statistiques ethniques : sortir des faux débats

    Statistiques ethniques : sortir des faux débats

    Le développement des statistiques ethniques nous mènerait-il à un modèle communautariste ? Ces statistiques évoquent immédiatement les statistiques raciales américaines. Or la réalité française n'est pas la réalité américaine. Il est temps aujourd'hui de connaître le quotidien des Français dont le vécu est profondément affecté par les apparences. Comment ?

  • 7 mai 2009

    Faut-il allonger la durée des droits d’auteur ?

    Faut-il allonger la durée des droits d’auteur ?

    La Commission européenne doit examiner un texte visant à prolonger de 50 ans actuellement à 95 ans le droit d'auteur des musiciens et des maisons de disques — qu’on désigne par l’expression « droits voisins » des artistes interprètes et des producteurs de phonogrammes —, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis. L’objectif affiché par le commissaire en charge du dossier, Charlie McCreevy, est d'aider les musiciens vieillissants et de promouvoir de nouveaux artistes.

  • 4 mai 2009

    Sarkozy a-t-il échoué ?

    Sarkozy a-t-il échoué ?

    Il y a maintenant deux ans Nicolas Sarkozy arrivait au pouvoir avec un préjugé favorable extraordinairement fort non seulement en France mais également à l’étranger. Il se faisait élire pour s’attaquer aux blocages traditionnels de la société française. La rupture annoncée a-t-elle véritablement eu lieu ? Rien n’est moins sûr.

  • 28 avril 2009

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    L’histoire l’enseigne : nouveaux médias et utopies sociales ont partie liée. Il y a trente ans la France se passionnait pour les radios libres. Les plaidoyers étaient vibrants : les émetteurs répondaient aux attentes de la jeunesse et à son idéal de liberté, son goût pour l’échange, son appétence pour de nouvelles expressions culturelles etc. C’est en tout cas ce que l’on croyait… avant que ces radios soient happées par les lois du marché. Le même destin n’attend-il pas le Net ?

  • 17 avril 2009

    Faut-il encourager la participation salariale ?

    Faut-il encourager la participation salariale ?

    Le président Sarkozy prend toute idée qui lui paraît bonne pour l’occasion, quitte à en changer quand l’occasion change. La dernière dont il s’est saisi est la « règle des trois tiers ». Ecoutons-le, lors de son émission télévisée du 5 février : « Cela fait bien longtemps que je pense que la règle des trois tiers est une bonne règle. (...) Sur 100 de bénéfice, il devrait y en avoir 33 qui reviennent au salarié, 33 qui vont directement dans la poche de l'actionnaire et 33 qui servent à être réinvestis dans l'entreprise parce qu'une entreprise, cela doit investir pour continuer à être compétitif. » Sur le tiers pour les salariés, il y a du chemin à faire. Pour 2007, l’INSEE chiffre à 52% la part conservée par l'entreprise, 42% celle versée aux actionnaires et 6% celle distribuée aux salariés. Cette part n’est nullement stable. Elle était de 9% en 2006, ce qui ne doit pas étonner sachant que ni les formules d’intéressement ni celles de participation ne sont exactement assises sur le bénéfice net. Faut-il d’ailleurs qu’elles le soient ? C’est la première question à se poser.

  • 10 avril 2009

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Aux dernières nouvelles, Hadopi aurait coulé, mais ne serait pas encore noyée. Cette loi qui vise à imposer une " riposte graduée " au téléchargement illégal de musiques et de films sur Internet navigue depuis des mois comme un radeau de la méduse. Face à ce projet la riposte des internautes n'est en rien graduée. Elle est cinglante. Aucune surprise : à chaque tentative d'introduire de la régulation dans la Toile (protection des enfants, régulation de la publicité et maintenant téléchargement illégal), l'armée des fournisseurs d'accès, des hébergeurs et des internautes avance en front uni. Les arguments se répètent : toute intrusion du Web est attentatoire aux libertés (" une loi qui fait fliquer tout ce que vous faites sur Internet ", dit un contempteur de Hadopi), vouée à l'échec car aisément déjouée par la technique, ruineuse pour l'État qui devra la faire respecter. Mais le plaidoyer qui enrubanne fastueusement tous les autres, c'est le tort porté à la jeunesse. Les jeunes, enthousiastes d'un Internet aux contenus libres et gratuits, forment une bastille que nul politique ne saurait raisonnablement affronter.