• 7 novembre 2006

    Le marché européen est-il tombé en panne ?

    Une étude récente souligne que 86% de la consommation européenne originaire des pays OCDE serait produite à l'intérieur des frontières nationales contre 10% en provenance des autres pays européens. Cette préférence, que les économistes appellent le biais domestique, aurait diminué fortement pendant la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix mais resterait stable depuis, ce qui plaiderait en faveur d'une relance des politiques visant à unifier le marché européen. Il convient toutefois d'éviter de tirer des conclusions trop hâtives de cette observation statistique. L'indicateur de biais domestique retenu par cette étude semble un peu sommaire. Il amène par exemple à conclure que le biais dans la consommation américaine serait plus grand que celui prévalant au sein de l'Union ce qui contredit la littérature sur le sujet. -->

  • 6 novembre 2006

    Et si le microcrédit était étendu aux pays riches…

    Le prix Nobel de la Paix accordé cette année à Muhammad Yunus récompense l’invention du microcrédit. En 1976, celui qui était alors professeur d’économie à l’Université de Chittagong au Bangladesh a fait le pari que les pauvres aussi pouvaient utiliser les services bancaires. En créant la banque Grameen dans le village voisin de Jobra, il a commencé à offrir en crédit, de sa propre poche, de minuscules sommes d’argent à des personnes bien trop pauvres pour apporter des garanties. Son objectif était d’aider les villageois à financer leurs projets d’investissements, en espérant qu’ils échapperaient ainsi, un jour, à la pauvreté. A en juger par le nombre de banques similaires qui se sont multipliées dans les pays en développement et en Europe de l’Est, c’était manifestement une idée superbe. Aujourd’hui, ces banques servent presque sept millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

  • 3 novembre 2006

    Le vent mauvais du populisme est-européen

    Les populistes de droite en Pologne et de gauche en Slovaquie dirigent maintenant des gouvernement, alliés à des partis nationalistes extrémistes. A Budapest, le principal parti d'opposition, le Fidesz, appelle ses supporters à manifester devant le Parlement pour la démission du gouvernement, le jour même où ce Parlement vient de confirmer par un vote de confiance le résultat des élections de mai dernier. A Prague, un gouvernement minoritaire de droite, qui après cinq mois de querelles et de mobilisation contre la « menace communiste » n'a toujours pas obtenu la confiance du Parlement, mène une purge à grande échelle de la haute administration. Enfin, l'entrée des Bulgares dans l'Union Européenne a été annoncée en transformant la campagne présidentielle en confrontation entre un ex-communiste qui se dit pro-européen et un proto-fasciste qui déclare détester les Turcs, les Tziganes et les Juifs. Pourquoi cette montée du populisme ? -->

  • 1 novembre 2006

    Le grand bêtisier de la dette publique

    Comme toujours à l’approche des élections, on se querelle à propos de « la dette ». M. Breton nous dit que c’est sa préoccupation majeure et dans l’Hebdo des socialistes numéro 421, qui présente les diagnostics et propositions des trois candidats possibles du PS, la dette est le première question de militant « tirée au hasard », selon un protocole sans aucun doute très scientifique. Qu’auraient fait les rédacteurs si la question tirée avait porté sur le trafic de défenses d’éléphants, on se le demande…

  • 31 octobre 2006

    Pourquoi Lula a été réélu

    Les élections brésiliennes d'octobre 2006 auront réservé bien des surprises. Elles concernaient, outre le président de la République, les députés fédéraux, un tiers des sénateurs, ainsi que les gouverneurs et les assemblées législatives des états fédérés. Mais c'est l'élection présidentielle, dont les deux tours ont eu lieu le 1er et le 29 octobre, qui a retenu, à juste titre, l'attention des électeurs et des observateurs.

  • 30 octobre 2006

    Le citoyen, l'expert et la piscine

    Ségolène Royal vient de proposer la création de « jurys de citoyens tirés au sort » qui assureraient « une surveillance populaire sur la façon dont les élus remplissent leur mandat ». Cette proposition vise à reconnecter les Français avec leurs élus en les impliquant dans la gestion des affaires publiques. Par ailleurs, ces commissions pourraient combler le déficit d'évaluation dont souffre l'action publique en France. Ces comités de « citoyens-experts » sont-ils en mesure de résorber à la fois un déficit démocratique et institutionnel ?

  • 29 octobre 2006

    La diversité culturelle ferait-elle peur au consommateur ?

    La diversité culturelle est sous nos yeux : il suffit de prendre la mesure du foisonnement des titres que les industries culturelles nous proposent aujourd'hui. Faut-il le rappeler ? 40 000 nouveautés chaque année du côté de l’édition de livres, 1400 entrées dans les playlists des radios de variétés ce dernier semestre, 240 films français produits en 2005, et plus de 500 films, français et étrangers, présentés sur nos écrans. Des chaînes de télévision à ne plus pouvoir cesser de zapper. Ne boudons donc pas notre plaisir. Nous sommes des consommateurs heureux. Et gâtés. Mais pourquoi alors la consommation se concentre t-elle sur quelques titres seulement ? La richesse de l'offre culturelle ne susciterait-elle pas des comportements de fuite devant la diversité ?

  • 26 octobre 2006

    Arrêtons de taper sur l'Italie !

    Arrêtons de taper sur l'Italie !

    L'abaissement de la note de l'Italie par deux agences de notation financière va sans doute redonner de la vigueur à une théorie qui connu un certain succès sur les marchés, à savoir que l'Italie pourrait bien être la première victime d'une union monétaire mal conçue

  • 25 octobre 2006

    Une nouvelle compréhension des marchés du travail

    Une nouvelle compréhension des marchés du travail

    À un moment donné, dans un pays développé, la somme des heures de travail effectuées dans un cadre professionnel et à la maison tend à être identique pour les hommes et les femmes. Cette somme varie peu d’un pays à l’autre. Ainsi, aux Etats-Unis, les hommes comme les femmes ont consacré en 2003 un tiers de leur temps au « travail total », un chiffre pas très différent des 30% observés en Allemagne. Cette homogénéité offre un contraste surprenant avec les importantes différences entre hommes et femmes, mais aussi d’un pays à l’autre, quand on considère les heures consacrées au travail formel.

  • 23 octobre 2006

    Le CNE sera-t-il désactivé par le juge ?

    Depuis sa mise en orbite, plutôt réussie, par l'ordonnance estivale du 2 août 2005, le Contrat nouvelle embauche (CNE) a connu bien des avanies qui ont fini par introduire le doute quant à la fiabilité de la formule. Les chiffres annoncés (350 000 contrats conclus) ne doivent pas faire illusion : le CNE n'a pas encore trouvé sa place dans le paysage social et juridique français. Y parviendra-t-il un jour ? Rien n’est moins sûr. --> Son avenir est, en effet, tout entier suspendu au jugement des tribunaux. Plus précisément : que la Cour de cassation approuve un jour l’arrêt très critique du conseil de prud’hommes de Longjumeau confirmé par la Cour d’appel de Paris le 20 octobre, et c’en serait fait d’une formule vouée à rejoindre le CPE au cimetière. L’hypothèse en est à ce point probable que le gouvernement s’est engagé dans de grandes manœuvres visant au dessaisissement du juge judiciaire au profit du juge administratif.

  • 19 octobre 2006

    L'exception culturelle indienne ne ressemble guère à celle de la France

    L'exception culturelle indienne ne ressemble guère à celle de la France

    Premier pays producteur de films au monde, dans le peloton de tête des nations cinéphiles, dotée d'une noria de chaînes de télévision, l'Inde a développé pratiquement sans l'aide de l'Etat une industrie du divertissement de grande ampleur. Comment est-elle parvenue à ce résultat?

  • 18 octobre 2006

    Face au reflux de l'inflation la BCE devra-t-elle baisser ses taux ?

    Face au reflux inexpliqué de l'inflation certains commentateurs annoncent que la BCE devra baisser ses taux. Que faut-il en penser ? -->

  • 12 octobre 2006

    La vraie bombe nord-coréenne n'est pas nucléaire

    La vraie bombe nord-coréenne n'est pas nucléaire

    On ne sait rien de la Corée du Nord, pas même le chiffre exact de sa population qui est, littéralement, un secret d'Etat. Quoi d'étonnant, donc, qu'on ne sache pas, et ne saura peut-être jamais, si Pyongyang a véritablement effectué un test nucléaire, et de quelle sorte ? Le gouvernement américain, terriblement ennuyé par cette fâcheuse initiative, s'est empressé de souligner que la détonation enregistrée en Corée du Nord était de très faible ampleur, bien moindre que celles provoquées par les essais nucléaires indiens et pakistanais qui, eux, étaient bien réels. Et, d'ailleurs, les ingénieurs nord-coréens ont-ils vraiment eu le temps et les moyens de construire une bombe opérationnelle, depuis l'éviction en décembre 2002 des inspecteurs de l'AIEA ? Rien n’est moins sûr. De quoi parle-t-on, alors, lorsqu’on évoque la crise « nucléaire » nord-coréenne ? -->

  • 11 octobre 2006

    Ricardo est mort ! Champagne pour tout le monde ?

    Le débat sur les délocalisations rebondit. On se rappelle que Paul Samuelson avait lancé fin 2004 une controverse sur les bénéfices qu'en tirent les Etats-Unis. Le prix Nobel, revisitant la thèse de l'avantage comparé émise par David Ricardo il y a près de deux siècles, s'était attiré les foudres d'une grande partie de la profession. Un récent article de Gene Grossman et Esteban Rossi-Hansberg, présenté fin août lors d’une conférence organisée sous les auspices de la Federal Reserve Bank of Kansas City, commence à circuler très largement : il propose un paradigme adapté aux formes contemporaines de la mondialisation, remplaçant le concept ricardien d'échange de produits par celui d'échanges de tâches (tasks). Le point crucial est que les gains de productivité associés à cette nouvelle forme d'échange, favorables aux moins qualifiés, auraient probablement été sous-estimés jusqu’ci. Champagne pour tous ?

  • 10 octobre 2006

    Pourquoi les chaussures asiatiques font mal aux Italiens

    Pourquoi les chaussures asiatiques font mal aux Italiens

    La décision de la Commission européenne de proroger pour deux ans les mesures anti-dumping sur les importations de chaussures chinoises et vietnamiennes a été saluée comme une victoire par les producteurs italiens, mais aussi par le ministre du Commerce extérieur, Emma Bonino, qui a activement négocié cette mesure alors même qu’elle est considérée comme la ministre la plus libérale de l'équipe Prodi. On peut cependant émettre quelques doutes quant à l’efficacité de cette mesure pour aider nos entreprises à retrouver des marges de manoeuvre, se réorganiser et faire face la concurrence internationale.

  • 6 octobre 2006

    Le budget 2007 : un honorable compromis

    Le cru budgétaire 2007 devrait être plutôt bon pour l'économie française, si l'on prend en compte les exceptionnelles circonstances électorales du printemps prochain. On aurait pu s'attendre à ce que le gouvernement augmente la dépense, quitte à laisser à son successeur le soin d'apurer les comptes. Les détails du projet de loi de finances montrent pourtant que ce ne sera pas le cas. Par conséquent, il me semble que c’est un honorable compromis entre les contingences électorales et la nécessité impérieuse de rationaliser la dépense publique, de simplifier le système fiscal et de réduire le poids de la dette. D'ailleurs, la dette publique brute devrait diminuer, en pourcentage du PIB, pour la première fois depuis 2001. Le prochain gouvernement aura encore du pain sur la planche en matière budgétaire : il devra réduire les effectifs dans la fonction publique et réformer plus radicalement l’assurance maladie et les régimes de retraite, deux sujets économiquement et politiquement explosifs ;mais en matière de fiscalité directe, ce gouvernement aura fait du bon travail dans l'ensemble.

  • 5 octobre 2006

    Chindia : restons calmes !

    Depuis le rachat d'Arcelor au printemps dernier pour la coquette somme de 28,8 milliards de dollars, l'Inde vit sous le régime de la « Mittal mania » comme en témoigne la présentation par la presse indienne des dernières méga acquisitions de Tata Tea (l'américain Glaceau) ou de Videocon (Daewoo Electronics). Que faut-il en penser ? A-t-on affaire à de nouveaux conquérants, ou devrait-on observer le même cycle de passion retombée que l'on a connu avec les autres pays asiatiques ? Ne sommes-nous pas confrontés à un phénomène nouveau puisque selon la plupart des projections à l’horizon 2020-50, la Chine et l'Inde (Chindia) pourraient bien devenir les numéros deux et trois de l'économie mondiale, à parité avec les Etats-Unis et l'Union Européenne ?

  • 4 octobre 2006

    Les biocarburants : pétrole des pauvres ?

    Les pays en développement, parce qu'ils sont pays agricoles, pourraient-ils tirer parti du développement de la production mondiale et du commerce de biocarburants (éthanol issu de la canne à sucre ou du maïs, biodiesel issu d'huile de colza ou de soja) ? On peut en douter.

  • 3 octobre 2006

    Chantiers 2007 : surmonter la faiblesse syndicale

    Le gouvernement a reçu il y a quelques semaines les rapports qu’il avait commandés à Dominique Chertier et à Raphaël Hadas-Lebel sur le rôle et la représentativité des syndicats. Ces rapports sont de grande qualité. Ils restent néanmoins trop prudents et viennent se rajouter à d’innombrables rapports qui encombrent les armoires des administrations. Ce ne sont d’ailleurs pas les idées qui manquent mais la volonté de les mettre en œuvre.

  • 2 octobre 2006

    Le salut de la recherche passera par le Net

    Deux rapports d'une nature très différente viennent éclairer la question de la place des revues dans le paysage de la recherche et celui du débat intellectuel. Le premier a été commandé à Sophie Barluet, à la suite d’un travail qu’elle avait remis au directeur du livre et qui portait sur l’édition de sciences humaines. La commande du Centre national des Lettres, qui soutient plus de 370 revues, était simple : faut-il continuer? Et que faut-il réformer ?