• 17 février 2011

    France 24 : un soft power à la française ?

    France 24 : un soft power à la française ?

    Les crises tunisienne et égyptienne ont montré les limites de l’appareil diplomatique de la France. Elles ont montré aussi la force de son appareil audiovisuel extérieur, notamment la chaîne France 24. Des milliers de témoignages ont afflué de Tunisie au cours du mois de janvier pour souligner le rôle joué par France 24 dans l’amplification du mouvement qui a abouti au départ du président Ben Ali. Les révolutions tunisienne et égyptienne sont en train de confirmer le rôle crucial des chaînes d’information internationales satellitaires, véritables instruments de soft power dans la mondialisation de l’information et des luttes d’influence. La vague de contestation dans le monde arabe pourrait jouer pour ces chaînes le rôle qu’avait joué la Guerre du Golfe pour CNN au début des années 1990. Les grands bénéficiaires en Tunisie et en Egypte ont été Al-Jazeera et Al-Arabiya. Mais juste derrière, France 24 commence à s’imposer notamment en arabe et en français.

  • 11 février 2011

    Qui choisir pour diriger un journal ?

    Qui choisir pour diriger un journal ?

    Le salut de la presse viendra-t-il du renouvellement de ses dirigeants ? Les observateurs s’interrogent. Le Monde a choisi la formule « fleuve tranquille » : Erik Izraelewicz, vieux routier du journalisme écrit, est un ancien de la maison. Son projet s’inscrit dans le droit fil de ce qui se dit sur ce « qu’il faudrait faire » depuis des années : souder davantage la rédaction du papier avec celle du Net, densifier le contenu du quotidien, étoffer l’offre du week-end. Une innovation pourtant : une parution le matin (peut-être)… une incertitude supplémentaire pour l’économie de l’imprimerie du Monde, toujours en suspens. Libération a choisi l’homme qui venait de la radio : Nicolas Demorand a peu d’expérience de la presse écrite, il est un interviewer incisif – ce qui n’est pas la qualité première que l’on demande à un patron de presse – mais, jovial et optimiste, il entend incarner une gauche disposée à se « ré-enchanter ». Deux profils tranchés. L’option sans risque ou celle qui décoiffe.

  • 7 février 2011

    « Révolution numérique » et révolutions politiques

    « Révolution numérique » et révolutions politiques

    Interrompus le 28 janvier à la demande des autorités égyptiennes, les services d’Internet et de téléphonie mobile n’étaient rétablis que cinq jours plus tard, sous la pression des États-Unis et par crainte des conséquences de ce black out pour l’économie. Au même moment, en Chine, la censure bloquait, dans les moteurs de recherche, les mots-clefs permettant d’accéder à l’information sur les événements en cours en Tunisie et en Égypte, tandis que l’appareil de propagande était mobilisé pour stigmatiser les scènes de chaos. Des régimes autoritaires ne pouvaient mieux illustrer leur inquiétude face à des technologies de la communication capables de véhiculer une information instantanée, des mots d’ordre, des appels à manifester, échappant largement au contrôle étatique.

  • 16 janvier 2011

    La presse écrite plongera-t-elle dans le tout numérique ?

    La presse écrite plongera-t-elle dans le tout numérique ?

    La disparition de la presse écrite est-elle inéluctable ? Peut-être. Mais ses difficultés découlent davantage de l’avènement du numérique que d’une forme de désintérêt social pour l’information.

  • 26 novembre 2010

    Vivre sans vies ?

    Vivre sans vies ?

    Un flux constant d’événements et de situations traverse l’espace de nos existences. Même si le mouvement et le changement perpétuels sont intrinsèques à la modernité, l’irruption des technologies numériques au cœur de notre quotidien nous a fait franchir une nouvelle étape. La stabilité, la pertinence et la cohérence qui, même ténues, persistaient dans la vie moderne sont structurellement atteintes par les artefacts informationnels. Nous vivons un présent augmenté et fragmenté. Mais les liens aux trajectoires de vie s’affaiblissent, se brouillent et dans certains cas se brisent.

  • 4 juillet 2010

    Y a-t-il un vote Pirate ?

    Y a-t-il un vote Pirate ?

    On connaissait le vote de gauche, de droite, du centre, le vote vert et le vote blanc. Il nous faudra peut-être commencer à nous intéresser au vote pirate. En effet, le 4 juillet, le Parti pirate présentera un candidat à la législative partielle des Yvelines.

  • 26 avril 2010

    Médias : les parents sont-ils démissionnaires ?

    Médias : les parents sont-ils démissionnaires ?

    Les parents accordent beaucoup d'importance aux médias. Quel que soit leur milieu social, ils redoutent : la violence médiatique à un niveau très élevé (90%) et son imprégnation sur les comportements des enfants, la vulgarité des contenus (73%), qui déteint dans leur langage, et la représentation crue de la sexualité (58%). Certes leurs inquiétudes ne semblent pas toujours rationnelles : alors qu’ils redoutent que les médias n’incitent les enfants à leur demander des achats inutiles, peu se plaignent d’une pression commerciale excessive (20%).

  • 21 avril 2010

    Internet ou l’économie amnésique

    Internet ou l’économie amnésique

    En 2000 Jeremy Rifkin publiait L’Âge de l’accès, qui décrivait le monde encore neuf de l’économie numérique. Dix ans après où en sommes-nous ? Une forme d’amnésie économique s’est imposée, fondée sur l’illusion que seul le service mérite d’être rémunéré, les biens culturels émanant d’une autre galaxie dont on aurait perdu la trace. La valeur de la connexion semble l’emporter sur celle du contenu consommé. L’interpénétration de la communication interpersonnelle et de la communication publique, l’articulation des productions amateurs et de celles labellisées par un éditeur, ce cocktail délicieux fait oublier la spécificité économique de ce qui s’échange. Mais sous l’utopie du gratuit se livrent de féroces combats économiques.

  • 2 avril 2010

    Internet : le miracle de la gratuité

    Internet : le miracle de la gratuité

    89 % des Français estiment que les sites d’information et de contenus doivent être gratuits sur Internet (étude de comparaison internationale de GFK Custom Research). Autrement dit, à la bourse des valeurs, en France, le gratuit obtient la cotation la plus élevée dans le monde. Toutefois, dans cet emballement nous nous singularisons à peine : 82 % des Européens et 78 % des Américains pensent comme nous. Le rejet hexagonal de la culture marchande sur Internet est encore plus radical : 50 % des Français estiment que les contenus doivent être gratuits et sans publicité (42 % des Européens et 21 % des Américains). Comment expliquer cette opinion, qui revient à assimiler les contenus d’Internet à des biens publics ?

  • 18 novembre 2009

    Google rend-il stupide ? (2)

    Google rend-il stupide ? (2)

    Dans mon précédent article, je m’interrogeais : faut-il prendre au sérieux le cri de guerre lancé par Nicholas Carr dans The Atlantic (juillet/août 2008) : « Google rend-il stupide ? » En effet, si les intellectuels et les diplômés sont les premiers utilisateurs du Web, l’univers du papier leur demeure très familier. Mais qu’en est-il des autres catégories sociales ?

  • 30 octobre 2009

    Google rend-il stupide ? (1)

    Google rend-il stupide ? (1)

    Récemment un journaliste américain écrivait ceci : « Il me semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations comme le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Avant j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais je fends la surface comme un pilote de jet-ski. » Que faut-il en penser ?

  • 10 octobre 2009

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Sale temps pour la presse. S’installer devant son café le matin en dépliant son journal est devenu un geste rustique. Au même moment, des millions de Français ouvrent leur ordinateur, et surfent de site en site. Pourtant, l'« horreur économique » n'est pas loin dès lors que les gains économiques des sites Internet ne compensent pas ou très mal les pertes de ressources du papier. Un effet de ciseau diabolique.

  • 18 mai 2009

    JO: corrélations inattendues

    JO: corrélations inattendues

    Les motifs d’accueillir un méga-événement comme les Jeux Olympiques semblent souvent insaisissables aux économistes. Les avantages économiques nets sont rarement positifs ; les avantages non-économiques sont difficiles à mesurer. Pourtant, les pays se livrent une concurrence féroce pour accueillir ces événements. Pourquoi ?

  • 26 novembre 2008

    Télévision publique: le retour de l’Etat culturel

    Télévision publique: le retour de l’Etat culturel

    Et bien, sa réforme de l’audiovisuel public, Nicolas Sarkozy va la faire, et ce dans l’épure de ses diverses déclarations sur la culture télévisuelle. Le choix présidentiel se lit ainsi : exit la télévision des producteurs indépendants et l’esprit des décrets Tasca ; impasse sur la « télévision du public » de type BBC ; pleins feux sur l’Etat culturel. Cette réforme controversée mérite qu’on fasse la part de ce qu’elle comporte de nostalgique et de ce qu’elle comporte d’anticipateur sur les évolutions médiatiques.

  • 16 juillet 2008

    Desperate French TV

    Desperate French TV

    Alors que les chaînes publiques affrontent un avenir erratique, un autre coup de poignard frappe l’audiovisuel français. En 2007, pour la première fois sur nos écrans, les séries américaines emportent massivement l’adhésion du public et devancent les séries hexagonales. La fiction télévisée, genre noble de la télévision et fleuron de la politique de l’exception culturelle, voit sa légitimité ébranlée.

  • 13 novembre 2007

    La société de défiance: un mal français

    La société de défiance: un mal français

    La France est engagée dans un cercle vicieux dont les coûts économiques et sociaux sont considérables. Depuis plus de vingt ans, des enquêtes menées dans tous les pays développés révèlent qu'ici plus qu'ailleurs, on se méfie de ses concitoyens. Les Français sont parmi les plus nombreux à n'avoir aucune confiance dans les pouvoirs publics, les partenaires sociaux et la Justice. Ils sont également les plus rétifs à l'économie de marché.

  • 3 novembre 2007

    Les dragons du Web

    Les dragons du Web

    Les trésors amassés par l'humanité sont en passe d'être totalement numérisés. Des pans entiers de notre vie privée sont transférés en ligne. Or l'accès à ces informations est de fait organisé par un nombre très restreint de sociétés, le plus souvent américaines. Que risquons-nous à laisser ces dragons garder nos trésors ?

  • 27 octobre 2007

    Du culte du patrimoine au culte de l'amateur

    Du culte du patrimoine au culte de l'amateur

    Le 1er août 2007, Nicolas Sarkozy a adressé à Christine Albanel une feuille de route pour une rénovation de la politique culturelle. Le texte aborde maints sujets, mais il s'affirme d'abord comme un plaidoyer pour enrayer l'échec de la démocratisation des arts cultivés. Il s'agit d'en élargir la diffusion, notamment favoriser l'accès aux œuvres de l'esprit par la médiation audiovisuelle et par les réseaux numériques, et de sensibiliser davantage les jeunes grâce au développement de l'enseignement culturel et artistique - une voie ouverte par la gauche et refermée à l'ère chiraquienne. La gratuité des musées et des sites à haut contenu culturel pose une mesure-phare. Certains enseignants et intellectuels ont dû jubiler secrètement : depuis les années Lang, ils dénonçaient le relativisme culturel et la part belle dévolue à une conception anthropologique de la culture (ensemble qui balayerait du patrimoine national à l'art culinaire et à la mode). Retour aux fondamentaux du ministère de la Culture. Pourquoi pas ? Et pourtant, le volontarisme " tout pour le patrimoine " laisse songeur, si l'on examine les résultats fournis par une étude du BIPE : " Approche générationnelle des pratiques culturelles et médiatiques ".

  • 5 octobre 2007

    Web 2.0 : seuls, mais ensemble

    Web 2.0 : seuls, mais ensemble

    A vingt ans, impossible d'être solitaire, sous peine d'être tenu pour un inconscient qui handicape son avenir. " Il faut être socialisé ", affirme une société habitée par les vertus de la communication. Dans cette période de la vie où les contraintes sont théoriquement moins pesantes, il est bienvenu de se construire, de s'expérimenter dans des relations amicales ou amoureuses. Les autres, c'est d'abord les copains de classe ou les voisins, mais pas uniquement ; c'est aussi ceux que les sorties, les voyages, les rencontres posent sur votre chemin. La génération de 68 a porté haut les valeurs de l'échange et de l'amitié. Elle voulait ainsi sillonner la planète, la comprendre et même la sauver. Mais tout a changé. Quarante ans plus tard, pour explorer le monde et s'éprouver face à lui, il suffit d'ouvrir son ordinateur et de s'immerger dans la sociabilité virtuelle.

  • 25 mai 2007

    La société de l'hyperinformation

    La société de l'hyperinformation

    En 2003, un groupe d’économistes et de théoriciens de l’information de l’université de Berkeley publiait How Much Information, un des premiers essais systématiques pour mesurer la quantité d’information produite et stockée dans les médias, notamment numériques. L’étude montrait que cette quantité double dans des intervalles de plus en plus brefs. Les chiffres donnent le vertige et dépassent toute capacité humaine de représentation, mais la croissance exponentielle de la quantité d’information disponible ne se réduit pas à une multiplication de données. Où nous conduit cette société de l’hyperinformation ?