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Elie Cohen edit
Economiste, directeur de recherche au CNRS Site personnel de l'auteur Écrivez à Elie Cohen-
15 juin 2011
Les impasses du patriotisme aéronautique
144 députés de gauche, de droite et du centre ont signé une lettre-pétition adressée au directeur général d’Air-France KLM pour qu’il fasse preuve de « patriotisme économique » en achetant des Airbus A350 et non des Boeing 787. Cette initiative est particulièrement mal inspirée. Elle risque d’antagoniser les dirigeants français et néerlandais d’un groupe privé indépendant, AF-KLM. Elle risque de susciter des mesures de rétorsion sur le premier marché d’Airbus, les États-Unis. Elle méconnaît la logique des ensembliers américains ou européens qui externalisent plus de 50% de la valeur d’un avion. Elle provoque un affrontement euro-américain dont EADS, groupe aéronautique civil, sortira affaibli face à Boeing, groupe essentiellement militaire. lire la suite
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29 mai 2011
L’équation nucléaire européenne
La décision de l’Allemagne et de la Suisse de sortir du nucléaire et celle de l’Italie de renvoyer sine die ses projets de relance auront cinq effets sur l’économie électrique européenne. 1/ La France devient le hub nucléaire de l’Europe et un exportateur majeur. 2/ À l’inverse, les pays sortant du nucléaire et qui misent sur les énergies renouvelables vont accroître leurs importations d’énergie nucléaire ne serait-ce que pour sécuriser les sources intermittentes de production d’énergie (éoliennes, solaire). 3/ L’Europe renonce à tout projet d’indépendance énergétique, sa dépendance notamment au gaz russe et au charbon vont se renforcer. 4/ Le prix de l’énergie va partout s’élever pour les consommateurs finaux. 5/ Les investissements dans les réseaux transfrontaliers de transport d’électricité vont devoir être sensiblement accrus. Est-il besoin d’ajouter que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre seront beaucoup plus difficiles à atteindre ? Voyons comment le drame nucléaire japonais rend probables les évolutions annoncées ici. lire la suite
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23 mars 2011
Le paradoxe de l’affaire Renault
Jeter aux chiens trois cadres compétents et blanchis sous le harnais est abominable. Pourtant ceux qui en ont pris la responsabilité en sortiront indemnes, car il en va de l’avenir de l’alliance Renault Nissan. lire la suite
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13 février 2011
Compétitivité : pourquoi la France a un problème
La compétitivité fait retour dans le débat public. La dégradation continue du commerce extérieur français, la nécessité de corriger les déséquilibres intra-européens et la volonté politique d’une convergence franco-allemande y contribuent. Une étude récente de COE-Rexecode vient nourrir ce débat en présentant un bilan exhaustif des données sur le décrochage français et en faisant du passage aux 35 heures en 1998 le principal facteur explicatif. Cette explication est-elle à elle seule convaincante ? Rien n’est moins sûr. lire la suite
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21 décembre 2010
Mais qu’arrive-t-il aux Allemands ?
La gestion de crise par les autorités allemandes depuis un an ne cesse de surprendre : atermoiements permanents, initiatives à contretemps, déclarations brutales suivies de replis élastiques. Le résultat ? Une crise grecque qui s’étend aux pays périphériques, une crise des dettes souveraines qui devient crise de l’euro et débouche sur une crise du projet européen. Comment expliquer une politique aussi contre-productive ? Faut-il y voir les premiers pas, nécessairement maladroits, d’une nouvelle puissance affranchie des contraintes de l’après-guerre ? C’est la thèse de Jean-Louis Bourlanges. Faut-il y voir une manifestation de l’incompétence d’autorités allemandes d’envergure provinciale ? lire la suite
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31 mai 2010
Retraites : une dramaturgie française
Le gouvernement a décidé de faire de la réforme des retraites la grande affaire de la fin du quinquennat. Il l’a fait de propos délibéré en dramatisant l’enjeu, en anticipant la clause de rendez-vous prévue lors de la réforme Fillon, alors que rien dans les données démographiques ne justifiait cette urgence et que l’aggravation des déficits est un effet mécanique de la crise, et en sachant que la réforme ne pouvait être que très partielle. Le PS, symétriquement, a décidé d’en faire l’axe majeur d’une opposition sans concession au gouvernement en prêtant à cette réforme une radicalité et une portée qu’elles n’ont pas et en saisissant l’occasion pour promouvoir ses solutions de taxation du capital. lire la suite
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2 mai 2010
Grèce : nuages noirs sur les banques françaises
Le plan de sauvetage a éloigné pour un temps la perspective du défaut de la Grèce sur le paiement de sa dette. La réaction en chaîne qui menaçait d’emporter le Portugal, l’Espagne et l’Irlande a été stoppée, mais le soulagement risque d’être de courte durée. Le FMI et l’UE ont estimé que les coûts d’un défaut partiel et immédiat de la Grèce étaient supérieurs à un report à des temps meilleurs d’une inévitable restructuration de la dette grecque. lire la suite
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2 février 2010
Nucléaire: l’ère du low cost
Rien n’y a fait. L’engagement militaire de la France au côté des Émirats Arabes Unis, la gestion du dossier par Claude Guéant, le renfort d’EDF, la baisse des prix. À l’arrivée c’est une société coréenne, Kepco, qui l’emporte au nez et à la barbe des champions du monde du nucléaire avec une offre ne présentant pas d’innovation technologique majeure. L’affaire qu’on ne pouvait pas perdre a donc conduit à rouvrir le dossier du nucléaire français. Après Pérol et Spinetta, François Roussely est appelé à se pencher sur le dossier : faut-il recomposer la filière ? lire la suite
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15 décembre 2009
Et si Sarkozy était à la remorque de Brown ?
Nicolas Sarkozy est fier d’avoir fait nommer pour la première fois depuis 50 ans un commissaire français au marché intérieur et aux services financiers. C’est assurément une performance surtout si on compare ce résultat à celui obtenu par Jacques Chirac dans la Commission sortante. Mais croit-on vraiment que c’est le commissaire Barnier qui va faire la régulation financière européenne ? lire la suite
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28 octobre 2009
Faut-il punir les banques ?
Lorsque la crise se développe, que le chômage gagne en ampleur, que des PME disparaissent et que les banques sauvées par les pouvoirs publics reprennent leurs habitudes, on peut comprendre que des élus soient animés d’une volonté répressive. Il faut y résister car un enjeu plus important se joue, celui de l’invention d’une nouvelle régulation pour une finance complexe, interconnectée, globale et qui a révélé d’étonnantes fragilités dans un passé récent. lire la suite
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24 septembre 2009
Crise : tout a changé, mais rien n'a changé
Une multitude de rapports ont été produits cette année, pointant les failles du système qui avait mené à la crise et proposant des réformes plus ou moins audacieuses. Trois G20 ont été réunis avec des listes impressionnantes de réformes à mener en matière de régulation financière. Mais tout se passe comme si à la grande peur avait succédé le lâche soulagement. En outre trois écoles s’affrontent sur les solutions, celle des politiques français et allemands, celle des gouvernants européens et américains, celle des académiques. lire la suite
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15 juin 2009
L’État brancardier, made in USA
Le sauvetage de General Motors au terme de longues négociations menées par l’Administration Obama avec les syndicats, les élus locaux, les créanciers et le management de l’entreprise fait irrésistiblement penser aux pratiques naguère décriées de l’État brancardier à la française. Pour comprendre la logique de l’intervention de l’Administration Obama, il faut répondre à trois questions. Pouvait-on faire autrement, la faillite était-elle une option ? Pourquoi n’a-t-on pas introduit des incitations au renouvellement du parc du type prime à la casse pour ranimer la demande ? Le montage retenu est-il viable ou ne s’agit-il que d’un compromis politique accompagnant le déclin industriel de l’automobile ? lire la suite
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10 mai 2009
Sarkozy ou l'échec du réformisme autoritaire
Ce n’est certes pas pour ses qualités de gestionnaire des différents ministères qu’il a occupés que les Français ont porté au pouvoir Nicolas Sarkozy. Le bilan de son action à l’Intérieur fut au mieux mitigé. Quant à son action aux Finances, elle fut trop brève pour laisser dans les esprits plus que le souvenir de quelques bons rapports d’experts et des mesures ponctuelles. C’est au contraire sa volonté affirmée de rompre avec un modèle économique devenu ennemi de la croissance et un modèle social facteur d’inertie et d’assistanat qui ont conduit les Français à le porter au pouvoir. Sa présidence ne serait pas « fainéante » et ses priorités étaient simples : la réforme, la réforme et encore la réforme. C’est à cette aune là qu’il nous appartient de dresser un premier bilan. lire la suite
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7 avril 2009
La valse des patrons
Depuis 18 mois c’est la valse des patrons. Patrons démis nuitamment comme Christian Streiff, sans même un communiqué d’éloges, patrons victimes de « board coups » au cœur du capitalisme de connivence comme Thierry Morin, patrons démis par l’État au nom de la crise et du principe de responsabilité comme Rick Wagoner de GM aux États-Unis, le phénomène est suffisamment massif et rare pour qu’on s’y arrête. S’agit-il d’une accélération justifiée par temps de crise ? Ou au contraire d’un phénomène générationnel, d’un passage de témoin classique ? S’agit-il enfin d’une évolution dans la corporate governance favorisée par l’arrivée des fonds activistes ? lire la suite
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11 février 2009
Plan auto : le pire des deux mondes
On croit rêver. Nicolas Sarkozy vient de déclarer au FT Deutschland qu’il faut produire en France les voitures achetées par des Français, comme il est légitime de produire en Inde les voitures achetées par les consommateurs indiens. La rumeur enfle, Sarkozy conditionnerait ses aides financières au secteur automobile à des décisions de relocalisation en France d’usines implantées en Tchéquie ou en Slovaquie. Cette « évidence de bon sens » qui est un immense lapsus protectionniste a été approuvée par M. Bayrou qu’on croyait sincèrement attaché au marché intérieur et, en tous cas, plus européen. Se sentant menacés les dirigeants slovaques ont répondu du tac au tac qu’on renverrait Gaz de France en France au lieu de lui confier la gestion de la distribution gazière en Slovaquie. La démonstration a ainsi été faite en temps réel, le protectionnisme appelle le protectionnisme, c’est un jeu à somme négative. À caresser les opinions publiques dans le sens du poil, on obtient le pire des deux mondes, celui de l’inefficacité économique et du discrédit politique. lire la suite
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27 janvier 2009
Faut-il nationaliser les banques ?
Où en est aujourd'hui le système bancaire français ? Les banques font la queue au guichet de l’État pour lever des capitaux frais, mais elles prétendent qu’elles sont correctement capitalisées. Cet apport de l’État est nécessaire à leurs yeux pour maintenir un rythme soutenu d’octroi de crédits nouveaux, mais elles affirment aussi que leurs encours de crédit n’ont cessé de progresser malgré la crise. Alors que les acteurs économiques, ménages et entreprises, dénoncent l’attrition du crédit et que le médiateur, M. Ricol, menace de dénoncer sur la place publique les banques inciviques, ces dernières protestent de leur bonne foi et assurent qu’il n’y a pas de risque de credit crunch en France. lire la suite
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27 novembre 2008
Faut-il sauver Detroit ?
Le séisme industriel, social et politique que provoquerait une faillite des « big 3 » (Ford, GM et Chrysler) plaide pour un sauvetage urgent. Qui pourrait accepter d'un cœur léger la destruction à terme d'un million d'emplois, une perte de revenus de 150 milliards de dollars et une explosion du chômage dans le Michigan l'Indiana et l'Ohio ? Les dirigeants industriels et syndicaux font même valoir qu'au delà des pertes de revenus et d'emplois bien rémunérés et bien couverts socialement c'est l'ensemble du secteur manufacturier qui serait en péril. Et d'ajouter que pour un emploi manufacturier dans l'automobile, ce sont au total 10 emplois induits dans l'industrie, les services l'immobilier qui sont en cause. Mais avant donc de considérer ces retombées économiques politiques et sociales qui justifieront demain, sous une administration Obama, un sauvetage du secteur, arrêtons-nous un instant sur le dossier industriel proprement dit. Les big 3 méritent-ils d'être sauvés ? lire la suite
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27 octobre 2008
Pendant la crise financière Sarkozy fait (toujours) de la politique...
C’est une affaire entendue : cette crise met un terme à 25 ans de domination absolue du marché sur la politique, de la déréglementation sur la régulation, de la cupidité des financiers sur l’esprit du capitalisme entrepreneurial. Pour une opinion publique en prise avec le chômage, l’érosion du pouvoir d’achat et la peur de l’avenir, le spectacle de dirigeants faillis grassement rémunérés ne peut que nourrir un anti-capitalisme atavique que Nicolas Sarkozy a réussi à capter parfaitement, quitte à asphyxier un petit peu plus le PS. C’est une affaire entendue, sauf que dans le monde réel, les faits observés correspondent rarement aux idées reçues. lire la suite
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11 septembre 2008
La politique industrielle prend la mer
Nicolas Sarkozy vient de prononcer un discours programme de politique industrielle à Saint-Nazaire. Il y théorise la méthode qui, d’Alstom aux Chantiers de l’Atlantique, a permis de sauver des joyaux de l’industrie française malgré les prescriptions concurrentielles européennes et les normes internationales de libre circulation des capitaux. lire la suite
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9 mai 2008
Les trois erreurs de Sarkozy
Brillante à bien des égards, la stratégie réformatrice de Nicolas Sarkozy est pourtant en passe d'échouer. Il a en effet commis trois erreurs dont les effets cumulés le privent progressivement de toute marge de manœuvre. lire la suite
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