• 12 novembre 2007

    Le libéralisme est-il de gauche?

    Le libéralisme est-il de gauche?

    L'Europe continentale est engagée dans un débat passionné sur la poursuite de réformes favorables à l’économie de marché et à un plus grand libéralisme économique. Chacun sait ce que cela signifie :  compétition, flexibilité du marché du travail, libéralisation des services, baisse des impôts, privatisations. Le débat traditionnel est le suivant : ces réformes sont des réformes de droite, elles peuvent aboutir à plus d’efficacité – et peut-être même à plus de croissance économique – mais elles ont aussi tendance à augmenter les inégalités et à se faire au détriment des plus pauvres. Donc, et ici se fait jour l’argument classique des Européens «socialement compatissants», on ne peut avancer que très prudemment dans cette direction : les gouvernements doivent procéder soigneusement et se tenir prêts à faire marche arrière à n'importe quel point. Or, une bonne partie de ce raisonnement est fondamentalement fausse.

  • 6 novembre 2007

    TVA sociale : une grande assiette pour un plat réchauffé ?

    TVA sociale : une grande assiette pour un plat réchauffé ?

    Les gains attendus d’une substitution de la TVA aux cotisations sociales proviennent essentiellement à long terme comme à court terme du passage du financement de la protection sociale vers une plus large assiette. Mais l’assiette retenue est-elle réellement plus large ? A priori, la réponse semble être affirmative. En France, la masse salariale nette de cotisations sociales patronales, assiette des dites cotisations, s'élève à environ 660 Md€ alors que l'assiette théorique de la TVA est de l’ordre de 1025 Md€. En faisant abstraction de la réaction des assiettes fiscales à une modification des taux de prélèvement, une hausse d’un point de TVA pourrait ainsi permettre à court terme la baisse d’1,56 point du taux de cotisation. Mais plus large à court terme, l’assiette de la TVA l’est-elle aussi durablement à long terme?

  • 23 octobre 2007

    Comment déblayer les chantier sociaux ?

    Comment déblayer les chantier sociaux ?

    Les chantiers ouverts par le président de la République dans le domaine des relations sociales sont impressionnants par leur foisonnement : une dizaine de décisions ou de négociations engagées en même temps, avec un calendrier très bref. Tout – ou à peu près – doit être terminé à la fin de l’année.

  • 22 octobre 2007

    La croissance allemande est-elle durable ?

    Après presque une décennie de crise, l'économie allemande est finalement repartie. La croissance dépassera probablement 2,5% cette année, mettant un terme à la pire période de vaches maigres depuis les années 1950. Longtemps considérée comme l’un des « hommes malades de l'Europe », l'Allemagne a connu une croissance d’un tiers inférieure à la moyenne européenne ces dix dernières années. Beaucoup sont soulagés de voir repartir le moteur de l’économie européenne. La question est : pour combien de temps ? Ce regain de croissance est-il durable ?

  • 18 octobre 2007

    La concurrence sans l'anxiété

    La concurrence sans l'anxiété

    Une multitude de travaux empiriques, produits en France comme dans les autres pays développés, montrent que la productivité est la clé de la prospérité. Et pourtant, elle a mauvaise presse ! Elle serait même responsable des destructions d'emplois. Notre législation du travail considère qu'on ne peut licencier que pour préserver la productivité, et surtout pas pour l'accroître. Or seules les entreprises productives créent de l'emploi, paient bien leurs salariés et leur offrent des carrières, exportent, importent aussi (les méchantes !!!),  et surtout innovent. Deux tiers des entreprises qui accroissent leur productivité (sur une période de 5 ans) créent simultanément de l'emploi parce qu'elles grandissent. Bien sûr, lorsque les entreprises qui réussissent s'accroissent, fatalement, d'autres, les moins productives, meurent. Et rares sont les entreprises parmi les moins productives, devenant, on ne sait comment, plus efficaces. L'entrée de nouvelles entreprises constitue une source importante de croissance de la productivité.

  • 16 octobre 2007

    Le spectre improbable de 1995

    Le spectre improbable de 1995

    En 1995, le gouvernement Juppé s’inclinait devant la vigueur du mouvement de protestation sociale et renonçait à une partie de ses réformes, notamment celle des retraites du secteur public. Aujourd’hui, le vaste agenda de réforme sarkozien comprend également une réforme des régimes de retraite de certains employés du secteur public, et les syndicats ont appelé à une journée de grève « massive » le 18 octobre dans le transport public et les entreprises du secteur public. Va-t-on revivre 1995 ? En réalité, l’agenda des réformes n’est que partiellement comparable, certaines des mesures les plus contentieuses de l’époque ayant été écartées. Alors que 1995 concernait surtout le secteur public, l’agenda 2007 s’attaque à un champ plus vaste de personnes, et répartit les coûts et bénéfices. Les conditions économiques sont différentes, le contexte politique et l’opinion publique ont évolué… La mise en scène 2007 pourrait bien éviter un hoquet de l’histoire.

  • 4 octobre 2007

    CNE : les leçons du contentieux

    CNE : les leçons du contentieux

    Deux ans après la création du contrat nouvelles embauches, il est temps d'évaluer sa portée juridique. Quelle meilleure voie d'entrée pour procéder à cette évaluation que le contentieux, qui voit s'affronter prétentions et interprétations devant les juridictions du travail ?

  • 3 octobre 2007

    Une curiosité : le nouveau code du travail australien

    Une curiosité : le nouveau code du travail australien

    De l'autre côté de la planète, au pays des kangourous et des ornithorynques, une démocratie avancée s’est lancée il y a peu dans la politique la plus antisociale de l'histoire économique moderne. Le gouvernement de John Howard avait promulgué en 2005 les lois WorkChoices (WC), fédéralisant le droit du travail sans tenir compte des objections des Etats qui en étaient jusque-là responsables. Les nouvelles lois sont entrées en vigueur en mars 2006, quand la Cour suprême australienne a déclaré constitutionnelle cette centralisation du pouvoir.

  • 30 août 2007

    Comment réussir la réforme du marché du travail

    Comment réussir la réforme du marché du travail

    Pourquoi faut-il profondément réformer le marché du travail en France ? Un taux de chômage trop élevé, depuis trop longtemps pour qu'on puisse l'attribuer à de mauvaises politiques macroéconomiques. Une durée du chômage trop longue, au-delà d'un an en moyenne. Quand la durée du chômage atteint un tel niveau, les chômeurs sont souvent marqués pour la vie. Enfin, un marché du travail de plus en plus polarisé, où les jeunes commencent leur vie professionnelle en alternant pendant longtemps petits boulots et chômage, et où les travailleurs les plus âgés sont trop souvent en pré-retraite ou au chômage à long terme.

  • 4 juin 2007

    La préférence pour l'inégalité est-elle en augmentation?

    La préférence pour l'inégalité est-elle en augmentation?

    On sait depuis longtemps que la société américaine est marquée par une préférence forte pour l'inégalité. Mais on savait moins que cette préférence n'était peut-être pas étrangère au caractère multiracial des Etats-Unis. C'est en tout cas la thèse d'Alberto Alesina et Edward L. Glaeser. L'Europe multiculturelle connaîtra-t-elle la même évolution ?

  • 13 mars 2007

    Pourquoi je voterai Sarkozy

    Pourquoi je voterai Sarkozy

    J'avais toujours voté pour le candidat socialiste dans le passé. Cette fois-ci, je fais plus confiance à Sarkozy qu'à Royal pour réaliser les réformes nécessaires à la France.

  • 7 mars 2007

    Les emplois Bayrou

    Les emplois Bayrou

    François Bayrou se propose d'exonérer de charges les deux premières embauches réalisées par toute entreprise. L'intention est louable. Mais le résultat est loin d'être garanti.

  • 7 février 2007

    Comment certains pays ont réduit le chômage de masse

    Comment certains pays ont réduit le chômage de masse

    La population active britannique a crû de 212 % depuis 1851, et le nombre d'emplois a crû lui aussi de 212 %. Abstraction faite des cycles économiques, une économie de marché fournit autant d'emplois qu'il y a de personnes qui en cherchent. La question de l’emploi pourrait donc être posée ainsi : comment augmenter l’offre de travail effective ? La flexibilité salariale et les compétences, questions centrales si l’on considère le marché du travail sous l’angle de la demande, passent alors au second plan, et la question principale devient : comment mobiliser les chômeurs?

  • 2 février 2007

    Retraites : il faut distinguer assurance et redistribution

    Retraites : il faut distinguer assurance et redistribution

    Le régime de retraite par répartition est l'exemple type d'une assurance sociale qui s'est transformée en mécanique de redistribution non maîtrisée. Une réforme future gagnerait à mieux distinguer les fonctions d’assurance et celles de redistribution.

  • 5 janvier 2007

    Droit au logement : attention aux fausses bonnes idées

    Le droit au logement opposable est revenu d'actualité. Ses contours sont encore mal définis mais il implique d’imposer à l'Etat ou aux collectivités locales le principe de la loi de juillet 1989 selon laquelle le droit au logement est un droit fondamental. Etre privé d'emploi est terrible, être sans logement est pire. Mais faut-il une loi nouvelle pour remédier à l'exclusion ?

  • 25 novembre 2006

    Flexibilité et précarité n'ont pas forcément le même sens

    On range sous le terme de flexibilité des réalités très dissemblables et des ordres de problèmes bien distincts. Or, il n'y a pas une mais des flexibilités, l'une étant synonyme de précarité tandis que l'autre ne l'est en rien puisqu'elle vise au contraire à la stabilité de l'emploi par ajustement optimal de l'entreprise aux exigences de l'environnement économique. Où se situe la différence ? Pour tenter d'y voir clair on peut reprendre la distinction introduite par Bernard Brunhes entre flexibilité fonctionnelle ou interne et flexibilité statutaire ou externe. --> A la flexibilité fonctionnelle correspond l’ensemble des techniques qui sans affecter le statut juridique du salarié modifient l’allure du travail en vue d’en permettre le meilleur ajustement possible aux exigences de la production et de la productivité. Elle est en ce sens, et paradoxalement, un réducteur d’incertitude.

  • 3 octobre 2006

    Chantiers 2007 : surmonter la faiblesse syndicale

    Le gouvernement a reçu il y a quelques semaines les rapports qu’il avait commandés à Dominique Chertier et à Raphaël Hadas-Lebel sur le rôle et la représentativité des syndicats. Ces rapports sont de grande qualité. Ils restent néanmoins trop prudents et viennent se rajouter à d’innombrables rapports qui encombrent les armoires des administrations. Ce ne sont d’ailleurs pas les idées qui manquent mais la volonté de les mettre en œuvre.

  • 5 septembre 2006

    Attac cardiaque

    La démission le 25 août dernier de la direction d'Attac suite aux conclusions du rapport de René Passet faisant état de fraudes et de manipulations commises lors de l'élection ayant conduit en juin dernier à la réélection du président sortant Jacques Nikonoff n'est que le dernier épisode d'une série de crises qui secouent l'association depuis deux ans.

  • 13 juin 2006

    La CFDT ou comment être réformiste dans une société tendue

    La CFDT ou comment être réformiste dans une société tendue

    Le 46e Congrès de la CFDT intervient après une période houleuse qui aura marqué le premier mandat de François Chèrèque. Les faits sont connus. En 2003, la CFDT signe un protocole d'accord sur la réforme des retraites, alors que les syndicats les plus contestataires s'y opposent et mènent un mouvement social d'ampleur sans précédent depuis les mobilisations de l'hiver 1995. Dans l'organisation cédétiste, s'ouvre alors une période de tensions et le départ de dizaines de milliers d'adhérents, parmi lesquels les derniers tenants d'une opposition plus ou moins organisée. Trois ans plus tard, la CFDT mène le mouvement anti-CPE qui s'achève quelques semaines avant l'ouverture du 46e Congrès.

  • 3 mai 2006

    Mais pourquoi 40% de la population en âge de travailler n'a pas d'emploi ?

    En France, près de 40% de la population en âge de travailler n’a pas d’emploi, et près d’un quart des 15-64 ans dépend pour vivre de prestations d’assistance sociale ou d’assurance chômage. En cela notre pays se situe dans la moyenne haute du taux de dépendance en Europe, avec un chiffre supérieur à celui de la Suède et comparable à celui du Danemark, pays pourtant considérés comme disposant des systèmes sociaux parmi les plus protecteurs.