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26 février 2018
Le difficile aggiornamento du Maroc sur les femmes et les mœurs
Le Maroc a ouvert aux femmes la possibilité d’être «adouls», auxiliaires de justice dont les fonctions sont issues de la nébuleuse d’institutions se rattachant au droit islamique. L’ouverture de cette profession aux femmes, voulue par le roi du Maroc, est symbolique, car elle contredit le principe hérité du droit islamique selon lequel le témoignage d’une femme vaudrait moitié moins que le témoignage d’un homme. Concordance des temps, elle précède l’adoption, par le gouvernement, du projet de loi sur les violences faites aux femmes, qui vient d’être attaqué au motif qu’il ne pénalise pas le viol dans le mariage. lire la suite
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20 juin 2017
La crise du Rif comme analyseur de l’inaccomplissement des politiques publiques marocaines
La crise du Rif nous met face à une pathologie préoccupante des politiques publiques au Maroc : leur inaccomplissement. Il y a dans le Rif des investissements, des projets, une agence de développement lui a été dédiée, il existe des rapports, des chiffres, des études et des données, un suivi pourrait-on croire – et, cependant, les politiques publiques peinent à atteindre les buts qu’elles se donnent. lire la suite
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4 avril 2017
Nouveau gouvernement marocain: les aléas de l’obstination en politique
Pendant plusieurs mois, le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui avait conduit le précédent gouvernement et que le roi avait chargé de former le prochain, a refusé la coalition que lui proposait son ministre de l’Agriculture, bien qu’il n’eût pas la possibilité d’en former une autre. La nomination par le roi du numéro deux de son propre parti, Saâdeddine El Othmani, a permis de sortir de ce blocage. lire la suite
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2 mars 2017
La diplomatie migratoire du Maroc: une alternative à l’Europe
Le Maroc vient de réintégrer l’Union Africaine qu’il avait quittée en 1984. Ce retour a lieu après qu’une intense activité diplomatique conduite par le roi Mohammed VI en destination de l’Afrique de l’Ouest comme de l’Afrique de l’Est l’a rendu quasiment inéluctable. Un des outils de cette diplomatie est l’accueil décent des migrants subsahariens. lire la suite
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17 octobre 2016
Election législative du 7 octobre 2016: le bipartisme s’installe dans la vie politique marocaine
Le Maroc vient de connaître une révolution. Pour la première fois depuis que des élections s’y tiennent, un parti politique remporte d’affilée deux élections législatives et se voit ainsi, pour la deuxième fois successive, attribuer la direction du gouvernement. À ce fait, à lui seul remarquable, s’en ajoute un autre : l’entrée du Maroc dans une dynamique clairement bipartisane. Comparée à ces deux faits majeurs, la consolidation au pouvoir d’un parti que la presse et les commentateurs aiment à présenter comme « islamiste » n’a qu’un intérêt très secondaire. lire la suite
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22 juin 2016
Débats marocains sur les inégalités devant l’héritage
On débat de plus en plus, au Maroc, de l’inégalité des femmes et des hommes devant l’héritage. Quelle pourrait être la traduction politique de ce mouvement d’opinion ? La Constitution de 2011 a créé des instances comme le Conseil national des droits de l’homme, qui empêchent les conservateurs de bloquer les débats ou d’imposer qu’ils s’alignent sur la seule référence islamique. Aujourd’hui, au Maroc, les références sont définitivement mixtes. Des avancées libérales sont-elles envisageables à court terme ? C’est une autre histoire. lire la suite
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3 mars 2016
Éviter le radicalisme: la méthode marocaine
Dans le traitement de la religion, les politiques publiques marocaines se sont simultanément orientées vers la promotion du pluralisme des références en même temps que vers la préservation d’un ensemble limité de traditions faisant consensus. lire la suite
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23 septembre 2015
Maroc: les leçons d’une élection
Le Maroc électoral oscille entre le centrisme modernisateur et le conservatisme. Aucune force politique n’apparaît donc porteuse d’une alternative. La stabilité qui s’ensuit n’est pas sans avantages, mais elle peut être porteuse de déséquilibres. lire la suite
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11 mai 2015
Algérie: en finir avec la voracité
Accueilli d’abord avec une étonnante désinvolture, le sévère contre-choc pétrolier amorcé en juin 2014 a commencé à éveiller les consciences à la tête de l’Exécutif algérien. Mais vue de l’extérieur, la réponse du gouvernement est non seulement tardive mais elle est surtout bien courte. Les conditions sont pourtant réunies pour lancer de vraies réformes. lire la suite
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6 mai 2015
France-Maroc: une relation familière
Le refroidissement des relations franco-marocaines a pris fin le 31 janvier dernier. A cette occasion, des « spécialistes » du Maroc appellent à une normalisation de la relation entre les deux pays, souhaitant les sortir de cette « exceptionnalité » qui les qualifierait. Mais faut-il vraiment normaliser cette relation? lire la suite
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13 février 2015
Le « Printemps arabe » après les élections tunisiennes
La réitération d’une élection démocratique en Tunisie ne peut pas ne pas évoquer, par contraste, la situation des autres pays touchés par ce que l’on appelait le « printemps arabe ». Faisons rapidement le tour des pays plus ou moins concernés. lire la suite
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9 septembre 2013
Égypte: retour sur l'éviction de Morsi
Le président Morsi n’a pas été renversé à la suite d’un coup d’Etat ourdi solitairement par les militaires afin de préserver leurs seuls intérêts ou, pire encore, de s’arroger le pouvoir. Ce coup est, tout d’abord, et principalement, la conséquence inéluctable d’une série d’erreurs politiques et de fautes démocratiques accumulées par les Frères musulmans. lire la suite
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28 août 2013
Egypte, Syrie: le désarroi de l’Occident
Les événements qui se sont déroulés cet été dans le monde arabe montrent à quel point le «printemps arabe» et son impact continuent de dérouter les gouvernements français et occidentaux, ainsi que les opinions publiques. lire la suite
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8 février 2013
Egypte: la crise est partie pour durer
Depuis ce qu'il est convenu de nommer la révolution du 25 janvier, l'Egypte n'a connu aucune période de stabilité. Ni la désignation d'un premier Parlement, ni l'élection d'un président issu de l'opposition islamiste, ni l'adoption d'une nouvelle Constitution ne se sont accompagnées de cet apaisement que l'exercice même quelque peu chaotique de la démocratie aurait dû apporter. D'une certaine manière, la révolution n'a pas vraiment eu lieu : l'inquiétude face à la pression des forces libérales a conduit les militaires à contraindre le président Moubarak à partir, mais, ceci concédé, l'Armée a œuvré, en concertation avec les Frères musulmans, à éviter que les choses n'aillent plus loin. Pas davantage que les islamistes, elle n'aime les libéraux. lire la suite
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3 décembre 2012
Egypte: à quoi joue Morsi ?
La vie politique égyptienne a connu ces derniers jours un regain de tensions. Le président Mohammed Morsi, tout auréolé du succès de son entremise dans le conflit israélo-palestinien, a fait un coup de force : il s’est arrogé, par une « Déclaration constitutionnelle », le pouvoir d’édicter des lois et des décrets qui échappent à la censure des tribunaux et a interdit à la Haute Cour constitutionnelle de se prononcer sur toute demande relative à la Commission constitutionnelle, alors occupée à rédiger le projet de Constitution. Cette déclaration devrait aussi permettre de juger une nouvelle fois des responsables du régime précédent, c’est-à-dire de les condamner à des lourdes peines, puisqu’on doute qu’il s’agisse de les rejuger pour les absoudre. Enfin, il a en profité pour limoger à nouveau le Procureur général. C’est la troisième fois, déjà, que le président Morsi tente un coup de force : il y a eu, tout d’abord, la tentative de rétablir le Parlement dissout à la suite d’une décision de la Haute Cour constitutionnelle et, ensuite, le premier limogeage du Procureur général. Chaque fois le président a dû revenir sur ses décisions. Pour l’instant, malgré d’assez importantes manifestations, il n’est pas revenu sur celle-ci. Il n’y a pas intérêt, car il s’agit d’une décision charnière : elle est censée permettre la stabilisation de la vie politique dans un équilibre favorable aux Frères musulmans. lire la suite
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15 octobre 2012
Egypte: une transition chaotique mais pluraliste
Cela fait plus d’une centaine de jours que Mohamed Morsi a succédé à Hosni Moubarak comme président constitutionnellement élu. Il ne s’est rien passé de catastrophique ; il ne s’est rien passé de rassurant. Certes, le nouveau président a réussi à écarter le maréchal Tantawi, qui faisait fonction de chef de l’Etat depuis que l’Armée avait pris le pouvoir. On ne connaît pas le détail de cette manœuvre. Sans doute indique-t-elle un accord provisoire avec l’Armée. Elle permet à une génération de cadets, déjà bien avancés en âge, de parvenir au premier plan. Il n’est pas douteux que leur impatience explique, au moins pour une part, la facilité apparente avec laquelle le président Morsi a pu écarter son prédécesseur. lire la suite
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20 juin 2012
Egypte: que se passe-t-il vraiment ?
Ce qui se passe en Egypte n’est sans doute pas très clair, mais la plupart des commentaires que l’on pouvait lire dans la presse francophone ne contribuent pas à le clarifier. L’annulation de l’élection de l’Assemblée du Peuple, par la Haute cour constitutionnelle, ne peut en aucun cas être décrite comme « un coup d’Etat institutionnel ». Cette juridiction, exemple d’indépendance sous la présidence de Moubarak, avait déjà, par la passé, annulé une élection législative, et ce toujours à propos du problème épineux des candidats indépendants. Par ailleurs, il était de notoriété publique que la loi électorale n’était pas bien rédigée. Techniquement, le coup d’Etat eût résulté du refus des militaires de donner suite à la décision de la Haute cour constitutionnelle qui s’impose aux pouvoirs publics. Cela dit, elle a constitué une aubaine pour eux. Pourquoi ? lire la suite
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13 avril 2012
Egypte: obscurs jeux de pouvoir
L’Egypte se trouve dans une situation compliquée et, à plus d’un titre, intrigante. Les forces armées dirigent le pays. Des élections libres ont cependant eu lieu. Elles ont amené une majorité radicalement islamiste à l’Assemblée du Peuple, composée de Frères musulmans et de Salafistes, les premiers obtenant 47,2% des voix et les seconds 24,7% ; le parti arrivant en tête derrière eux est le Wafd, avec seulement 7,6% des voix. Le jeu des marchandages constitutionnels a commencé. lire la suite
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9 avril 2012
Maroc: les élections ne règlent pas tout !
Les élections législatives de novembre 2011 ont consacré la victoire électorale du Parti Justice et Développement (PJD) et, par là même, la capacité du pouvoir marocain à boucler positivement la période d’incertitude inaugurée, à l’échelle régionale, par le renversement du président Ben Ali, en Tunisie, et, à l’échelle nationale, par la protestation du Mouvement du 20 février (M20F). C’est en ce sens que l’on a pu parler de victoire politique de la monarchie. lire la suite
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24 janvier 2012
Regard froid sur le printemps arabe
L’année dernière, l’Afrique du Nord et le Proche-Orient étaient agités par ce que l’on a appelé le « Printemps arabe ». On a cru à un jeu de dominos partant de Tunisie, atteignant l’Égypte puis le Bahreïn, le Yémen, la Libye, la Syrie voire, revenant vers l’Ouest, le Maroc. Un an après, la réalité apparaît plus contrastée, plus complexe et, finalement, moins triomphale. lire la suite