Jean-Noël Ferrié edit
Directeur de recherche au CNRS, UMR 5115, « Les Afriques dans le monde », Institut d’études politiques de Bordeaux Écrivez à Jean-Noël Ferrié-
12 novembre 2024
Macron, l’Algérie et le Maroc
Le rapprochement récent avec le Maroc a été dénoncé par certains éditorialistes comme une rupture de la position d’équilibre de Paris entre Alger et Rabat. Mais cette vision, marquée par une regrettable confusion entre moralisme et réalisme politique, pose un problème de fond, car la France n’a pas à jouer l’équilibre. Sortir de la colonialité consiste précisément à ne pas se mouvoir en porteur d’un projet politique pour la région. lire la suite
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18 septembre 2024
Le rebond de la relation franco-marocaine et ses leçons africaines
Le réajustement récent devrait mettre définitivement fin à une détérioration croissante des relations entre les deux pays. Aller au-delà impliquera, cependant, un réajustement plus large, puisque le repositionnement par rapport au Maroc apparaît inséparable d’une révision d’ensemble des relations entre la France et le continent africain. lire la suite
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16 juillet 2024
L’incontournable changement
Chacun connaît la formule de Lampedusa: «Il est nécessaire que tout change pour que tout reste pareil.» Cette formule est cynique, mais la situation historique à laquelle elle s’appliquait était compatible avec sa mise en œuvre. Il s’agissait d’agréger un nouveau groupe social à la classe dominante de l’ancien royaume des Deux-Siciles. Peut-elle s’appliquer à l’actuelle situation post-électorale? lire la suite
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31 janvier 2024
Le Conseil constitutionnel et le régime représentatif
Les réactions d'Eric Ciotti et de Laurent Wauquiez à la censure de la loi Immigration, le premier parlant de «hold-up démocratique» et le second de «coup d'Etat de droit», sont choquantes. Au-delà du ridicule de cette posture se pose plus largement la question préoccupante de la culture du constitutionnalisme ou, plus exactement, de son inculture généralisée. De ce point de vue, la responsabilité des acteurs politiques et des commentateurs médiatiques apparaît considérable, lorsqu'ils opposent la décision du Conseil constitutionnel et les «attentes des Français». lire la suite
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22 janvier 2024
La France au Sahel: l’usure d’un ethos politique et militaire en Afrique
Niger, Mali: les déboires récents de la France renvoient à un problème structurel mettant en jeu l'ensemble de la relation avec les pays africains. Il s’agit de la difficulté de se représenter le point de vue africain. La question n’étant pas que ce point de vue soit le bon ou pas. Ce qui importe est la faculté d'insérer l'action publique internationale de la France dans un cadre de réciprocité des perspectives où, même si la partie française n'est pas d'accord avec ses partenaires, elle sait ce qu'ils font fait et se représente, sans trop de biais, ce qu'ils pensent de ce qu'elle fait. lire la suite
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31 mars 2023
Sur la critique de l’inflexibilité d’Emmanuel Macron
À force de ressasser que la démocratie est la voix du peuple et qu’il faut «écouter le peuple», on a oublié que la démocratie est, en premier lieu, un arrangement institutionnel permettant de faire des choix collectifs forcément dissensuels. lire la suite
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9 mars 2023
France-Maroc: une inéluctable distanciation?
Depuis plusieurs mois, la relation France-Maroc est prise dans une dynamique délétère. Alors que l’on croyait cette dynamique, sinon inversée, du moins stoppée, elle repart : la visite d’Etat du président Macron, qui semblait proche et assurée, est renvoyée, sinon aux calendes grecques, du moins au lendemain indéterminé du mois de Ramadan. Il y a cela des raisons conjoncturelles et une raison structurelle. Les raisons conjoncturelles sont connues mais sous-évaluées, du moins côté français. La raison structurelle a jusqu’à présent échappé à l’analyse. lire la suite
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15 décembre 2022
Que se passe-t-il entre le Maroc et l’Algérie?
Le mélange de ressemblances et de dissemblances entre deux pays accolés comme de (faux) frères siamois ne peut que créer et entretenir un état de rivalité permanent. Depuis dix-huit mois une série d’évolutions a accru la tension. lire la suite
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23 mai 2022
Ukraine: le réalisme mal placé
Depuis plusieurs semaines réémerge l'idée que le retour à la paix impliquera des concessions à la Russie – notamment de lui éviter l'affront d'une défaite – et, à terme, la réinsertion de celle-ci dans le jeu stratégique continental. Cette posture se présente comme réaliste. Il n’en est rien. lire la suite
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16 mars 2022
France-Mali: une différence d’agenda irréconciliable
Le renvoi de l'Ambassadeur de France à Bamako, la fin de l'opération Barkhane, le déploiement d'une assistance russe destinée à la remplacer… ainsi se concluent neuf années d'intervention française au Mali. Cette situation disruptive illustre le piège des interventions, tout particulièrement de celles qui tentent d'articuler la lutte contre un ennemi difficile à définir avec la reconstruction ou renforcement d'un Etat en butte à une guerre civile. lire la suite
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17 novembre 2021
La guerre contre le terrorisme est-elle une politique publique pertinente au Mali?
Au Mali, «jihadiste» est une identité transitoire adoptée par des gens du lieu afin de poursuivre certains conflits ou de défendre des intérêts. Dans ces conditions une intervention dont le paradigme est la guerre contre le terrorisme risque de ne mener à aucun résultat tangible. lire la suite
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8 octobre 2021
L’a-diplomatie migratoire de la France envers le Maroc
A-diplomatie? Traiter d’un domaine diplomatique avec les manières et le ton en usage dans la «politique politicienne» – sans ménagements. La récente décision du gouvernement français de réduire de moitié les visas accordés aux Marocains et aux Algériens et de 30% ceux accordés aux Tunisiens en est un bon exemple. lire la suite
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6 septembre 2021
Trois leçons de l’Afghanistan
Nous arrivons à la fin d'un modèle de résolution des crises et des conflits basé sur l'intervention des puissances occidentales. Le devoir politique et éthique de ces puissances devrait être de ne plus laisser miroiter des promesses qu’elles ne peuvent pas tenir, promesses qui bloquent les incontournables dynamiques locales de résolution des conflits. lire la suite
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4 février 2021
Maroc-Israël: pour une analyse constructiviste-réaliste
Le Maroc vient de réussir un coup diplomatique : la normalisation des relations avec Israël et, simultanément, la reconnaissance par les États-Unis du Sahara marocain. Il a conforté sa position en Afrique et ravivé son alliance historique avec Washington. Cette réussite a donné lieu à des commentaires peu amènes. S’il s’agit d’analyses, elles entretiennent des relations obliques avec la réalité. lire la suite
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26 octobre 2020
La police sanitaire et l’injonction de déférence au nom de la raison. Un cas de figure marocain
Afin de lutter contre l’épidémie de Covid-19, la plupart des gouvernements ont mis en place des mesures contraignantes de police sanitaire. Les mêmes gouvernements ont tendance à imputer l’augmentation des cas de Covid-19 à un comportement déraisonnable des citoyens. À partir d’un terrain ethnographique dans une ville moyenne marocaine, on peut suggérer que le problème est mal posé. lire la suite
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10 décembre 2019
Maroc: les leçons de l’affaire Raissouni
En graciant les condamnés d’une affaire d’avortement illégal impliquant une journaliste, le roi Mohammed VI a sanctionné l’emballement de la justice et encouragé les libéraux, qui semblaient proches de désespérer. lire la suite
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7 juin 2018
La diplomatie environnementale du Maroc en Afrique: un mix intérieur-extérieur
Dans le travail de réinscription de sa diplomatie au sein du continent africain, le Maroc a développé un instrument particulièrement performant: le mix intérieur-extérieur ou le «jeu à deux niveaux», une formule de Robert Putnam pour décrire l’enchevêtrement des enjeux de politique intérieure et de politique extérieure dans la formulation des intérêts nationaux et la prise de décision aux Etats-Unis. Au Maroc, il apparaît aussi prégnant que subtil. lire la suite
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26 février 2018
Le difficile aggiornamento du Maroc sur les femmes et les mœurs
Le Maroc a ouvert aux femmes la possibilité d’être «adouls», auxiliaires de justice dont les fonctions sont issues de la nébuleuse d’institutions se rattachant au droit islamique. L’ouverture de cette profession aux femmes, voulue par le roi du Maroc, est symbolique, car elle contredit le principe hérité du droit islamique selon lequel le témoignage d’une femme vaudrait moitié moins que le témoignage d’un homme. Concordance des temps, elle précède l’adoption, par le gouvernement, du projet de loi sur les violences faites aux femmes, qui vient d’être attaqué au motif qu’il ne pénalise pas le viol dans le mariage. lire la suite
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20 juin 2017
La crise du Rif comme analyseur de l’inaccomplissement des politiques publiques marocaines
La crise du Rif nous met face à une pathologie préoccupante des politiques publiques au Maroc : leur inaccomplissement. Il y a dans le Rif des investissements, des projets, une agence de développement lui a été dédiée, il existe des rapports, des chiffres, des études et des données, un suivi pourrait-on croire – et, cependant, les politiques publiques peinent à atteindre les buts qu’elles se donnent. lire la suite
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4 avril 2017
Nouveau gouvernement marocain: les aléas de l’obstination en politique
Pendant plusieurs mois, le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui avait conduit le précédent gouvernement et que le roi avait chargé de former le prochain, a refusé la coalition que lui proposait son ministre de l’Agriculture, bien qu’il n’eût pas la possibilité d’en former une autre. La nomination par le roi du numéro deux de son propre parti, Saâdeddine El Othmani, a permis de sortir de ce blocage. lire la suite
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