• 2 octobre 2006

    Le salut de la recherche passera par le Net

    Deux rapports d'une nature très différente viennent éclairer la question de la place des revues dans le paysage de la recherche et celui du débat intellectuel. Le premier a été commandé à Sophie Barluet, à la suite d’un travail qu’elle avait remis au directeur du livre et qui portait sur l’édition de sciences humaines. La commande du Centre national des Lettres, qui soutient plus de 370 revues, était simple : faut-il continuer? Et que faut-il réformer ?

  • 29 septembre 2006

    Un plaidoyer britannique pour le multiculturalisme

    Un plaidoyer britannique pour le multiculturalisme

    Le Royaume-Uni est sans doute le pays qui est allé le plus loin dans l'approche multiculturelle des minorités et de la citoyenneté. Si le modèle britannique d'intégration se désintègre, c’est l'idée même de multiculturalisme qui est menacée.

  • 27 septembre 2006

    La formation professionnelle continue : un système à la dérive

    Face à l'accélération du progrès technique, à l'intensification de la concurrence internationale, à l'allongement de la durée de vie, la formation professionnelle continue constitue aujourd'hui un instrument essentiel pour assurer la cohésion sociale, la sécurisation des parcours professionnels et de bonnes performances macroéconomiques. Forte de ce constat, la loi Fillon votée en mai 2004 a institué le Droit individuel à la formation, le désormais célèbre « DIF », qui donne à chaque salarié la possibilité d'accéder à 20 heures de formation par an cumulables pendant six ans. Du même coup, le seuil obligatoire de dépenses pour la formation continue a crû significativement : il est passé de 1,5 % à 1,6 % de la masse salariale dans les entreprises de 10 salariés ou plus et de 0,25 % à 0,55 % dans les autres. Au total, en 2005, la France a dépensé 23 milliards d’euros, soit 1,4 % du PIB, en actions de formation professionnelle continue, soit environ trois fois le montant des dépenses pour le RMI.

  • 26 septembre 2006

    Pourquoi la politique d'allègement des charges sur les bas salaires est justifiée

    Depuis 1993, les dispositifs d'allègements de cotisations patronales sur les bas salaires se sont multipliés en France. Aujourd'hui, ces réductions atteignent 26 points au niveau du Smic pour s'annuler à 1,6 Smic. Selon une note commune des services du ministère du Travail et du ministère de l'’Economie, ces mesures s'élèveraient à 19 milliards d’euros. Face à de telles sommes, on doit se demander si les baisses de cotisations patronales ont un effet favorable sur l’emploi.

  • 13 septembre 2006

    Comment le numérique crée un genre littéraire

    Comment le numérique crée un genre littéraire

    L'anthropophagie entre réalité et reflet numérique, entre la banalité quotidienne et sa projection en technicolor, caractérise la psyché de l'individu moderne et bouleverse la littérature. Deux exemples puisés dans la hotte des 700 romans de la rentrée littéraire en témoignent.

  • 12 septembre 2006

    Suez-GDF : politique politicienne contre politique publique

    Il faut écouter les voix qui s'expriment au Parlement, et notamment celle d'élus de l'UMP réputés proches de Nicolas Sarkozy. Ils ont joué un rôle décisif dans la loi débattue ces jours-ci. Ils sont les acteurs d'une formidable régression politique dont il faut craindre dans l’avenir des retombées délétères sur l'intégration européenne, la politique économique et la réforme de l'Etat. Alors qu'au nom des exigences d’investissement nées du nouveau contexte énergétique il était possible de lever la règle des 70% de propriété publique qui limite les mouvements stratégiques de GDF, le gouvernement a choisi une voie autrement plus risquée. Il a élaboré un projet de loi qui mêle transposition de la dernière directive européenne de libéralisation du marché de l'énergie, privatisation de GDF, fusion avec Suez, régulation des prix de l’énergie, missions de service public, et il a enrobé le tout de considérations fumeuses sur le « patriotisme économique ».

  • 5 septembre 2006

    Attac cardiaque

    La démission le 25 août dernier de la direction d'Attac suite aux conclusions du rapport de René Passet faisant état de fraudes et de manipulations commises lors de l'élection ayant conduit en juin dernier à la réélection du président sortant Jacques Nikonoff n'est que le dernier épisode d'une série de crises qui secouent l'association depuis deux ans.

  • 12 juillet 2006

    Prêt étudiant à taux zéro : cette bonne idée qui fait enfin son chemin !

    Prêt étudiant à taux zéro : cette bonne idée qui fait enfin son chemin !

    Le benjamin de l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, vient de proposer différentes mesures pour toiletter le système d’aide aux étudiants dans le rapport qu’il vient de remettre à Dominique de Villepin. Parmi les mesures proposées,la possibilité de prêts à taux zéro à destination des étudiants. S’il est un constat communément partagé, c’est bien celui d’une spécificité française en matière d’aide aux étudiants tant par sa modestie que par l’absence de prêt. Cette dernière est une aberration économique alors même que les années d’études constituent un investissement dont le rendement se fera sentir sur l’ensemble du cycle de vie.

  • 12 juillet 2006

    Le plan pour l'emploi des seniors et ses zones d'ombre

    La faiblesse du taux d’emploi des seniors compte pour moitié dans le problème de l’emploi en France. Le plan pour l’emploi des seniors entend apporter une réponse à un diagnostic indiscutable. Y parvient-il ? -->

  • 11 juillet 2006

    Vers un nouveau modèle de capitalisme industriel mondialisé

    Quelles leçons les grands groupes peuvent-ils tirer de l'affaire Mittal-Arcelor ?

  • 7 juillet 2006

    Et si les OPAs étaient utiles ?

    Les actionnaires d'Arcelor ont tranché. Réunis le 30 juin en assemblée générale extraordinaire, ils ont repoussé avec vigueur le projet de fusion avec le russe Severstal que soutenait la direction. Très probablement, ils lui préfèreront l'offre de Lakshmi Mittal, magnat indien de la sidérurgie. Il faut dire que celle-ci est alléchante, puisqu'elle valorise Arcelor à plus de 20 milliards d’euros, contre 10 seulement au début de l’année.

  • 6 juillet 2006

    La Teuf et le frisson de la démesure

    Plus d'été sans que retentissent les décibels des teknivals. Ces manifestations rassemblent des milliers de jeunes adultes (40 000 sur l'aérodrome de Vannes-Meucon le week-end du 1er juillet), déambulant en voitures ou camions collectifs, émanant de tous les coins de France avec leur équipement pour un séjour dans un espace de « nowhere » : duvet, lampe de poche, jerricane d'eau. Les munitions indispensables de ces virées, pourtant, n'empruntent rien au caractère champêtre du camping : ce sont d’abord les adjuvants (alcool fort et drogues, ecstasy en premier) qui amplifient l'effet sensoriel de la musique techno. On les prend pour s'étourdir, se laisser porter par la musique à fond la caisse, mais aussi pour résister pendant plusieurs jours au manque de sommeil et à la fatigue. Les statistiques sur la consommation d'alcool et de drogues font frémir, mais ces excès sont fédérés par un fait social : la culture de la fête (la teuf en verlan), de la déjante, chez un nombre croissant d'adolescents et de post-adolescents. Les free-parties de l'été en constituent l'acmé, mais beaucoup d'autres occasions de débordements jalonnent l’année.

  • 29 juin 2006

    Préservons l'indice des prix !

    Les Français entretiennent un rapport compliqué avec les experts, et le personnel politique joue sur cette ambivalence. Deux clichés devraient agir comme un signal que le locuteur est passé en phase d'enfarinage : "tous les experts s'accordent sur le fait que..." ; "les experts, vous savez, ils disent ce qu'ils veulent, mais les gens savent bien que..." C'est ce second mode de discours qui m'intéresse aujourd'hui. Pierre Poujade en faisait grand usage dans les années 1950. Malheureusement, les choses ne se sont pas arrangées, si on en juge par les récentes déclarations de Ségolène Royal sur l'indice des prix.

  • 27 juin 2006

    C'est la valeur de l'entreprise qui détermine la rémunération de son patron

    Pourquoi les salaires des patrons ont-ils augmenté aussi spectaculairement durant les dernières décennies ? En France comme aux Etats-Unis, une opinion relayée par les médias et les politiques semble y voir le signe d'une inquiétante dérive du monde des affaires : triomphe d'un appât obsessionnel du gain, érosion des garde-fous moraux, corruption ou indolence dans les conseils d'administration... Comment comprendre en effet que des salaires augmentent de 500 % en deux décennies ? L'argument moral ou éthique n'est pourtant pas très convaincant, car s'il est exact que les patrons sont mieux payés dans les entreprises dotées d'une mauvaise gouvernance, l'écart avec les entreprises pratiquant une très bonne gouvernance n'est que de 6%. Les effets de la gouvernance d'entreprise sur les rémunérations des dirigeants, thème très à la mode, sont somme toute assez faibles. La mauvaise gouvernance n'explique donc pas tout, loin s'en faut.

  • 21 juin 2006

    Quand les trains roulent, les roues s'usent aussi

    Tout le monde sait que les roues des wagons tournent mieux quand elles sont rondes. Mais elles s'usent et deviennent moins rondes. Le matériel s'use alors plus vite et le risque d’incidents augmente. Il existe une technologie pour détecter les irrégularités ; elle requiert des senseurs dans les rails, reliés à des émetteurs sur les locomotives et les wagons. Mais c'est cher et cela exige une standardisation des mesures. Ce petit problème illustre la différence entre un système intégré et le cas où rails et matériels roulants sont séparés. Dans le premier cas, l'entreprise réalise des gains substantiels sur l'utilisation des rails et des matériels roulants. Dans le cas de gestion séparée, une question délicate apparaît : qui profite le plus de ces nouveaux équipements, qui doit les acheter et les entretenir ? Cette question peut devenir une source de négociations sans fin, sans parler de la question de la standardisation des données. Le résultat peut être de se passer de ce genre d'équipement ou de ne l'installer que tardivement.

  • 13 juin 2006

    La CFDT ou comment être réformiste dans une société tendue

    La CFDT ou comment être réformiste dans une société tendue

    Le 46e Congrès de la CFDT intervient après une période houleuse qui aura marqué le premier mandat de François Chèrèque. Les faits sont connus. En 2003, la CFDT signe un protocole d'accord sur la réforme des retraites, alors que les syndicats les plus contestataires s'y opposent et mènent un mouvement social d'ampleur sans précédent depuis les mobilisations de l'hiver 1995. Dans l'organisation cédétiste, s'ouvre alors une période de tensions et le départ de dizaines de milliers d'adhérents, parmi lesquels les derniers tenants d'une opposition plus ou moins organisée. Trois ans plus tard, la CFDT mène le mouvement anti-CPE qui s'achève quelques semaines avant l'ouverture du 46e Congrès.

  • 1 juin 2006

    En matière de logement l'enfer est pavé de bonnes intentions

    En matière de logement l'enfer est pavé de bonnes intentions

    L'intervention de la puissance publique en matière de logement est une longue tradition qu'on peut rattacher à la construction de logements ouvriers par les patrons du 19e siècle ou à la création du prélèvement du « 1% logement » sur les salaires par un de ces mêmes patrons dans les années 1950. C’est pendant la Première Guerre mondiale que les loyers ont été bloqués pour la première fois, blocage qui n'a été levé, partiellement, que par la loi de 1948. Et il ne se passe pas de mois qu'une nouvelle initiative ne fleurisse : du quota de 20% de logements sociaux par commune de la loi SRU en 2000, au récent projet de permis de louer en passant par les dispositifs Besson, Méhaignerie, Périssol ou Robien d'encouragement à l’investissement locatif, ou le « bouclier logement » du programme socialiste. Cette intervention n’est pas une spécificité française. Même les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne consacrent aux aides au logement une part de leur budget voisine de celle de la France.

  • 19 mai 2006

    Immigration choisie : ne singeons pas l'Amérique

    Immigration choisie : ne singeons pas l'Amérique

    L'immigration choisie fait débat en Europe. Après le Royaume-Uni et l'Allemagne, la France envisage de s'y convertir à travers la nouvelle loi Sarkozy sur l'immigration. A l'image de la fameuse carte verte américaine de résidence et permis de travail aux étrangers (green card), la création d'une carte bleue européenne (blue card) a été parfois suggérée, y compris sur Telos par Jakob von Weiszäcker. Cette dernière permettrait aux travailleurs hautement qualifiés étrangers de circuler en Europe et entre celle-ci et leur pays d’origine. Selon une métaphore footballistique, certains – non-qualifiés – feraient l’objet d’un carton rouge tandis que les détenteurs de compétences reconnues bénéficieraient d’une « blue card ». Or cette logique de discrimination migratoire sur des critères socioprofessionnels, outre les problèmes éthiques évidents qu'elle soulève, ne convient guère à l'Europe pour au moins deux raisons.

  • 12 mai 2006

    La lutte contre les discriminations a aussi des avantages économiques

    Alors que l'Assemblée nationale planche sur un projet de loi relatif à la délinquance, la publication coup sur coup de plusieurs études économiques montre qu'une course de vitesse est engagée entre un traitement économique des causes profondes de la crise de nos banlieues et un réflexe sécuritaire qui pourrait bien aggraver le cercle vicieux de la stigmatisation et de la non-valorisation de l'atout numéro un de notre nation : le capital humain. --> Une enquête en cours sur la jeunesse scolarisée dans l'académie de Créteil questionne la valorisation actuelle de ce capital humain en Ile-de-France. Les fortes discriminations sur le marché du travail tout comme les déséquilibres profonds du marché éducatif impactent négativement la demande d'éducation des jeunes de banlieue, ce qui met en danger notre potentiel de croissance.

  • 2 mai 2006

    Les quatre CGT

    Les quatre CGT

    Bernard Thibault a gagné : son document d'orientation a été adopté par le congrès de la CGT avec un score de 80%. La centrale de Montreuil poursuit ainsi sa mue, une mue engagée depuis plusieurs années dans la fureur et le bruit. Deux cruels désaveux ont provisoirement fragilisé la direction du syndicat en 2005 : lors de la campagne du référendum européen, la CGT s'était clairement prononcée pour le non, alors que Bernard Thibault avait proposé que le syndicat reste neutre ; lors du conflit de la SNCM, les marins avaient critiqué ses tentatives de négociation avec le gouvernement. Mais l'ambiance n’est plus la même, quelques jours après le recul du Premier ministre sur le CPE, perçu comme une victoire syndicale.