Gérard Grunberg edit

Politologue, directeur de recherche émérite au CNRS Écrivez à Gérard Grunberg
  • 14 septembre 2012

    La véritable feuille de route de Harlem Désir

    La véritable feuille de route de Harlem Désir

    Au-delà des péripéties de la désignation du futur Premier secrétaire, il faut analyser les vrais enjeux de la passation de pouvoir au Parti socialiste. La principale tâche d’un premier secrétaire, lorsque ce parti est au pouvoir, est non seulement de soutenir la politique du gouvernement mais surtout d’en expliquer et défendre les principales inflexions. Lionel Jospin dut expliquer le tournant de la rigueur en 1983, François Hollande dut soutenir en 2000 l’inversion du calendrier électoral, décidée par Lionel Jospin, qui officialisait la reconnaissance par le Parti socialiste de la primauté de l’élection présidentielle dans la Ve République. Harlem désir va devoir, lui, défendre le tournant européen qui est au fondement des déclarations récentes du président de la République. L’accord de François Hollande avec les dispositions du pacte budgétaire, qui représentent un pas supplémentaire vers un fédéralisme européen, fixe la véritable feuille de route du futur premier secrétaire.

  • 26 juillet 2012

    La polarisation de la société américaine

    La polarisation de la société américaine

    La dernière vague de l’enquête du Pew Research Center sur les valeurs des américains  fait ressortir une polarisation croissante de la société américaine qui se traduit par une distance de plus en plus grande entre électeurs démocrates et électeurs républicains. Les clivages partisans que l’on dit affaiblis en Europe redeviennent très prégnants aux Etats-Unis. A la veille des élections américaines cette réalité mérite d’être examinée de près.

  • 26 juin 2012

    Leçons des élections (fin)

    Leçons des élections (fin)

    Les résultats des élections de 2012 ont semblé renforcer la bipolarisation gauche-droite. Le Modem a sombré corps et biens, emportant avec lui les espoirs de ceux qui entendaient maintenir un centre indépendant. À gauche, les partis ont respecté leurs accords électoraux et les votants ont obéi à la vieille règle de la « discipline républicaine ». À droite, une bonne moitié des électeurs du Front national du premier tour des élections législatives a voté pour les candidats de l’UMP présents au second en l’absence de candidats frontistes. Et les sondages ont montré la disponibilité d’une grande partie de l’électorat UMP à passer une alliance avec le parti de Marine Le Pen. Face à une gauche unie, un bloc de droite a paru être en cours de constitution et c’est ce phénomène qui a retenu l’intérêt des observateurs. Pourtant, le triomphe de la bipolarisation est loin d’être aussi net qu’il le paraît, même si l’échec du Modem paraît consommé.

  • 12 juin 2012

    Leçons des élections (IV)

    Leçons des élections (IV)

    Le premier tour des élections législatives a confirmé la domination des deux grands partis de gouvernement sur le système politique français. Pour la troisième fois consécutive, ils ont rassemblé à eux deux près des trois quarts des suffrages exprimés et obtiendront plus de 90% des sièges au second tour de scrutin. La tentative des deux Fronts, celui de gauche et celui de droite, d’entamer ce duopole a été réduite à néant.

  • 23 mai 2012

    Leçons des élections (III)

    Leçons des élections (III)

    Les victoires présidentielles de François Mitterrand en 1981 et de François Hollande en 2012 se sont produites dans des conditions fondamentalement différentes. Deux mots suffisent pour résumer ces différences : globalisation et européanisation. En 1981, la gauche pouvait encore penser qu’il était possible d’aller à contre-courant de ces tendances profondes, c’est-à-dire de conserver une vision hexagonale de ses politiques. Les socialistes se méfiaient d’une Europe libérale qui les empêcherait d’appliquer leur programme et ils entendaient avancer seuls vers la rupture avec le capitalisme. Leur leitmotiv « changer la vie » exprimait la formidable ambition de transformation qui les animait. Dans un environnement caractérisé économiquement par la globalisation et idéologiquement par le néo-libéralisme, la gauche française entendait prendre une autre voie. En 2012, il en a été tout autrement.

  • 18 mai 2012

    Leçons d’une élection (II)

    Leçons d’une élection (II)

    L’élection de 2012 a confirmé que l’élection présidentielle demeurait plus que jamais l’élection phare en France. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit absolument décisive puisque dans notre régime largement parlementaire, le président ne peut être le véritable chef de l’exécutif que s’il dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale. Mais cette élection demeure pour les Français la consultation majeure. Ils l’ont montré par leur forte participation aux deux tours d’élection et notamment au second où plus de 80% des électeurs ont voté. Ce pourcentage est inférieur à celui de 2007, exceptionnellement élevé, mais dépasse légèrement ceux de 2002 et 1995, attestant que si crise de la représentation il y a, celle-ci épargne cette consultation. En outre, jamais la médiatisation de cette élection n’a été si importante, avec le développement des chaînes d’info et des réseaux sociaux et jamais les sondages d’opinion n’ont été aussi nombreux. De plus, avec l’innovation constituée par la primaire socialiste, jamais la campagne n’a été aussi longue. Faut-il en conclure que la présidentialisation du régime va se poursuivre ?

  • 10 mai 2012

    Leçons d’une élection (I)

    Leçons d’une élection (I)

    La victoire du candidat socialiste, si elle annonce une nouvelle alternance politique que les prochaines élections législatives devraient produire, ne semble pas devoir transformer profondément le système de partis issu des élections de 1981. Ce système, qui se caractérise par l’existence d’un duopole partisan pour le partage du pouvoir, devrait perdurer. Le PS et l’UMP demeurent les deux seuls partis à pouvoir remporter ce scrutin à quatre tours que constitue la succession de deux tours d’élections présidentielles et de deux tours d’élections législatives. La montée du FN peut-elle perturber cette logique ?

  • 23 avril 2012

    L’UMP en danger

    L’UMP en danger

    L’issue de l’élection présidentielle ne fait guère de doute ; François Hollande devrait être élu président de la République le 6 mai prochain. Mais le chemin de croix de l’UMP ne s’arrêtera pas là. Les élections législatives de juin pourraient être catastrophiques pour ce parti. En effet, le niveau atteint par le Front national à l’élection présidentielle, nationalement et régionalement, lui permettra de se maintenir au second tour de scrutin législatif dans un grand nombre de circonscriptions, donnant ainsi la victoire à la gauche.

  • 2 avril 2012

    Mélenchon : un danger pour Hollande ?

    Mélenchon : un danger pour Hollande ?

    Les intentions de vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon ont atteint 15%, après une progression spectaculaire ces dernières semaines. Elles traduisent la résistance en France de l’idéologie de gauche issue de la Révolution française mâtinée de marxisme. Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas proposé à ses partisans de reprendre la Bastille et de mettre fin à l’Ancien Régime ? Mais derrière la phraséologie révolutionnaire se pose la question de la place et du rôle du Front de gauche dans le paysage politique. Que signifie cette poussée aujourd’hui ?

  • 14 mars 2012

    La droite existe-t-elle encore ?

    La droite existe-t-elle encore ?

    Il y a en France deux grands partis et cinq électorats potentiels significatifs, mais y a-t-il encore une gauche et une droite ? La réponse à cette question est l’un des enjeux des prochaines élections. Pour ce qui est de la gauche, la réponse est aujourd’hui positive. Elle comprend deux électorats, l’un de gauche modérée, l’autre de gauche radicale qui, malgré leurs différences, se fondront dans l’électorat de François Hollande au deuxième tour de l’élection présidentielle à l’appel des organisations politiques qui la composent et qui ont passé entre elles des accords électoraux. Elle représente autour de 40% des suffrages exprimés, peut-être un peu plus à la veille de ces élections. Mais la droite existe-t-elle encore électoralement ? C’est toute la question.

  • 13 février 2012

    Sarkozy : le référendum comme projet de survie

    Sarkozy : le référendum comme projet de survie

    Nicolas Sarkozy a donc choisi son terrain, celui sur lequel il espère pouvoir trouver et exploiter à son avantage certains des clivages qui traversent le plus profondément la société française. Les sondages indiquent en effet que les questions de l’immigration et des modalités d’indemnisation des chômeurs divisent profondément l’opinion. Le président sortant a ainsi décidé de mener une campagne offensive en contraignant son adversaire principal à clarifier ses idées dans ces domaines.

  • 29 janvier 2012

    Du discours en politique

    Du discours en politique

    La politique est d’abord une activité belliqueuse. Comme la guerre, elle exige de ceux qui aspirent aux plus hautes responsabilités qu’ils possèdent un charisme, une capacité de leadership qui leur permettent à la fois de donner confiance à leurs troupes et de les mobiliser à la veille du combat. Le moyen le plus ancien et le plus efficace de montrer cette capacité est la harangue ou le discours. C’est par le discours que le chef, en s’adressant directement à ses troupes, peut s’imposer à elles et les mener au combat. C’est cette capacité qui semblait manquer ces derniers temps à François Hollande et qui provoquait un certain flottement chez ses partisans. Par un seul discours, celui qu’il a prononcé le 22 janvier dernier au Bourget, il a balayé les interrogations de son camp et assuré son leadership. Il est enfin apparu comme un chef.

  • 14 décembre 2011

    Nicolas Sarkozy peut-il être réélu ?

    Nicolas Sarkozy peut-il être réélu ?

    Depuis quelques semaines, Nicolas Sarkozy semble avoir rétabli une partie de sa position politique. Sa popularité s’est accrue. Il a rassemblé son camp après une période de cacophonie. C’est paradoxalement lui qui est à l’offensive et non l’opposition. Son omniprésence sur la scène européenne dans une crise majeure a renforcé sa crédibilité présidentielle. Son parti paraît moins pessimiste sur les chances du président d’être réélu et a lancé vigoureusement sa campagne électorale contre la gauche et son candidat. Il y a seulement deux mois, les chances de réélection de Nicolas Sarkozy semblaient très faibles. Aujourd’hui, sa défaite paraît moins assurée. Pour autant, les paramètres principaux de la prochaine élection présidentielle ne jouent pas en sa faveur. Le scenario de sa réélection n’est pas le plus probable.

  • 20 novembre 2011

    PS - Verts : l’étrange accord

    PS - Verts : l’étrange accord

    Le pataquès de l’accord entre le parti socialiste et le parti écologiste traduit une contradiction fondamentale sur la nature de leur parti que les socialistes n’ont toujours pas résolue et dont les effets se font de plus en plus dévastateurs. Ce parti est-il d’abord un parti parlementaire ou un parti présidentiel ? Certes, cette ambiguïté est d’abord le produit du régime lui-même. Mais les socialistes ont eux-mêmes contribué, par l’établissement du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral de 2002, puis par l’instauration d’une élection primaire ouverte pour la désignation de leur candidat à l’élection présidentielle, à la présidentialisation du régime ou au moins à l’adaptation à son caractère présidentiel. Dès lors les socialistes devraient enfin tirer les conséquences de cette logique présidentielle.

  • 11 novembre 2011

    Les Verts ne sont décidément pas mûrs!

    Les Verts ne sont décidément pas mûrs!

    La partie de bras de fer que le parti écologiste, EELV, a entamé avec le Parti socialiste risque fort de le conduire à Canossa. Une fois encore, les écologistes ont fait preuve de leur faible sens politique, ou plutôt de leur incapacité à savoir ce qu’ils veulent vraiment obtenir politiquement. Erreur d’appréciation à la fois sur l’état du rapport de force avec les socialistes et sur les intentions réelles de ces derniers, erreur d’appréciation ensuite sur les données politiques de la période. En posant une série d’ultimatums au PS, les écologistes n’ont pas mesuré que ce dernier n’était pas prêt à passer sous leurs fourches caudines. Du coup, ce sont eux qui risquent de passer sous celles du Parti socialiste.

  • 17 octobre 2011

    Les conséquences d’une victoire

    Les conséquences d’une victoire

    Plusieurs raisons peuvent être données à la nette victoire de François Hollande à la primaire socialiste, sans qu’il soit possible pour l’instant de les hiérarchiser : la posture de rassembleur du candidat désigné, son arrivée largement en tête au premier tour et les désistements en sa faveur justifiés par cet avantage, ou encore les dérapages de Martine Aubry dans son effort pour disqualifier la candidature de son concurrent. Toutes ces raisons ont dans doute leur part dans l’explication générale du phénomène. Mais il faut insister sur une autre raison : le positionnement politique de Martine Aubry et la manière dont elle a polarisé la campagne du second tour.

  • 10 octobre 2011

    Premières leçons des primaires

    Premières leçons des primaires

    Quoi qu’en dise la droite, les socialistes ont gagné leur pari. Pari difficile car l’enjeu n’était pas celui d’une élection présidentielle elle-même et, dans notre culture politique, il n’était pas certain que tant d’électeurs acceptent d’afficher leurs opinions politiques au moment de voter. Deux millions et demi de votants est dans ces conditions une véritable prouesse. Cela représente non pas comme le clame la droite 4% des électeurs, calcul qui n’a politiquement aucun sens, mais plus du quart des électeurs qui ont voté au premier tour de l’élection présidentielle de 2007 pour la candidate socialiste, Ségolène Royal. Rappelons en effet que de tous les partis de gauche et écologiste, seul le parti radical de gauche avait appelé à voter à cette primaire. C’est donc un chiffre considérable. Il montre aussi que tous ceux qui, à gauche, condamnaient cette primaire au motif qu’elle signait la fin de la vraie démocratie, celle des partis, et qui estimaient qu’il s’agissait d’une illusion démocratique n’ont pas compris l’envie de participation politique de nombreux citoyens.

  • 27 septembre 2011

    Du Sénat à l’Élysée ?

    Du Sénat à l’Élysée ?

    La conquête du Sénat par la gauche est un événement politique de première importance. Il doit être interrogé de trois manières. Ce qu’il traduit de l’évolution du corps électoral français, ce qu’il nous dit des élections de l’an prochain, et ce qu’il change dans la perspective d’un prochain exercice du pouvoir de la gauche.

  • 1 septembre 2011

    Primaires : pourquoi Hollande est-il favori ?

    Primaires : pourquoi Hollande est-il favori ?

    La primaire socialiste peut encore réserver des surprises et nul ne peut affirmer avec certitude quels seront les deux candidats qualifiés pour le second tour. Mais si ces deux candidats étaient Martine Aubry et François Hollande, ce que les sondages indiquent aujourd’hui, ce dernier devrait logiquement l’emporter. Pour une raison simple : dans une élection présidentielle, la logique de la personnalisation l’emporte sur la logique partisane et il est peu probable que cette loi ne s’applique pas aussi à la primaire socialiste.

  • 23 juin 2011

    Primaires socialistes : le mauvais combat de l’UMP

    Primaires socialistes : le mauvais combat de l’UMP

    L’UMP s’est finalement décidée à déclencher une offensive généralisée contre les primaires socialistes. Ce faisant, les partisans du président de la République reconnaissent que ces primaires les inquiètent au plus haut point. Il est vrai qu’ils ont des raisons d’être inquiets mais leur attitude, qui risque d’apparaître comme une tentative de faire obstacle à la démocratisation du processus de désignation des candidats à l’élection présidentielle, pourrait leur revenir en boomerang.