• 29 juin 2006

    EADS, cloué au sol

    Qu'on ne s'y trompe pas, la crise actuelle n'est pas pour l'essentiel une crise industrielle. Les retards, les dépassements, les ajustements… sont le lot commun des nouveaux programmes dans l’aéronautique. Du reste Boeing en connaît en ce moment avec son « Dreamliner » : l'usage massif de composites dans la structure et de dispositifs électroniques innovants créent des problèmes de coût et de délais. Cette crise n'illustre pas davantage la cupidité devenue commune de nombre de dirigeants du Cac 40. Après tout, le délit d’initié n'a jamais tué un groupe industriel et le problème sera vite oublié quand M. Forgeard aura démissionné. Ce n'est pas enfin une crise de l'intégration européenne. L'aventure Airbus a toujours été pour l'essentiel franco-allemande et intergouvernementale. Autant il était abusif de faire d’EADS l'étendard des politiques communautaires, autant il est injuste de faire de l'Europe un bouc émissaire. La crise est bien plus sérieuse, elle trouve sa source dans les conditions mêmes qui ont présidé à la naissance d'EADS. Elle est le résultat d’une combinaison, vouée à l’échec dès l’origine, de volontarisme politique en industrie, de bricolage actionnarial et d’interventionnisme présidentiel.

  • 26 juin 2006

    L'euro-révisionnisme

    Dans son discours d'Agen, Nicolas Sarkozy a dit des choses très justes sur l'Europe. Il a fustigé le « court-termisme » du Pacte de stabilité et suggéré qu'il pouvait y avoir de bons déficits publics dès lors qu'ils permettaient de financer réformes et croissance. Mais sur l'Euro et la BCE, ses remarques sont pour le moins contestables. Il dénonce l'euro fort, propose de rediscuter le statut et les objectifs de la BCE, et reprend à son compte la légende selon laquelle l'introduction de l'euro « s'est bel et bien accompagnée d’une forte hausse du coût de la vie et d’une chute du pouvoir d’achat ».

  • 23 juin 2006

    Italie : la question énergétique

    Italie : la question énergétique

    La fusion Suez-Gaz de France a été envisagée au nom du patriotisme économique pour contrer les ambitions de l'italien Enel. Mais celui-ci est-il un champion du libéralisme ? Un rapide tour d'horizon des marchés de l’énergie dans la péninsule révèle au contraire la persistance de pratiques monopolistiques et de rentes de position aussi bien dans le secteur de l'électricité que dans celui du gaz. Le prix de l'électricité est en effet l’un des plus élevés d'Europe, et en ce qui concerne le gaz nous avons traversé un hiver à risque, grâce au monopole national qui bloque le développement des infrastructures. L'Italie ne peut se permettre une telle situation ; mais le récent projet de loi du ministre Bersani ne dessine que de vagues orientations aux allures de chèque en blanc, faute de préciser ses ambitions. Qu'est-ce qui servirait le mieux le pays ?

  • 5 juin 2006

    Pourquoi Bruxelles ne réglementera pas les lobbies

    Le 3 mai dernier le Commissaire européen en charge de l'administration et de la lutte anti-fraude rendait public un Livre Vert sur la transparence. Loin de mettre à distance pouvoirs publics et lobbies, ce document confirme au contraire l'étroite dépendance de la Commission européenne à l'égard des groupes d'intérêt qui l'environnent. Un an après avoir fait trembler le landerneau bruxellois avec des annonces musclées sur le lobbying, le Commissaire a donc choisi de temporiser.

  • 9 mai 2006

    Italie: ce qui attend Prodi

    Italie: ce qui attend Prodi

    Comme tous autres pays européens, l’Italie est confrontée à la mondialisation et au vieillissement de sa population. Sauf que sur ces deux plans sa situation est particulièrement délicate. Sa spécialisation commerciale quelque peu obsolète la rend particulièrement vulnérable à la concurrence des pays émergents et aucun autre pays ne va autant vieillir durant la première moitié de ce siècle. Pour faire bonne mesure, l’économie italienne est plombée par une dette publique qui représente 106% de son PIB. Tout ceci va se traduire inéluctablement par d’importants transferts de revenus. En fait, le processus est déjà en route, et les tensions sociales qui s’accumulent vont s’exacerber dans les années à venir. Face à un tableau si peu réjouissant, que va pouvoir faire le nouveau gouvernement italien ?

  • 6 mai 2006

    Diplômés du monde entier : rejoignez-nous !

    Diplômés du monde entier : rejoignez-nous !

    La nouvelle loi allemande sur l’immigration a été conçue en partie pour attirer des immigrants très qualifiés. Pourtant, en 2005, moins d’un millier d’entre eux sont venus en Allemagne. La France débat actuellement d’une loi qui prévoit elle aussi de favoriser une immigration très qualifiée. Mais ses dispositions sur « les compétences et les talents » ne semblent pas plus audacieuses. Il est pourtant temps de dire aux jeunes diplômés du monde entier : bienvenue en Europe.

  • 29 avril 2006

    Le second tour de la directive Bolkestein a commencé

    La Commission doit adopter ce 26 avril 2006 une communication sur "les services sociaux d'intérêt général dans l'Union européenne". Le lien avec la directive "services" peut a priori ne pas apparaître évident. Pourtant, la question de son champ d'application est tout aussi sensible, voire davantage crucial pour l'avenir des services publics en général.

  • 28 avril 2006

    Pourquoi l'Italie n'abandonnera pas l’euro

    Pourquoi l'Italie n'abandonnera pas l’euro

    L'Italie est-elle condamnée à sortir de l'euro ? Deux scénarios semblent possibles : soit un gouvernement italien décide unilatéralement d'abandonner l'euro, soit les marchés forcent l'Italie à sortir de la monnaie unique. La probabilité de voir se réaliser l’un de ces scénarios est très, très faible, aussi bien à moyen qu'à long terme.

  • 27 avril 2006

    Les dépossédés : comment on prive les générations futures de leurs revenus

    Depuis le début des années 1990, l'économie britannique a fait mieux que celles de la France, de l'Allemagne et de l'Italie. Entre 1991 et 2005, le produit intérieur brut par personne à parité de pouvoir d'achat a augmenté de 33% au Royaume-Uni, considérablement plus vite qu'en France (20%), en Italie (17%) et en Allemagne (16%). Selon les derniers pronostics, on ne s'attend pas à ce que la situation change en 2006. C'est un renversement remarquable par rapport à la période 1950-73, quand les trois plus puissantes économies continentales faisaient systématiquement mieux que le Royaume-Uni. Ce renversement est particulièrement douloureux pour les jeunes générations.

  • 21 avril 2006

    L'Espagne malade de l'euro ?

    L'histoire de l’union économique et monétaire a pour l'instant été marquée par deux événements opposés : le spectaculaire regain de compétitivité d’un pays "de base", l'Allemagne, qui était entré dans l'UEM avec un taux de change réel surestimé du fait de l'unification, et la perte tout aussi impressionnante de compétitivité de certains des pays "périphériques", comme le Portugal ou l'Espagne, dont la balance des paiements affiche désormais de très importants déficits. La route allemande a été la modération salariale. Depuis 1996, quand on a estimé que le coût du travail en Allemagne était surévalué de 20%, l'inflation salariale a régulièrement été en dessous de la moyenne européenne. Au bout de plusieurs années, l'Allemagne avait récupéré son avance sur ses concurrents et elle gagne à présent des parts de marché à l'export – au détriment parfois de ses voisins européens, avec les conséquences que cela implique pour le cycle économique de l’Union.

  • 12 avril 2006

    Non monsieur Timbeau, l'Europe a bien un problème d'offre

    La thèse de Xavier Timbeau est qu'en se lançant dans un effort de réduction des coûts, l'Allemagne a non seulement vu sa croissance ralentir, mais a déprimé l'ensemble de l'économie européenne. Son pronostic est que d'autres pays suivront la même démarche, notamment la France et l'Italie. Sa conclusion est que « le gain de compétitivité par les coûts ne fonctionne pas pour produire la croissance ». Sa contre-proposition subliminale est qu’une bonne relance par la demande vaut mieux qu'une réforme de l'offre. S'il pouvait avoir raison…

  • 12 avril 2006

    La course déprimante à la compétitivité

    Depuis 2000, l'Allemagne fait tout pour réduire le coût du travail. Réforme de la protection sociale, réforme de l'allocation chômage, réforme du marché du travail avec l'introduction des mini-jobs, marginalisation des accords de branches dans les négociations salariales, politiques budgétaires restrictives et, malgré cela, réductions d’impôts pour les sociétés. La nouvelle division du travail entre les vieux pays de l'euroland et les anciens de l'est contribue à alimenter, particulièrement en Allemagne, la pression concurrentielle.

  • 12 avril 2006

    Europe: l'impôt sur les sociétés est-il condamné ?

    Europe: l'impôt sur les sociétés est-il condamné ?

    La possible harmonisation des bases de l'impôt sur les sociétés était à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Finances de l'Union européenne (UE), vendredi et samedi derniers à Vienne. Elle a donné lieu à une passe d'armes entre partisans et adversaires d'une telle harmonisation. Les crispations ont pour origine l'intensification de la concurrence fiscale entre Etats membres, induite notamment par l'élargissement de 2004.

  • 12 avril 2006

    Un euro fort ne favorise pas les réformes

    La récente appréciation de l'euro vis-à-vis du dollar résulte d'un double changement de 'rating' sur les marchés des changes : pessimisme accru quant aux perspectives à court terme de l'économie américaine, et optimisme renforcé quant à la croissance européenne à moyen terme. Cela soulève deux questions. L'une conjoncturelle : l'euro continuera-t-il à être la seule variable d'ajustement face à la dépréciation cyclique du dollar ? L'autre structurelle : un euro fort est-il un moyen de pression efficace pour les réformes de fond dont l'Europe a tant besoin ?

  • 8 avril 2006

    Pour les marchés financiers l'Europe n'est plus un espace pertinent

    Nombreux étaient ceux qui pensaient que l'introduction de l'euro avait sonné le glas des marchés nationaux en Europe, et obligerait à organiser les structures du marché des capitaux à l'échelle du continent. Mais l'offre du Nasdaq sur le London Stock Exchange nous ramène à une nouvelle réalité : celle d'un marché financier qui a déjà dépassé l'étape européenne pour devenir résolument transatlantique. Le retrait de la proposition américaine le 30 mars n'y change rien : l'important, c'est qu'une telle offre est devenue tout à fait envisageable.

  • 5 avril 2006

    Italie: une grenouille dans l'eau froide

    Italie: une grenouille dans l'eau froide

    En 15 ans, la part de l'Italie dans les exportations mondiales a perdu un point, passant de 4 à 3%. Depuis le début de l'union monétaire, le volume des exportations italiennes est resté pratiquement plat, alors qu'il augmentait de 25% en Allemagne, de 20% en Espagne et de 10% en France. C'est le résultat d'une compétitivité qui se dégrade rapidement, un problème sérieux pour un pays où, comme en Allemagne, les exportations ont traditionnellement été le principal moteur de la croissance. En 2005, après avoir atteint une moyenne de 1% pendant les quatre dernières années, la croissance est restée au point mort.

  • 3 avril 2006

    L'Europe a besoin d'un accès libre aux pipelines russes

    La Russie a choisi de faire de la sécurité énergétique le thème dominant du sommet du G-8 qui aura lieu mi-juin à Saint-Pétersbourg. C'est un bon choix. La demande mondiale de pétrole s'élève désormais à presque 85 millions de barils par jour. Les pessimistes soutiennent que la production pétrolière mondiale est à son pic, alors que les optimistes suggèrent qu'en 2020 elle peut atteindre 105 millions de barils ; mais cela ne fait pas grande différence.

  • 22 mars 2006

    Les dessous du patriotisme économique

    Les hommes politiques européens ne sont pas toujours cohérents. Ils passent leur temps à rivaliser pour attirer les capitaux étrangers. Et puis, de temps à autre, ils luttent activement contre ces mêmes capitaux. Les événements récents ont donné une nouvelle illustration de ce phénomène, avec un gouvernement français qui essaie d'empêcher une grande entreprise de passer entre des mains étrangères, tout en expliquant que la France n'est pas protectionniste, puisqu'elle reçoit beaucoup d'investissements directs. Ce n'est d'ailleurs qu'un exemple, car beaucoup d'autres Etats se comportent de la même façon. Comment juger ce comportement apparemment incohérent ?

  • 20 mars 2006

    A l'OMC l'Europe peut encore (un peu) bouger...

    L'agriculture reste un obstacle à la conclusion d'un accord multilatéral sur le commerce dans le cadre du cycle de Doha. Les positions se sont beaucoup rapprochées en un an, mais il est politiquement très difficile pour les pays membres de réduire les derniers écarts. A ce stade, chaque concession unilatérale semble immédiatement intégrée par les autres membres, et les compteurs de la négociation remis à zéro. Cela encourage à ne se découvrir qu'en dernier, au risque d'un échec collectif. L'Union Européenne ayant mis sur la table une offre plutôt ambitieuse dès octobre 2005, la partie est aujourd'hui difficile pour le négociateur européen Peter Mandelson.

  • 10 mars 2006

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    Allemagne: six bonnes raisons de croire à l’arrivée du printemps

    L'Allemagne est désormais sur la bonne voie. Les réformes de l'administration Schröeder ont marqué une rupture dans la politique économique et celle dans la politique de l’emploi. Les clés de cette ambitieuse politique de l’emploi se trouvent dans la nature préventive des programmes, leur évaluation permanente, une attention nouvelle portée au placement des chômeurs, des contacts plus étroits avec les entreprises, un système d’incitations plus efficace et l’arrêt des programmes qui ne marchaient pas. Non moins décisive fut la décision de conditionner indemnités de chômage et prestations sociales à l’exigence de reprendre un emploi quand l’occasion s’en présente. Ce processus a été accompagné par des baisses d’impôts substantielles, une nouvelle loi sur l’immigration, un allongement des heures d'ouverture des magasins, une réglementation plus libérale de l’artisanat et le retour de la notation négative des élites académiques.