La candidature Hollande et l’avenir du PS edit
Au congrès de Poitiers le PS a donné quitus au duo Hollande-Valls pour continuer à mener jusqu’à la fin du quinquennat la politique sociale-libérale bien tempérée qu’ils ont adoptée. Qu’en sera-t-il ensuite de l’orientation idéologique du PS ? Cela dépend beaucoup du résultat de l’élection présidentielle et de savoir si François Hollande sera ou non candidat.
Les chances de François Hollande d’être réélu sont très faibles. Trois facteurs y concourent de manière déterminante. Tout d’abord l’absence de résultats économiques. Même si le chômage baissait en fin de quinquennat, l’image de François Hollande aura été trop longtemps associée à celle de l’absence de résultats pour qu’il redevienne crédible. Ensuite, Hollande n’est pas le meilleur communicant de tous les présidents de la V° République. Son manque de charisme constitue un réel handicap. Enfin, depuis que la France s’est installée dans le chômage structurel, la loi de l’alternance se vérifie à chaque élection. Depuis 1981, aucune équipe gouvernementale sortante n’a réussi à être reconduite lors d’élections nationales. Il y a eu des alternances gauche-droite et des alternances droite-droite (Chirac-Balladur en 1995, Sarkozy-Chirac en 2007). Hollande est certainement le moins bien placé pour faire mentir cette loi.
Sans doute la popularité de son rival probable, Nicolas Sarkozy, est-elle, elle aussi, écornée. La France a déjà connu cette situation. En 2002, 59% des Français ne souhaitaient pas Jospin comme président. Mais la même proportion de 59% ne voulait pas non plus de Chirac comme président. A la fin il a bien fallu pourtant que l’un des deux l’emporte. Si, en 2017, Hollande et Sarkozy sont présents, c’est le moins abimé qui l’emportera. La victoire de Sarkozy ne sera sans doute pas aussi flamboyante que celle de 2007, mais selon toute vraisemblance c’est lui qui sortira vainqueur.
L’élection présidentielle aura des conséquences sur le gouvernement de la France. Elle aura aussi des conséquences sur l’avenir du PS. Une défaite de Hollande donnera des arguments à la gauche du PS pour dire qu’il a fait fausse route et que le renouveau du PS passe par le retour aux fondamentaux idéologiques. Il est temps de reparler d’idéologie, a déclaré tout récemment Benoit Hamon. Les frondeurs auront alors de bonnes chances de rallier aux thèses étatistes traditionnelles de la gauche une majorité de militants. Le PS pourrait alors connaitre le sort du Parti Travailliste anglais qui, après l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, a campé pendant 18 ans dans l’opposition dans la posture de l’idéologie de gauche traditionnelle, de 1979 à 1997, jusqu’à ce qu’il change d’orientation politique avec Tony Blair.
Si François Hollande décide de se retirer et que Manuel Valls est la candidat socialiste, celui-ci a une toute petite chance de gagner et une assez grande chance de faire un score honorable. Cela lui donnerait une aura certaine auprès des militants socialistes et une grande chance de gagner le congrès socialiste d’après la défaite de 2017. L’enjeu idéologique est extrêmement important. Leader du parti socialiste, Manuel Valls serait alors en mesure de porter une parole novatrice et de ne pas se contenter d’un socialisme ayant pour programme de faire payer les riches et d’augmenter les subventions étatiques.
Assurément il faut se méfier des sondages dont les résultats, d’une année sur l’autre, peuvent être extrêmement fluctuants. Ils dépendent beaucoup de la conjoncture politique. Néanmoins on a pu observer récemment un certain nombre de mouvements de l’opinion allant dans le sens de l’adhésion à la politique de compétitivité et à l’allègement de l’intervention directe de l’Etat. L’expérience semble montrer que l’action et la parole politique jouent un grand rôle dans ces évolutions. Le changement politique qu’a constitué la nomination de Manuel Valls comme premier ministre, puis celle d’Emmanuel Macron comme ministre de l’Economie, a très certainement contribué à faire bouger l’opinion. Si l’actuel premier ministre devient le leader du PS en 2017 il pourra continuer à porter un discours novateur et sera en bonne position pour faire jouer l’alternance en 2022. Si, en revanche, c’est la gauche du parti qui l’emporte, le PS risque fort de retomber – pour combien de temps ? – dans son antique discours étatiste, qui permet d’assurer des positions de pouvoir au sein de la hiérarchie du parti mais pas de résoudre les problèmes de la France, voire, à l’instar du parti communiste ou du parti radical qui n’ont pas su changer, de s’éteindre comme une étoile finissante.
Quel sera le choix de François Hollande ? Choisira-t-il de tenter la très faible chance qu’il a de gagner l’élection ? Ou choisira-t-il, faisant abnégation de sa personne, de donner au PS la chance d’opérer son renouveau idéologique ?
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