Note sur la déroute électorale de LFI-NFP dans l’Isère edit

20 janvier 2025

Le second tour de l’élection législative partielle de la première circonscription de l’Isère a été une véritable déroute de la France insoumise et, partant, du Nouveau Front Populaire. La candidate d’Ensemble, Camille Gaillard-Minier, a remporté largement la circonscription détenue par LFI. Elle dépasse au second tour, avec 64%, l’ensemble des électorats du premier tour des trois candidats de LR, du RN et du centre qui avaient appelé à voter pour elle au second tour (62,2%). Compte tenu de la stabilité de la participation d’un tour à l’autre, on peut faire l’hypothèse que les électeurs ont massivement suivi les consignes de leurs candidats, établissant un barrage contre LFI. Au premier tour, le candidat de ce parti, Lyess Loufok, avait déjà perdu 11,9 points de pourcentage par rapport au score du candidat de LFI en juin dernier. Au second, il en perd 6,7 par rapport au second tour de juillet. L’ampleur de cette défaite fait de cette élection partielle un événement de portée nationale au moment où le NFP se défait au niveau national et où Jean-Luc Mélenchon vient d’en exclure le PS. Il peut être considéré comme une grave défaite personnelle du dirigeant de LFI.   

Tableau 1. Isère 1ère circonscription, résultats des seconds tours des élections générales de 2024 et de l’élection partielle de 2025 (%)

Tableau 2. Isère 1ère circonscription, résultats des premiers tours des élections générales de 2024 et de l’élection partielle de 2025 (%)  

C’est la crédibilité électorale du NFP elle-même qui est atteinte. Comme les sondages le montraient dans la période récente, LFI et son chef sont rejetés massivement par l’électorat. Certes, il ne s’agit que d’une élection partielle et la participation a été très faible, mais le fait que les électeurs de tous les candidats du centre, de la droite et de l’extrême-droite du premier tour aient suivi leurs appels à voter pour la candidate d’Ensemble au second tour montre que, parmi les différents clivages qui structurent aujourd’hui l’électorat, celui qui oppose LFI aux formations politiques du centre à l’extrême-droite est devenu l’un des principaux. Rappelons que lors de l’élection législative partielle de décembre 2024 dans la première circonscription des Ardennes, le candidat de LFI avait perdu près de 7 points par rapport aux élections générales précédentes.

Une hypothèse, qu’on ne peut confirmer en l’absence de sondages de sortie des urnes mais qui mériterait d’être explorée, est qu’une partie des électeurs socialistes ayant soutenu le candidat NFP au premier tour ne se soient pas mobilisés en faveur de ce candidat au second tour, voire qu’ils aient voté contre lui. Dans le contexte particulier de cette élection, contexte marqué par de fortes tensions entre les partis de gauche sur la question de la censure du gouvernement Bayrou et par les déclarations Jean-Luc Mélenchon excluant le PS du NFP, cela signalerait que les électeurs de gauche modérée ne sont pas prêts à suivre LFI dans sa stratégie de chaos menant à une présidentielle anticipée. L’union de la gauche reste-t-elle possible dans ces conditions ? À tout le moins, deux faits apparaissent : le premier est que la performance électorale d’une gauche unie reste faible, le second que le leadership de LFI grève cette performance : il peine à mobiliser son propre camp, mais réussit pleinement à mobiliser le camp adverse, et même au-delà.

Il faut souligner par ailleurs une autre évolution sensible, à cette élection partielle comme à celle des Ardennes, la forte progression de LR : +10 points dans l’Isère et +13 points dans les Ardennes.

Enfin il faut noter qu’en Isère, la somme des deux électorats de LFI-NFP et du RN est passée au premier tour de scrutin, par rapport aux élections générales de juin, de 58,4% à 39,4%. Même s’il faut prendre en compte la dynamique particulière d’une élection partielle et notamment une participation plus faible, ce différentiel de près de vingt points est significatif. Leur alliance objective pour censurer le gouvernement de Michel Barnier ne semble pas avoir gagné le soutien des électeurs.