Monique Dagnaud edit

Sociologue, directrice de recherches à l'EHESS Site personnel de l'auteur Écrivez à Monique Dagnaud
  • 10 octobre 2009

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Presse : le piège terrible de la gratuité

    Sale temps pour la presse. S’installer devant son café le matin en dépliant son journal est devenu un geste rustique. Au même moment, des millions de Français ouvrent leur ordinateur, et surfent de site en site. Pourtant, l'« horreur économique » n'est pas loin dès lors que les gains économiques des sites Internet ne compensent pas ou très mal les pertes de ressources du papier. Un effet de ciseau diabolique.

  • 9 juillet 2009

    Hadopi et utopies

    Hadopi et utopies

    Du groupe de rap IAM au chanteur Bénabar, ils n’en reviennent pas. Que l’on puisse télécharger illégalement leurs chansons, que l’on trouve normal de ne pas rémunérer leur travail, ces artistes engagés en ont le souffle coupé. « J’ai conscience qu’il y a des zones d’ombre dans cette loi. Mais il faut bien quelque chose pour réguler Internet. C’est affligeant de passer pour un mec de droite que de dire cela ! Réguler, c’est de gauche ! », s’exclame Bénabar à propos de la loi Hadopi sur Rue89. Un coup de massue supplémentaire leur tombe sur la tête : les sénateurs socialistes qui, contrairement à leurs collègues de l’Assemblée Nationale, avaient voté la première version de la loi, n’ont pas soutenu Hadopi 2, jugée « inutilement répressive ». Le débat véhément qui entoure ce projet conduit le béotien de surprise en surprise et le désarroi des artistes s’accroît face à des passions qui paraissent démesurées. Ni le dispositif juridique (commun avec d’autres pays), ni la dimension économique (un problème de réactivité commerciale) ne suffisent à expliquer le déchaînement des affects autour de Hadopi. C’est du côté des utopies politiques qu’il faut porter le regard pour comprendre la radicalité des réactions.

  • 25 mai 2009

    L’état du cinéma

    L’état du cinéma

    Va-t-on encore au cinéma, alors que nos écrans domestiques peuvent accueillir tous les films de la planète ? En fait, la sortie cinéma n’est pas en voie de disparition, mais de réorganisation. Globalement, elle connaît un certain tassement. Rituel de la jeunesse dans les années 1990, elle mobilise aujourd’hui les diverses générations. Que révèlent les données mondiales sur le « cinema paradiso » (Observatoire européen de l’audiovisuel, 2009) ?

  • 28 avril 2009

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    L’histoire l’enseigne : nouveaux médias et utopies sociales ont partie liée. Il y a trente ans la France se passionnait pour les radios libres. Les plaidoyers étaient vibrants : les émetteurs répondaient aux attentes de la jeunesse et à son idéal de liberté, son goût pour l’échange, son appétence pour de nouvelles expressions culturelles etc. C’est en tout cas ce que l’on croyait… avant que ces radios soient happées par les lois du marché. Le même destin n’attend-il pas le Net ?

  • 10 avril 2009

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Aux dernières nouvelles, Hadopi aurait coulé, mais ne serait pas encore noyée. Cette loi qui vise à imposer une " riposte graduée " au téléchargement illégal de musiques et de films sur Internet navigue depuis des mois comme un radeau de la méduse. Face à ce projet la riposte des internautes n'est en rien graduée. Elle est cinglante. Aucune surprise : à chaque tentative d'introduire de la régulation dans la Toile (protection des enfants, régulation de la publicité et maintenant téléchargement illégal), l'armée des fournisseurs d'accès, des hébergeurs et des internautes avance en front uni. Les arguments se répètent : toute intrusion du Web est attentatoire aux libertés (" une loi qui fait fliquer tout ce que vous faites sur Internet ", dit un contempteur de Hadopi), vouée à l'échec car aisément déjouée par la technique, ruineuse pour l'État qui devra la faire respecter. Mais le plaidoyer qui enrubanne fastueusement tous les autres, c'est le tort porté à la jeunesse. Les jeunes, enthousiastes d'un Internet aux contenus libres et gratuits, forment une bastille que nul politique ne saurait raisonnablement affronter.

  • 10 mars 2009

    Quand TF1 perd ses couleurs

    Quand TF1 perd ses couleurs

    Une étude prospective publiée par le CSA en février sur l’évolution du marché publicitaire encouragerait, timidement, à l’optimisme pour le devenir du géant français de l’audiovisuel. Les recettes disparues de France-Télévisions, entre 200 et 400 millions selon les estimations, iraient intégralement dans la besace des chaînes privées, grâce à une réglementation favorable (merci au décret du 19 décembre 2008) et à l’attractivité de l’auditoire de la télévision privée pour les annonceurs (public plus jeune que celui de France-Télévisions). Les mauvais résultats de TF1 en 2008, baisse de 3 % des recettes publicitaires, pourraient n’avoir été que passagers. Mais les résultats de janvier 2009 (-19 % de recettes publicitaires par rapport à janvier 2008) et le verdict du Palais Brongniart (la capitalisation boursière de M6 dépasse aujourd’hui celle de TF1) laissent entrevoir un avenir sombre pour la chaîne. Risquons un pronostic.

  • 20 février 2009

    Slumdog millionaire: une polémique indienne

    Slumdog millionaire: une polémique indienne

    Le 22 janvier dernier, la sortie indienne du film Slumdog millionnaire de Danny Boyle a déclenché une bourrasque médiatique. Tournée à Mumbai, l’histoire des trois gamins du bidonville de Dharavi envahit les écrans. À l’heure d’une mondialisation avancée et des effets sociaux de la crise économique, la question de la pauvreté est remise sur scène.

  • 5 décembre 2008

    La pauvreté: spectacle saisonnier, fléau endémique

    La pauvreté: spectacle saisonnier, fléau endémique

    On a longtemps cru que, croissance des richesses collectives aidant, la pauvreté se résorbait. Dotée d’un généreux système de redistribution, la France n’est d’ailleurs pas si mal placée parmi les pays européens. Mais tous les hivers, des associations comme Les Restos du cœur ou le Secours catholique tirent la sonnette d’alarme et signalent la déferlante des demandes d’assistance qui convergent vers elles. Qui croire? Que faire?

  • 26 novembre 2008

    Télévision publique: le retour de l’Etat culturel

    Télévision publique: le retour de l’Etat culturel

    Et bien, sa réforme de l’audiovisuel public, Nicolas Sarkozy va la faire, et ce dans l’épure de ses diverses déclarations sur la culture télévisuelle. Le choix présidentiel se lit ainsi : exit la télévision des producteurs indépendants et l’esprit des décrets Tasca ; impasse sur la « télévision du public » de type BBC ; pleins feux sur l’Etat culturel. Cette réforme controversée mérite qu’on fasse la part de ce qu’elle comporte de nostalgique et de ce qu’elle comporte d’anticipateur sur les évolutions médiatiques.

  • 16 juillet 2008

    Desperate French TV

    Desperate French TV

    Alors que les chaînes publiques affrontent un avenir erratique, un autre coup de poignard frappe l’audiovisuel français. En 2007, pour la première fois sur nos écrans, les séries américaines emportent massivement l’adhésion du public et devancent les séries hexagonales. La fiction télévisée, genre noble de la télévision et fleuron de la politique de l’exception culturelle, voit sa légitimité ébranlée.

  • 2 juin 2008

    Sarkozy, Copé, la télé et la publicité…

    Sarkozy, Copé, la télé et la publicité…

    Pour financer leur puissant pôle de télévision publique, les Anglais, les Danois, les Allemands s’acquittent d’une redevance qui tourne autour de 200 euros annuels. La flamboyante décision de Nicolas Sarkozy du 8 janvier 2008, « France Télévisions sans publicité», aurait pu s’arrêter là : au modèle des pays du nord. Sereinement. Et bien non. C’était compter sans le génie français. Qui a délégué sa réflexion à la Commission Copé.

  • 19 mai 2008

    Géopolitique du cinéma

    Géopolitique du cinéma

    Le cinéma prospère. Federico Fellini prophétisait sa destruction par les canons de la télévision. Aujourd’hui, cette dernière l’a entraîné dans une alliance et le 7e art ne cesse d’affirmer sa vitalité. De plus en plus de pays participent au tourbillon des industries de l’image. Cette économie cherche d’abord une rentabilité sur les marchés nationaux. Mais aussi, avec un bonheur inégal, elle vise à conquérir la planète, le jeu de baccara du cinéma se déroulant sur un tapis mondial. Les données réunies par l’Observatoire européen de l’audiovisuel à l’occasion du festival de Cannes témoignent de ces tendances.

  • 8 mai 2008

    Sarkozy et la télévision publique

    Sarkozy et la télévision publique

    Sur l'audiovisuel, le président est pour le moment un grand réformateur en sursis. La suppression annoncée de la publicité sur les chaînes publiques aura-t-elle lieu ? Pour s'en faire une idée, il faut se glisser derrière le rideau de la Commission Copé.

  • 4 mars 2008

    Menaces sur la télévision publique ?

    Menaces sur la télévision publique ?

    Nicolas Sarkozy envisage de supprimer la publicité sur les chaînes publiques : immédiatement la France se prend de passion pour ces mal aimées. En un tournemain France 2 et France 3 se sont muées en un patrimoine national, ultime rempart contre les invasions barbares de la télévision commerciale. La question de la place de la télévision publique dans le PAF est reposée. Que faut-il en penser ?

  • 12 janvier 2008

    Jeunes: la déprime hexagonale

    Jeunes: la déprime hexagonale

    La valeur qui tisse le lien social, la confiance que l'on accorde à soi et aux autres, s'est comme évanouie chez les jeunes Français. Tel est le constat que tire une étude de comparaison internationale menée par la Fondation pour l'innovation politique sur l'attitude des 16-29 ans face à leur avenir.

  • 27 octobre 2007

    Du culte du patrimoine au culte de l'amateur

    Du culte du patrimoine au culte de l'amateur

    Le 1er août 2007, Nicolas Sarkozy a adressé à Christine Albanel une feuille de route pour une rénovation de la politique culturelle. Le texte aborde maints sujets, mais il s'affirme d'abord comme un plaidoyer pour enrayer l'échec de la démocratisation des arts cultivés. Il s'agit d'en élargir la diffusion, notamment favoriser l'accès aux œuvres de l'esprit par la médiation audiovisuelle et par les réseaux numériques, et de sensibiliser davantage les jeunes grâce au développement de l'enseignement culturel et artistique - une voie ouverte par la gauche et refermée à l'ère chiraquienne. La gratuité des musées et des sites à haut contenu culturel pose une mesure-phare. Certains enseignants et intellectuels ont dû jubiler secrètement : depuis les années Lang, ils dénonçaient le relativisme culturel et la part belle dévolue à une conception anthropologique de la culture (ensemble qui balayerait du patrimoine national à l'art culinaire et à la mode). Retour aux fondamentaux du ministère de la Culture. Pourquoi pas ? Et pourtant, le volontarisme " tout pour le patrimoine " laisse songeur, si l'on examine les résultats fournis par une étude du BIPE : " Approche générationnelle des pratiques culturelles et médiatiques ".

  • 5 octobre 2007

    Web 2.0 : seuls, mais ensemble

    Web 2.0 : seuls, mais ensemble

    A vingt ans, impossible d'être solitaire, sous peine d'être tenu pour un inconscient qui handicape son avenir. " Il faut être socialisé ", affirme une société habitée par les vertus de la communication. Dans cette période de la vie où les contraintes sont théoriquement moins pesantes, il est bienvenu de se construire, de s'expérimenter dans des relations amicales ou amoureuses. Les autres, c'est d'abord les copains de classe ou les voisins, mais pas uniquement ; c'est aussi ceux que les sorties, les voyages, les rencontres posent sur votre chemin. La génération de 68 a porté haut les valeurs de l'échange et de l'amitié. Elle voulait ainsi sillonner la planète, la comprendre et même la sauver. Mais tout a changé. Quarante ans plus tard, pour explorer le monde et s'éprouver face à lui, il suffit d'ouvrir son ordinateur et de s'immerger dans la sociabilité virtuelle.

  • 17 mars 2007

    Les créatifs culturels sont-ils influents ?

    Les créatifs culturels sont-ils influents ?

    LuckEmportés par leur projection radieuse sur la modernité, les thuriféraires du Net oublient que la société connectée et participative ne concerne qu'une fraction de la population.

  • 29 janvier 2007

    Tous experts, tous artistes !

    Tous experts, tous artistes !

    Internet réactive un débat lancé depuis la naissance des industries culturelles : la distance de plus en plus ténue entre l'auteur de contenus culturels ou informatifs et son public. L'effacement de la sacralité de l'œuvre et du créateur, l'interchangeabilité des places, telles étaient bien les perspectives redoutées par les pourfendeurs de la culture industrialisée dès les années 1930. La prophétie s'est réalisée. Tous experts, tous artistes : voilà le credo de l’époque. Ce changement incite à repenser radicalement les pratiques culturelles.

  • 19 octobre 2006

    L'exception culturelle indienne ne ressemble guère à celle de la France

    L'exception culturelle indienne ne ressemble guère à celle de la France

    Premier pays producteur de films au monde, dans le peloton de tête des nations cinéphiles, dotée d'une noria de chaînes de télévision, l'Inde a développé pratiquement sans l'aide de l'Etat une industrie du divertissement de grande ampleur. Comment est-elle parvenue à ce résultat?