• 18 novembre 2009

    Google rend-il stupide ? (2)

    Google rend-il stupide ? (2)

    Dans mon précédent article, je m’interrogeais : faut-il prendre au sérieux le cri de guerre lancé par Nicholas Carr dans The Atlantic (juillet/août 2008) : « Google rend-il stupide ? » En effet, si les intellectuels et les diplômés sont les premiers utilisateurs du Web, l’univers du papier leur demeure très familier. Mais qu’en est-il des autres catégories sociales ?

  • 30 octobre 2009

    Google rend-il stupide ? (1)

    Google rend-il stupide ? (1)

    Récemment un journaliste américain écrivait ceci : « Il me semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations comme le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Avant j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais je fends la surface comme un pilote de jet-ski. » Que faut-il en penser ?

  • 8 octobre 2009

    Polanski : la Suisse est-elle coupable ?

    Polanski : la Suisse est-elle coupable ?

    Les cinéastes français montent vite au créneau. Il fut un temps où ils défendaient très directement leur beefsteak, comme en témoignent les manifestations de rue autour des accords Blum-Byrnes, dans les années d’après-guerre. Avec le temps et la consolidation de leur aisance financière grâce aux obligations d’investissements des chaînes de télévision en faveur du cinéma ou aux miracles de l’avance sur recette, les ressorts des luttes de la cinématographie française ont changé. Sur la durée, une vraie corporation a ainsi émergé, ses membres, en raison de la puissance sans cesse accrue de leur clairon médiatique, trouvant des soutiens prestigieux et parfois même extérieurs à la profession quand l’occasion se présentait. Ainsi en va-t-il de l’affaire Polanski.

  • 9 juillet 2009

    Hadopi et utopies

    Hadopi et utopies

    Du groupe de rap IAM au chanteur Bénabar, ils n’en reviennent pas. Que l’on puisse télécharger illégalement leurs chansons, que l’on trouve normal de ne pas rémunérer leur travail, ces artistes engagés en ont le souffle coupé. « J’ai conscience qu’il y a des zones d’ombre dans cette loi. Mais il faut bien quelque chose pour réguler Internet. C’est affligeant de passer pour un mec de droite que de dire cela ! Réguler, c’est de gauche ! », s’exclame Bénabar à propos de la loi Hadopi sur Rue89. Un coup de massue supplémentaire leur tombe sur la tête : les sénateurs socialistes qui, contrairement à leurs collègues de l’Assemblée Nationale, avaient voté la première version de la loi, n’ont pas soutenu Hadopi 2, jugée « inutilement répressive ». Le débat véhément qui entoure ce projet conduit le béotien de surprise en surprise et le désarroi des artistes s’accroît face à des passions qui paraissent démesurées. Ni le dispositif juridique (commun avec d’autres pays), ni la dimension économique (un problème de réactivité commerciale) ne suffisent à expliquer le déchaînement des affects autour de Hadopi. C’est du côté des utopies politiques qu’il faut porter le regard pour comprendre la radicalité des réactions.

  • 25 mai 2009

    L’état du cinéma

    L’état du cinéma

    Va-t-on encore au cinéma, alors que nos écrans domestiques peuvent accueillir tous les films de la planète ? En fait, la sortie cinéma n’est pas en voie de disparition, mais de réorganisation. Globalement, elle connaît un certain tassement. Rituel de la jeunesse dans les années 1990, elle mobilise aujourd’hui les diverses générations. Que révèlent les données mondiales sur le « cinema paradiso » (Observatoire européen de l’audiovisuel, 2009) ?

  • 7 mai 2009

    Faut-il allonger la durée des droits d’auteur ?

    Faut-il allonger la durée des droits d’auteur ?

    La Commission européenne doit examiner un texte visant à prolonger de 50 ans actuellement à 95 ans le droit d'auteur des musiciens et des maisons de disques — qu’on désigne par l’expression « droits voisins » des artistes interprètes et des producteurs de phonogrammes —, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis. L’objectif affiché par le commissaire en charge du dossier, Charlie McCreevy, est d'aider les musiciens vieillissants et de promouvoir de nouveaux artistes.

  • 28 avril 2009

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    Pourquoi le Net échapperait-il aux lois du marché?

    L’histoire l’enseigne : nouveaux médias et utopies sociales ont partie liée. Il y a trente ans la France se passionnait pour les radios libres. Les plaidoyers étaient vibrants : les émetteurs répondaient aux attentes de la jeunesse et à son idéal de liberté, son goût pour l’échange, son appétence pour de nouvelles expressions culturelles etc. C’est en tout cas ce que l’on croyait… avant que ces radios soient happées par les lois du marché. Le même destin n’attend-il pas le Net ?

  • 10 avril 2009

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Hadopi: pourquoi la main tremble

    Aux dernières nouvelles, Hadopi aurait coulé, mais ne serait pas encore noyée. Cette loi qui vise à imposer une " riposte graduée " au téléchargement illégal de musiques et de films sur Internet navigue depuis des mois comme un radeau de la méduse. Face à ce projet la riposte des internautes n'est en rien graduée. Elle est cinglante. Aucune surprise : à chaque tentative d'introduire de la régulation dans la Toile (protection des enfants, régulation de la publicité et maintenant téléchargement illégal), l'armée des fournisseurs d'accès, des hébergeurs et des internautes avance en front uni. Les arguments se répètent : toute intrusion du Web est attentatoire aux libertés (" une loi qui fait fliquer tout ce que vous faites sur Internet ", dit un contempteur de Hadopi), vouée à l'échec car aisément déjouée par la technique, ruineuse pour l'État qui devra la faire respecter. Mais le plaidoyer qui enrubanne fastueusement tous les autres, c'est le tort porté à la jeunesse. Les jeunes, enthousiastes d'un Internet aux contenus libres et gratuits, forment une bastille que nul politique ne saurait raisonnablement affronter.

  • 10 mars 2009

    Quand TF1 perd ses couleurs

    Quand TF1 perd ses couleurs

    Une étude prospective publiée par le CSA en février sur l’évolution du marché publicitaire encouragerait, timidement, à l’optimisme pour le devenir du géant français de l’audiovisuel. Les recettes disparues de France-Télévisions, entre 200 et 400 millions selon les estimations, iraient intégralement dans la besace des chaînes privées, grâce à une réglementation favorable (merci au décret du 19 décembre 2008) et à l’attractivité de l’auditoire de la télévision privée pour les annonceurs (public plus jeune que celui de France-Télévisions). Les mauvais résultats de TF1 en 2008, baisse de 3 % des recettes publicitaires, pourraient n’avoir été que passagers. Mais les résultats de janvier 2009 (-19 % de recettes publicitaires par rapport à janvier 2008) et le verdict du Palais Brongniart (la capitalisation boursière de M6 dépasse aujourd’hui celle de TF1) laissent entrevoir un avenir sombre pour la chaîne. Risquons un pronostic.

  • 20 février 2009

    Slumdog millionaire: une polémique indienne

    Slumdog millionaire: une polémique indienne

    Le 22 janvier dernier, la sortie indienne du film Slumdog millionnaire de Danny Boyle a déclenché une bourrasque médiatique. Tournée à Mumbai, l’histoire des trois gamins du bidonville de Dharavi envahit les écrans. À l’heure d’une mondialisation avancée et des effets sociaux de la crise économique, la question de la pauvreté est remise sur scène.

  • 26 novembre 2008

    Télévision publique: le retour de l’Etat culturel

    Télévision publique: le retour de l’Etat culturel

    Et bien, sa réforme de l’audiovisuel public, Nicolas Sarkozy va la faire, et ce dans l’épure de ses diverses déclarations sur la culture télévisuelle. Le choix présidentiel se lit ainsi : exit la télévision des producteurs indépendants et l’esprit des décrets Tasca ; impasse sur la « télévision du public » de type BBC ; pleins feux sur l’Etat culturel. Cette réforme controversée mérite qu’on fasse la part de ce qu’elle comporte de nostalgique et de ce qu’elle comporte d’anticipateur sur les évolutions médiatiques.

  • 16 juillet 2008

    Desperate French TV

    Desperate French TV

    Alors que les chaînes publiques affrontent un avenir erratique, un autre coup de poignard frappe l’audiovisuel français. En 2007, pour la première fois sur nos écrans, les séries américaines emportent massivement l’adhésion du public et devancent les séries hexagonales. La fiction télévisée, genre noble de la télévision et fleuron de la politique de l’exception culturelle, voit sa légitimité ébranlée.

  • 2 juin 2008

    Sarkozy, Copé, la télé et la publicité…

    Sarkozy, Copé, la télé et la publicité…

    Pour financer leur puissant pôle de télévision publique, les Anglais, les Danois, les Allemands s’acquittent d’une redevance qui tourne autour de 200 euros annuels. La flamboyante décision de Nicolas Sarkozy du 8 janvier 2008, « France Télévisions sans publicité», aurait pu s’arrêter là : au modèle des pays du nord. Sereinement. Et bien non. C’était compter sans le génie français. Qui a délégué sa réflexion à la Commission Copé.

  • 30 mai 2008

    Eurovision : bien chanter ne suffit pas

    Eurovision : bien chanter ne suffit pas

    Samedi dernier, lors du concours de l’Eurovision de la chanson, les téléspectateurs ont élu massivement Dima Bilan, le chanteur russe déjà second au concours 2006. Les téléspectateurs aguerris n’auront pas manqué de noter le vote massif des pays de l’ex-Union Soviétique en faveur de ce chanteur. Est-ce un hasard ? Probablement pas.

  • 19 mai 2008

    Géopolitique du cinéma

    Géopolitique du cinéma

    Le cinéma prospère. Federico Fellini prophétisait sa destruction par les canons de la télévision. Aujourd’hui, cette dernière l’a entraîné dans une alliance et le 7e art ne cesse d’affirmer sa vitalité. De plus en plus de pays participent au tourbillon des industries de l’image. Cette économie cherche d’abord une rentabilité sur les marchés nationaux. Mais aussi, avec un bonheur inégal, elle vise à conquérir la planète, le jeu de baccara du cinéma se déroulant sur un tapis mondial. Les données réunies par l’Observatoire européen de l’audiovisuel à l’occasion du festival de Cannes témoignent de ces tendances.

  • 8 mai 2008

    Sarkozy et la télévision publique

    Sarkozy et la télévision publique

    Sur l'audiovisuel, le président est pour le moment un grand réformateur en sursis. La suppression annoncée de la publicité sur les chaînes publiques aura-t-elle lieu ? Pour s'en faire une idée, il faut se glisser derrière le rideau de la Commission Copé.

  • 5 mai 2008

    Le sarkozysme est-il un libéralisme ?

    Le sarkozysme est-il un libéralisme ?

    Nicolas Sarkozy est indiscutablement un homme de droite. Est-il pour autant un libéral ? Rien n’est moins sûr, et sa difficulté à trancher n’est peut-être pas étrangère à ses difficultés politiques.

  • 4 mars 2008

    Menaces sur la télévision publique ?

    Menaces sur la télévision publique ?

    Nicolas Sarkozy envisage de supprimer la publicité sur les chaînes publiques : immédiatement la France se prend de passion pour ces mal aimées. En un tournemain France 2 et France 3 se sont muées en un patrimoine national, ultime rempart contre les invasions barbares de la télévision commerciale. La question de la place de la télévision publique dans le PAF est reposée. Que faut-il en penser ?

  • 13 décembre 2007

    Mission Olivennes, mission impossible ?

    Mission Olivennes, mission impossible ?

    Le rapport sur « Le développement et la protection des œuvres culturelles sur les nouveaux réseaux » remis au ministre de la Culture et de la Communication par Denis Olivennes propose trois mesures pour lutter contre le piratage en ligne : développer une riposte graduée qui pourrait aboutir à une résiliation du contrat internet de la personne téléchargeant des contenus de manière illégale ; filtrer et marquer les contenus échangés en ligne ; garantir une plus grande interopérabilité  des formats des contenus légaux. Que penser de ces propositions ?

  • 12 décembre 2007

    Exporter le Louvre ?

    Exporter le Louvre ?

    L’affaire d’Abu Dhabi. Ce pourrait être le titre d’un album de Tintin. Mais l’histoire est autrement plus sérieuse. Elle commence en décembre 2006, lorsque Françoise Cachin, qui dirigea le musée d’Orsay puis les Musées de France, Jean Clair, qui fut longtemps à la tête du musée Picasso, et Roland Recht, professeur au Collège de France, signent un point de vue dans le journal Le Monde sous le titre « Les musées ne sont pas à vendre ». L’article, qui se transforme rapidement en pétition, s’en prend à la marchandisation des musées, au poids croissant des financements privés, aux prêts payants d’œuvres d’art, au système Guggenheim, « désastreux pionnier de l'exportation payante de ses collections dans le monde entier » et chantre de « l’entertainment business », et surtout au projet de construction à Abu Dhabi d’un musée qui porte la marque « Louvre » et qui exposera des œuvres venues des grands musées de France. Depuis lors, une année s’est écoulée, mais les esprits ne semblent pas s’être vraiment apaisés. Dans un livre intitulé Malaise dans les musées, Jean Clair revient, non sans violence, sur le projet d’Abu Dhabi. Et l’affaire occupe régulièrement les colonnes de nos journaux.