PS : une chance d’en sortir ? edit
Ce qui frappe le plus dans l’avalanche de critiques qui s’abat actuellement sur la direction du Parti socialiste, c’est que la grande majorité d’entre elles proviennent des rangs du PS lui-même. Les socialistes ont perdu confiance dans leur propre parti et ils estiment que celui-ci ne peut plus être le cadre approprié pour leurs débats internes. L’autorité de la Première secrétaire est largement entamée. Au point où en est ce parti, aucun replâtrage ne suffira pour faire repartir la machine. Pour reconstruire à la fois une autorité interne et une envie de vivre ensemble, la direction du parti n’a que deux solutions : organiser rapidement un congrès extraordinaire pour adopter une ligne politique et choisir un(e) Premier(e) secrétaire dans des conditions qui lui redonnent une légitimité interne, ou débattre dès maintenant de la question des modalités de désignation du candidat socialiste à la prochaine élection présidentielle.
Le choix de l’une ou l’autre de ces solutions ramène une fois encore au rapport que le Parti socialiste entretient avec les institutions et le fonctionnement de la Vème République. Régime mixte, parlementaire et présidentiel, les principaux partis doivent s’adapter à cette double nature. Mais ils doivent donner la priorité à l’une de ces deux faces du régime. Il est clair que dans le régime français, la face présidentielle est dominante aujourd’hui. Par conséquent, si le Parti socialiste continue malgré tout à se vouloir d’abord un parti parlementaire, compte tenu de la tendance commune à toutes les démocraties représentatives à la présidentialisation de leurs régimes, parlementaires comme présidentielles, c’est-à-dire à la personnalisation croissante du pouvoir, il doit choisir un chef qui soit réellement un leader, pour le parti comme pour l’opinion. Il doit alors revoir ses statuts de façon à ce que le choix du Premier secrétaire du parti ne se fasse pas après le congrès mais pendant, et sur une ligne politique, et qu’il prenne réellement en considération la dimension de la personnalisation dans son choix. Car son nouveau leader sera en réalité celui de l’opposition. Le parti doit être conscient que c’est son candidat à l’élection présidentielle suivante qu’il pré-désignera quand il choisira son Premier secrétaire. Il lui faut donc inscrire dans son règlement intérieur des modalités de désignation qui lui permettront de choisir le meilleur leader possible, celui qui incarnera l’opposition et qui mènera la bataille politique contre le président en place.
Ou bien, le parti estime que le régime politique français, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, le conduit à inverser l’ordre des facteurs et à se donner d’abord les moyens de choisir un bon candidat à la présidence de la République, le leader en titre du parti n’étant dans ce cas de figure en réalité qu’un administrateur général. Alors il ne doit pas attendre un an pour discuter de la question du mode de désignation et il doit, dans une optique présidentielle, réfléchir à la manière d’organiser des primaires ouvertes.
Dans la situation très dégradée qui est la sienne aujourd’hui, il ne paraît pas possible que le Parti socialiste soit capable dans la période à venir de désigner son candidat à huis clos sans se déchirer encore un peu plus, ce qui l’empêcherait ensuite se rassembler derrière le candidat désigné. La voie des primaires ouvertes paraît donc préférable. Mais alors, il faut du temps au parti pour mettre au point un nouveau système de désignation et pour le mettre en œuvre de manière efficace. Il faut donc avancer dès maintenant sur cette question. Ici aussi, un congrès sera nécessaire pour trancher entre les différentes options. On le voit, dans les deux cas, le parti a besoin d’organiser rapidement un nouveau congrès puisque celui de Reims non seulement n’a rien résolu, mais a même aggravé la situation. Ce n’est pas la direction actuelle, privée aujourd’hui de la légitimité nécessaire, qui pourra relancer le parti sans changer la donne. Si le parti ne donne pas une nouvelle occasion à ses membres de débattre entre eux, les différentes personnalités socialistes continueront de plus belle à s’affronter par médias interposés et les électeurs, frustrés et découragés, continueront de se détourner de lui. Martine Aubry peut encore renverser la table en reprenant l’initiative. Celle-ci passe nécessairement par l’organisation d’un nouveau congrès à l’automne. Sinon, chaque semaine perdue verra le parti s’enfoncer un peu plus dans la crise qui le mine.
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