Volodymyr Zelensky, l’homme à abattre edit
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Après les nombreuses injures et attaques verbales de Donald Trump et le piège du bureau ovale qui a été tendu à Volodymyr Zelinsky pour le discréditer, l’humilier et lui faire porter la responsabilité de l’absence de toute perspective de négociation sur la paix en Ukraine, les déclarations de Mike Waltz, le Conseiller à la sécurité nationale américain, confirment que le président ukrainien est désormais la cible principale du pouvoir américain. Celui-ci s’aligne ainsi sur le refus de Vladimir Poutine de le considérer comme un participant légitime à toute discussion sur l’Ukraine.
Tandis que les dirigeants européens réunis à Londres en présence de Zelinsky lui renouvelaient leur soutien, Michael Waltz, a déclaré en effet que la réunion du bureau ovale avait été « une énorme occasion manquée » d’où ressortait des doutes sur la volonté du dirigeant ukrainien « de jamais être en mesure de négocier avec Poutine » ou « de mettre fin à cette guerre ». Il a réitéré le fait que pour mettre fin à la guerre il faudra des « concessions territoriales » de l’Ukraine. Il faudra aussi, a-t-il dit, des « garanties de sécurité menées par l’Europe ». A la question de savoir si le président américain, Donald Trump, souhaitait la démission de son homologue ukrainien, Waltz a répondu : « Nous avons besoin d’un dirigeant capable de traiter avec nous, et au bout du compte traiter avec les Russes et mettre fin à cette guerre. » « S’il devient évident que les motivations personnelles ou les motivations politiques du président Zelensky éloignent la perspective de mettre fin au conflit dans son pays, alors je crois que nous aurons un vrai problème sur les bras », a-t-il ajouté.
Du coup, la question ukrainienne devient pour Trump une question Zelinsky. Pour deux raisons. D’abord il ne pardonne pas à ce dernier d’avoir refusé de signer l’accord sur les terres rares qui, outre les bénéfices qu’ils rapporteraient aux États-Unis, le mettrait dans une bonne situation pour négocier directement avec Poutine. Ensuite, il pensait manifestement que la menace de ne plus soutenir l’Ukraine suffirait à obtenir de Zelinsky, avant même l’ouverture de véritables négociations, les abandons nécessaires pour pourvoir les mener à bien. N’ayant pas obtenu ces abandons il se retrouve face à Poutine au fond de l’impasse dans laquelle il s’est engouffré dès le départ en acceptant d’exclure l’Ukraine de cette négociation. Poutine réaffirmant son refus de négocier avec le nazi Zelensky, Trump n’a plus dès lors comme solution que de s’aligner sur cette position, c’est-à-dire peser de tout son poids pour obtenir le remplacement du dirigeant ukrainien en l’accusant d’être l’unique obstacle à la paix.
Or les dirigeants européens ne peuvent accepter la position trumpienne car la disparition de Zelinsky signerait en réalité celle d’une Ukraine indépendante. Ils ne sont pas prêts à sacrifier Zelinsky sur l’autel d’une négociation avec Poutine. En reprenant à son compte les attaques mensongères et ordurières de Poutine contre Zelinsky, Trump a perdu la position de neutralité nécessaire pour organiser et mener à bien une négociation que d’ailleurs Poutine ne veut pas plus aujourd’hui qu’hier. Son attaque de plus en plus violente contre la personne de Zelinsky ne peut qu’approfondir la crise des relations entre les États-Unis et l’Europe.
La plupart des dirigeants européens auront beau tenter de sauver les relations transatlantiques, une rupture entre l’Europe et les États-Unis semble donc inévitable malgré tous les efforts qu’ils sont prêts à consentir. Les suppliques adressées par les Européens à Trump pour envisager ensemble une solution du problème ukrainien resteront sans doute sans réponse. Ils seront seuls pour aider l’Ukraine tandis que les États-Unis continueront à soutenir Poutine dans sa haine mortelle de Zelinsky. Le soutien européen à la personne de Zelinsky est justifié sur tous les plans mais la cristallisation des désaccords sur sa personne ouvre une nouvelle page de la crise ukrainienne. La réunion de Londres marque donc en même temps le réveil militaire de l’Europe et, à un horizon plus ou moins proche, la rupture avec les États-Unis. La faute, à la fois morale et politique, en reviendra à Poutine et Trump et non pas à Zelinsky.
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