
Gérard Grunberg edit
Politologue, directeur de recherche émérite au CNRS Écrivez à Gérard Grunberg-
29 novembre 2010
Aubry ne peut plus temporiser
En quelques jours, la situation politique de Martine Auby s’est fortement dégradée. Sa majorité est sur le point d’exploser puisque les fabiusiens soutiennent désormais clairement la candidature éventuelle de Dominique Strauss-Kahn, tandis que la gauche du Parti socialiste, qui constitue un élément important de sa propre majorité, fait pression sur elle pour qu’elle soit candidate et demande, avec beaucoup d’autres personnalités du parti, d’avancer le calendrier des primaires, auquel jusqu’à présent elle s’est montrée obstinément attachée. Sans probablement que ce soit intentionnel, la position d’attente indéterminée de DSK est en train d’étouffer progressivement la Première secrétaire. lire la suite
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15 novembre 2010
Remaniement : Sarkozy, le vrai vainqueur ?
« Tout ça pour ça », telle est la tonalité dominante des commentaires sur le maintien de François Fillon à Matignon. Nicolas Sarkozy aurait subi une grave défaite au sein de son propre camp. François Fillon et, dans une certaine mesure, Jean-François Copé seraient les vrais vainqueurs, leur réussite symbolisant l’affaiblissement du président de la République. Bien des éléments peuvent être portés à l’appui de cette analyse. Mais pour faire le bilan de toute crise, il faut commencer par en analyser le résultat. Certes le président s’est trouvé depuis quelques jours sur la défensive. Certes, il a dû renoncer à certaines de ses intentions. Certes François Fillon a renforcé considérablement ses positions. lire la suite
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12 novembre 2010
Le PS entre cynisme et incompétence
Y a-t-il un pilote dans l’avion socialiste ? La réponse est non. Il y a deux façons pour le leader du grand parti d’opposition qu’est le Parti socialiste d’exercer positivement son leadership : présenter un programme de gouvernement crédible, et déclarer clairement son intention de briguer la présidence de la République. Martine Aubry ne fait ni l’un ni l’autre. lire la suite
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14 octobre 2010
Les socialistes et la rue
Le Parti socialiste est-il un parti parlementaire comme il le prétend ? Adhère-t-il franchement aux principes du gouvernement représentatif ? À la lecture des déclarations de ses dirigeants concernant le projet de loi sur la réforme des retraites, il est légitime de se poser ces questions. Les déclarations se succèdent pour appeler à la mobilisation populaire contre ce projet. Que les socialistes soutiennent le mouvement de protestation, quoi qu’on en pense sur le fond, est compréhensible, légitime et conforme à leur identité. Mais c’est la teneur de leur discours qui pose problème. lire la suite
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30 septembre 2010
PS : la guerre Aubry-DSK
Il faut prendre au sérieux les déclarations faites ce week-end par Claude Bartolone sur son appel à des « primaires de confirmation » pour désigner le ou la candidat(e) socialiste à l’élection présidentielle. Sortant du jeu du chat et de la souris auquel se livrent depuis quelque temps les deux principaux candidats potentiels à la candidature socialiste, cette prise de la position d’un membre éminent de la direction du parti sur un enjeu essentiel : qui doit représenter le PS à la prochaine élection présidentielle ? lire la suite
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13 septembre 2010
Sarkozy’s bad polls: an explanation
The French President is in a delicate position and things don't look promising for his reelection in 2012. Opinion polls suggest a strong degradation of his popularity and a worrying loss of trust among the population. In July his approval rate fell to all-time low. Though some of his difficulties are linked to the crisis and the necessity to take unpopular measures, the main reason may be the way the President exercises his power. (in French) lire la suite
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10 septembre 2010
Sarkozy et l’exercice du pouvoir
Nicolas Sarkozy est aujourd’hui dans une situation politique particulièrement difficile, au point que sa réélection en 2012 paraît compromise. Les enquêtes d’opinion mesurent une très forte dégradation de sa popularité et une grave perte de confiance. Certes les difficultés dues à la crise économique et la nécessité de prendre des mesures impopulaires expliquent pour une part ce désamour de l’opinion. Elles n’expliquent cependant pas l’essentiel. La cause première est la manière dont le Président exerce son pouvoir. lire la suite
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4 juin 2010
PS : à quoi serviront (vraiment) les primaires ?
Le Parti socialiste vient d'adopter les règles qui vont s’appliquer pour l’organisation de sa primaire présidentielle. À quoi va-t-elle servir ? C’est la question que l’on est en droit de se poser après les récentes déclarations de plusieurs dirigeants du parti. lire la suite
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7 mai 2010
PS : un projet hors du temps
La convention du PS vient d’adopter un document qui devrait logiquement préfigurer son programme présidentiel : « Pour un nouveau modèle de développement économique, social et écologique ». La lecture de ce document laisse pantois. Au point que l’on se demande si ses auteurs vivent bien ici et maintenant. lire la suite
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14 avril 2010
La droite et la Ve république
Depuis 1962, les attitudes à l’égard des nouvelles institutions se sont distribuées de manière stable sur l’échiquier politique : les gaullistes et leurs héritiers défendaient le régime tandis que la gauche le rejetait. Les premiers se félicitaient de la prééminence retrouvée du pouvoir exécutif, prééminence que la gauche, de manière certes moins appuyée lorsqu’elle était au pouvoir que dans l’opposition, condamnait au nom de son anti-bonapartisme et de sa volonté de restaurer un véritable pouvoir parlementaire. Cette distribution des rôles semble dépassée. lire la suite
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22 mars 2010
Gauche : l’envie de présidentielle
Que les Français aient donné à leur vote de dimanche une signification plutôt régionale ou plutôt nationale, le fait est là : ces élections constituent à l’évidence le grand tournant du septennat. Pas seulement parce que la gauche conserve à peu près toutes ses régions mais parce qu’une dynamique politique nationale s’est enclenchée à l’occasion de ce scrutin. Pour la première fois depuis 2007 la gauche a à nouveau un appétit de pouvoir national. Pas seulement le Parti socialiste mais aussi les Verts voire le Front de gauche. lire la suite
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8 mars 2010
Le tournant des régionales
Il ne fait pas de doute que les enjeux politiques des prochaines élections régionales sont considérables. Ils pourraient marquer un tournant dans l’évolution des rapports de force politiques et électoraux en France sur la moyenne période et dans celle du système partisan. Les résultats de ces élections devront être lus à l’aide de la grille suivante : la situation des deux partis dominants, le rapport gauche/droite, le rapport de force électoral entre les socialistes et les écologistes, le destin du Modem, le degré de résistance du Front national, les rapports de force au sein de « la gauche de la gauche » et enfin l’isolement de l’UMP. lire la suite
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21 janvier 2010
Le PS ne veut pas de burqa mais se voile la face
L’affaire du port de la burqa en France pose une double question, l’une de fond, l’autre de méthode. Pour ce qui est du fond, deux positions sont apparues dans le débat récent. La première est que l’interdiction du port de la burqa constituerait un viol des droits fondamentaux de la personne et doit donc être combattue. La seconde est que le port du voile intégral est condamnable car incompatible avec les valeurs de la République. La seconde de ces positions est en réalité commune aux deux grands partis, le PS et l’UMP. Dès lors se pose la question de méthode : faut-il ou non légiférer pour interdire cette pratique ? lire la suite
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16 novembre 2009
L’UMP : un parti d’opposition parlementaire ?
La présidentialisation du régime irait-elle de pair avec la renaissance d'un pouvoir parlementaire? Il semble en tout cas évident aujourd'hui que les socialistes, lorsqu’ils refusèrent l’an dernier de voter une révision de la Constitution qui donnait pourtant plus de pouvoirs au Parlement tout en encadrant davantage les pouvoirs du chef de l’exécutif, commirent une erreur majeure. lire la suite
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26 octobre 2009
Social-démocratie : leçons allemandes
Un sondage récent d’OpinionWay montre que la moitié des sympathisants du Parti socialiste français privilégient une alliance à gauche qui comprendrait le Nouveau Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot. En Allemagne, lors des récentes élections législatives, après la déroute des sociaux-démocrates, passés de 34,2% en 2005 à 23% en 2009, certaines voix se sont élevées à gauche pour réclamer une alliance entre le nouveau parti d’extrême-gauche, Die Linke, qui est passé de 8,1% à 10,7%, et le Parti social-démocrate. lire la suite
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3 octobre 2009
Le PS vient de se réconcilier avec la Ve République
Ce qui vient de se passer au Parti socialiste est crucial, non seulement comme transformation de son rôle et de son fonctionnement mais aussi comme potentialité de transformation du régime politique lui-même à travers le mécanisme de l’élection présidentielle. En outre, cette réforme du parti socialiste, embourbé depuis longtemps, lui permet de repartir de l’avant. Encore faut-il qu’il soit capable d’assurer le suivi de cette réforme. lire la suite
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19 juillet 2009
PS : une chance d’en sortir ?
Ce qui frappe le plus dans l’avalanche de critiques qui s’abat actuellement sur la direction du Parti socialiste, c’est que la grande majorité d’entre elles proviennent des rangs du PS lui-même. Les socialistes ont perdu confiance dans leur propre parti et ils estiment que celui-ci ne peut plus être le cadre approprié pour leurs débats internes. L’autorité de la Première secrétaire est largement entamée. Au point où en est ce parti, aucun replâtrage ne suffira pour faire repartir la machine. lire la suite
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21 juin 2009
PS : la rénovation improbable ?
À chaque défaite de leur parti, les socialistes entonnent l’air de la rénovation sans réaliser que cette incantation régulièrement prononcée ne débouche presque jamais sur quelque chose, et, du coup, sans se demander pourquoi il en est ainsi. Pour une fois, semble-t-il, l’une des propositions avancées semble-t-il dans les cercles dirigeants du parti, à savoir la désignation du candidat socialiste à l’élection présidentielle au moyen d’une élection primaire ouverte à tous les sympathisants, peut éviter que l’appel à la rénovation, au lieu de ne voir de solution que dans le cercle étroit du parti lui-même, ne se traduise par une ouverture du parti sur la société. lire la suite
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10 juin 2009
Le dilemme électoral du Parti socialiste
En 1986, deux politologues américains ont publié un livre remarquable intitulé Paper Stones. A History of Electoral Socialism, dans lequel ils développaient l’idée que le socialisme européen est confronté à un dilemme électoral structurel et sans doute insoluble : la nécessité d’attirer les électeurs des nouvelles classes moyennes salariées, de plus en plus nombreux, sans perdre l’appui décisif des classes populaires. Ce dilemme, qui l’oblige à pratiquer un grand écart permanent, qu’il s’agisse de son idéologie ou de ses propositions, risque de lui faire perdre son ancrage populaire sans fixer pour autant les classes moyennes, les premières étant surtout attachées à la protection collective et au travail productif tandis que les secondes le sont surtout aux valeurs individualistes du libéralisme culturel et aux valeurs anti-productivistes de la protection de l’environnement. La fragilité électorale particulière du Parti socialiste français l’expose en permanence à souffrir, plus qu’un autre, de la difficulté à résoudre ce dilemme électoral. lire la suite
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29 mai 2009
Socialistes : battus, mais contents ?
Les intentions de vote en faveur des listes socialistes pour les élections européennes qui auront lieu la semaine prochaine marquent, semaine après semaine, une dynamique inquiétante pour le Parti socialiste. Le dernier sondage TNS-SOFRES lui donne 19% des votants qui, dans l’ensemble, risquent de ne pas dépasser 40% des inscrits. Martine Aubry a l’air de s’en contenter. « Sans tout ce boulot, vient-elle de déclarer, on serait sans doute à 14%. » 14%, le score du PS aux européennes de 1994 lorsque Michel Rocard dirigeait le Parti socialiste. À croire que les socialistes sont soulagés de pouvoir trouver dans leurs archives électorales un score assez bas pour leur donner encore une marge… de recul ! lire la suite
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