L’étrange soutien de Gaspard Koenig aux Soulèvements de la terre edit
Gaspard Koenig se dit libéral. On est donc surpris de la chronique qu’il a publiée dans Les Echos (14 juin 2023) et qui apparaît comme un soutien au mouvement les Soulèvements de la terre. Cette chronique paraît quelques jours après le saccage par ce mouvement des champs et des installations (serres, dispositifs d’irrigation) de maraîchers nantais. Gaspard Koenig n’en dit pas un mot dans sa chronique et présente ce mouvement comme étant inspiré par une « écologie de la liberté ». Liberté de détruire le bien des autres apparemment.
Certes on ne peut qu’être d’accord avec lui lorsqu’il écrit « qu’il est indispensable de comprendre les principes qui motivent aujourd’hui la jeunesse radicale ». Mais comprendre ne veut pas dire soutenir, ni approuver.
Gaspard Koenig entend se placer sur un plan intellectuel et veut revenir à ce qui constitue selon lui l’inspiration de ces écologistes radicaux. L’ouvrage collectif On ne dissout pas un soulèvement[1], qui semble bien indigeste mais qui justifie « l’arrachage, déboulonnage, crevaisons et autres feux de joie », fait notamment référence à un philosophe américain « éco-anarchiste », Murray Bookchin. Mais ce qu’en livre Gaspard Koenig effraie plus que cela ne rassure. Cet auteur serait le chantre d’une « écologie comme science totale (…), redéfinissant tous les pans de l’activité humaine ». Du total au totalitarisme il n’y a qu’un pas. Cette volonté de remodeler totalement le monde est délirante et dangereuse. Les Khmers rouges[2] voulaient également revenir à une société agraire et faire table rase de la société urbaine présentée comme la source de tous les maux. Inutile de rappeler comment cela a fini. En politique la recherche extrême de pureté a toujours conduit à des privations de liberté et presque toujours aussi à des massacres de masse.
Finalement, pour Gaspard Koenig « la désobéissance civile devient éminemment légitime ». Comme il n’évoque jamais la destruction des champs nantais, on ne sait pas si cette action entre à ses yeux dans le champ de la désobéissance civile. Mais qu’elle y entre ou non, cette action suffit à discréditer ce mouvement. En effet, bafouer le droit de propriété, détruire le bien d’autrui, insulter ces agriculteurs (qui veulent développer une agriculture durable) en les présentant comme des affairistes sans scrupules, tous ces actes ne peuvent se targuer d’aucune légitimité dans une société démocratique. SI on est attaché aux principes de cette société démocratique on ne peut que les condamner et condamner le mouvement qui les met en œuvre et les justifie. Mais Gaspard Koenig pense sans doute le contraire puisqu’il écrit que « ceux que la ministre de l’Intérieur présente comme ‘écoterroristes’ peuvent se prévaloir d’une forme de rationalité supérieure, sur la finalité recherchée comme sur l’organisation du collectif ». On peine à comprendre ce qui leur donne ce privilège. Mais on saisit bien que ce privilège d’une rationalité supérieure autoproclamée confère aux individus qui s’en réclament le droit, à leurs yeux, d’imposer aux autres les principes qui les guident. Les prémisses de la dictature…
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[1] Voir cet article qui en rend compte : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/sabotage-nature-queer-et-anticapitalisme-le-breviaire-delirant-des-soulevements-de-la-terre-20230614
[2] Voir le beau documentaire consacré le 13 juin à la folle tentative des Khmers rouges de vider totalement Phnom Pen de ses habitants dans leur volonté de purifier la société.