Quelles tendances pour les sénatoriales? edit
Les 348 sénateurs sont renouvelables par moitié tous les trois ans avec un mandat de six ans. Ceux-ci sont élus au second degré, dans le cadre d’un scrutin départemental, par un corps de grands électeurs composé à 95% par les délégués des conseils municipaux, auxquels s’ajoutent les conseillers départementaux, les conseillers régionaux, les députés et les sénateurs du département. Dans les départements à trois sièges ou plus l’élection a lieu au scrutin de listes bloquées à la proportionnelle ; dans les autres départements (un ou deux sièges) au scrutin majoritaire à deux tours avec candidatures individuelles. La série sénatoriale renouvelable le dimanche 24 septembre comporte les départements métropolitains de l’Indre et Loire (37) aux Pyrénées Orientales (66) ainsi que les huit départements de la région parisienne, six départements et territoires d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Réunion, Saint Pierre et Miquelon, Mayotte, Nouvelle Calédonie) et six sièges sur douze des Français de l’étrangers[1]. Ce renouvellement concerne 170 sièges sur les 348 du Sénat, 136 élus à la proportionnelle et 34 au scrutin majoritaire.
Les candidatures
Il a eu 1819 candidatures pour 170 sièges, soit une moyenne de 10,7 candidats par siège contre un record de 1996 candidatures pour 171 sièges[2], soit 11,7 en moyenne, au précédent renouvellement de la même série en septembre 2017. Comme cela est habituellement le cas, la grande majorité des sénateurs sortants se représente (119 sur 170).
Tous les groupes parlementaires ne sont pas concernés au même titre par le renouvellement. Les Républicains n’ont que 65 de leurs 145 sièges qui sont renouvelables contre 33 des 64 sièges du groupe socialiste, 29 des 57 sièges de l’Union centriste[3], 12 des 24 sièges du RDPI (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants), groupe de Renaissance, 11 des 15 du groupe communiste, 7 des 14 du RDSE (Rassemblement démocratique et social européen)[4], 7 des 14 du LIRT (Les indépendants - République et territoires)[5], 4 des 12 du groupe des écologistes et 2 des 3 non-inscrits.
119 sénateurs se représentent : 49 sur 65 LR renouvelables, 22 sur 33 socialistes, 22 sur 29 UC, 8 sur 12 RDPI, 7 sur 11 communistes, 5 sur 7 RDSE, 4 sur 7 LIRT, 2 sur 4 écologistes et aucun non-inscrit. Le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), est à nouveau candidat tête de liste dans les Yvelines. Parmi les autres candidatures, on doit remarquer, pour la majorité gouvernementale la secrétaire d’État chargée de la citoyenneté et présidente de la province sud Sonia Backès en Nouvelle Calédonie, ainsi que le député Renaissance de la Nièvre Patrice Perrot ; pour l’opposition, le député européen écologiste et ancien candidat à l’élection présidentielle Yannick Jadot à Paris et le député LFI Ugo Bernalicis dans le Nord.
Les alliances
La politique d’union à gauche entre le PS, le PC et EELV constitue la principale différence sur 2017. Alors qu’en 2017, des listes d’union n’avaient été réalisées que dans deux sur les 24 départements de France métropolitaine à la proportionnelle, cela a été le cas cette fois-ci dans 13. De plus, le PS est allié avec le PC sans EELV dans 5 autres départements et avec EELV sans le PC dans 2. Comme LFI, très peu implantée chez les grands électeurs, a été écartée de ces négociations, elle a décidé de présenter des listes dans ces 24 départements sous l’appellation « union populaire écologique et sociale »[6], contrairement à 2017, pour affirmer sa présence et dénoncer le comportement des autres partis de gauche.
Dans les 14 départements métropolitains au scrutin majoritaire et à candidatures individuelles, où l’union au premier tour est moins nécessaire, on observe une entente un peu plus forte entre PS, PC, EELV et PRG, dans 7 départements contre 6 en 2017, alors que LFI est présente dans 13 départements[7] contre 1 seul en 2017. Dans la majorité sortante sénatoriale de droite et du centre il y a aussi du changement en France métropolitaine dans le sens de l’union. Alors qu’en 2017 l’UDI et LR étaient en concurrence dans 11 départements sur 24 à la proportionnelle, cela n’est plus le cas que dans 6. Dans les départements au scrutin majoritaire, où l’union était nettement plus fréquente dès 2017, la concurrence ne concerne plus qu’un département contre 3 en 2017. Concernant la majorité gouvernementale, alors qu’elle était présente dans tous les départements de France métropolitaine en 2017, elle ne présente des listes que dans 19 départements sur 24 à la proportionnelle et des candidatures dans 10 sur 14 au scrutin majoritaire. Dans les autres départements certaines de ses composantes soutiennent des listes ou candidatures de centre droit, divers droite où divers gauche.
Le RN, comme le FN en 2017, a eu pour politique une présence systématique en France métropolitaine présentant des listes dans 23 départements[8] à la proportionnelle, comme en 2017, et 12 sur 14 au scrutin majoritaire contre tous en 2017. Ce petit recul de sa capacité à être présent par rapport à 2017 est sans doute la conséquence de son recul d’implantation aux municipales de 2020.
On doit également noter la présence de 6 listes écologistes centristes, 5 listes Debout La France, 5 listes Reconquête, 2 listes Résistance et quelques listes divers droite de maires ruraux. Naturellement un certain nombre de listes dissidentes et de candidatures individuelles sont présentes à droite, à gauche et au centre comme en 2017.
Les perspectives
La majorité sénatoriale sortante des groupes LR, UC, RDSE et LIRT ne paraît nullement menacée. La gauche PS, PC et EELV peut espérer quelques gains grâce à sa progression aux municipales de 2020 dans certains départements, en particulier l’Indre et Loire (gain de la mairie de Tours). La majorité gouvernementale a peu d’espoirs de gain au vu de son échec aux municipales de 2020 et de l’hostilité de beaucoup d’élus locaux à la politique du gouvernement, en particulier concernant les finances locales (dont la suppression de la taxe d’habitation). LFI et le RN ont très peu d’espoir de gain (aucun sortant dans les deux cas) au vu de leur faible implantation locale[9]. Reconquête aura sans doute du mal à conserver son unique sénateur, Sébastien Meurant, tête de liste dans le Val d’Oise où il avait été élu en 2017 comme LR.
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[1] Ces derniers sont élus par le Conseil des Français de l’étranger, lui-même élu au suffrage universel par les Français de l’étranger.
[2] Il y avait eu alors une élection sénatoriale partielle en Savoie, département de l’autre série renouvelable.
[3] Ce groupe comporte principalement les élus de l’UDI et du MoDem.
[4] Les élus du PRG, du PRV et des divers gauche.
[5] Pour l’essentiel, les sénateurs de Horizons, le parti d’Edouard Philippe, et des divers droite.
[6] Sauf le Val d’Oise où elle est en 3e et 7e positions sur une liste PCF-LFI-Gs. Dans l’Eure et Loir elle a obtenu le soutien d’EELV avec un candidat EELV en seconde position et en Moselle c’est un candidat Génération écologie qui est tête de liste.
[7] De plus, en Lozère elle soutient une candidature Gs.
[8] Il n’a pas présenté de liste à Paris.
[9] Le RN peut cependant nourrir quelque espoir dans les Pyrénées Orientales après le gain de la mairie de Perpignan en 2020. Il y présente deux candidats pour les deux sièges à pourvoir.