L’agonie de la Nupes edit
Ainsi, Jean-Luc Mélenchon a planté l’avant-dernier clou sur le cercueil de la Nupes. Cela n’est pas étonnant puisque son repli progressif sur son dernier carré de fidèles laissait penser depuis quelque temps déjà que cette formule politique ne lui convenait plus. Peu soucieux d’unité, il a tenu une ligne dure et polémique, soufflant sur le feu des émeutes et se refusant explicitement à appeler au calme.
Dans une situation d’insurrection urbaine, il estime que ce sont les policiers qui sont responsables car «qui porte l’autorité porte la responsabilité». Dans une vidéo il a appelé les «plus jeunes» à ne «pas toucher aux écoles, aux bibliothèques et aux gymnases», «notre bien commun», définition assez étroite de ce bien commun. Tout le reste pouvait donc brûler. Comment condamner ces jeunes, du reste, puisque «ce sont les pauvres qui s’insurgent»? Mélenchon, comme il l’avait fait avec les Gilets jaunes, soutient l’insurrection qu’il appelle constamment de ses vœux, y compris quand la protestation tourne à la destruction gratuite et, ici, au pillage. Il confirme ainsi son attitude de rupture avec les valeurs républicaines. Les autres formations de la Nupes n’ont pu que condamner ses propos, déplorant son refus de condamner les émeutiers et d’appeler au calme.
Dans ces conditions, on pourrait penser que la Nupes est morte. Pourtant, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, son dernier partisan, refuse de planter le dernier clou. Certes, il se dit en «profond désaccord» avec les propos de Mélenchon, estimant que «les socialistes ont raison d’appeler au calme et au retour de la paix civile». «On ne peut pas donner le sentiment d’encourager et d’accepter la violence», ajoute-t-il. Pour autant, il refuse de dresser le constat de décès de la Nupes.
Il s’interroge ainsi : «Est-ce qu’on doit parler à tout le monde ? Oui, tout le temps, même dans les moments de profonds désaccords, et le moment actuel est un moment de profond désaccord.» Il «ne pense pas qu’on ait franchi la barrière républicaine» avec LFI. «Je suis à la fois vraiment favorable à une démarche unitaire au sein de la Nupes mais ça ne m’oblige pas à être aligné», a-t-il ajouté.
De manière étonnante, il déplore d’être sans cesse obligé de se définir par rapport à Mélenchon. Mais comment pourrait-il en être autrement puisqu’il défend la Nupes alors que le tribun des Insoumis rejette les valeurs fondamentales auxquelles les socialistes sont attachés ? Jusqu’où le non alignement sur la Nupes suffira-t-il à légitimer son choix de continuer à en faire partie ?
Olivier Faure se veut un adversaire résolu du Rassemblement national. Selon lui, la Nupes est l’outil nécessaire pour empêcher ce parti d’arriver au pouvoir. Comment ne comprend-il pas que le soutien de Mélenchon à ce mouvement insurrectionnel ne peut au contraire que favoriser cette éventualité alors que 70% des Français, selon un sondage, se sont dit favorables à faire intervenir l’armée pour rétablir l’ordre ? Comment ne comprend-t-il pas que les socialistes ne pourront faire entendre leur voix et retrouver une crédibilité gouvernementale qu’en se faisant les défenseurs de l’ordre républicain et donc en se défaisant de ce boulet au pied qu’est l’insurgé en chef ? Il y va de leur survie si celle-ci est encore possible. On ne peut pas être à la fois contre l’insurrection et pour l’insurgé.
Vous avez apprécié cet article ?
Soutenez Telos en faisant un don
(et bénéficiez d'une réduction d'impôts de 66%)