Négationnisme edit
Editorial. Poutine a enfin jeté le masque. Il nie la souveraineté de l’Ukraine, et agira en conséquence. Ses déclarations lors de la réunion du conseil de sécurité russe ainsi que celles de dignitaires du régime, et surtout celles de son ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov, ont dévoilé sa vision de l’Ukraine et les buts qu’il poursuit en envahissant les oblasts de Donetsk et Luhansk. Lavrov a ainsi déclaré : la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des deux enclaves de l’est implique que, puisque l’Ukraine a perdu le contrôle de ces deux régions, elle n’est plus une nation souveraine. Seuls les États qui représentent l’ensemble de leur population peuvent être considérés comme des États souverains et personne ne peut arguer que le régime ukrainien, fondé sur le « coup d’État » de 2014, représente l’ensemble du peuple qui vit sur le territoire de l’État ukrainien. Dans ces conditions, il n’y a plus d’État ukrainien.
Pire encore, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a déclaré que la Russie reconnaissait l’indépendance, non pas seulement des territoires réellement tenus par les séparatistes, mais de la totalité des deux oblasts, y compris les régions encore tenues par les « rebelles » [c’est-à-dire le régime ukrainien]. Ce qui laisse entendre que l’armée russe poursuivra l’invasion de l’Ukraine pour s’emparer de ces régions sous contrôle ukrainien. L’examen de la carte ci-dessous montre qu’il s’agit de territoires importants.
Cela signifie que logiquement les Russes veulent contraindre l’Ukraine à la guerre et provoquer la défaite militaire du régime afin de prendre le contrôle total du pays pour y installer un gouvernement à leur main. Poutine n’a-t-il pas dit que l’Ukraine n’existait pas en tant qu’entité distincte de la Russie ?
Si cette analyse est exacte, nous assistons non pas seulement à un réveil de la guerre froide mais à tout autre chose, d’autant que la Russie s’est emparée à l’occasion de la Biélorussie, transformé en Satrapie, et où les troupes russes sont désormais installées à demeure. Cette avancée stratégique menace donc directement les anciennes démocraties populaires ayant rejoint l’OTAN, mais aussi et surtout les pays Baltes, trois anciennes RSS qui sont elles aussi membres de l’OTAN mais où vit une importance minorité russophone. Il s’agit d’une rupture fondamentale de l’ordre européen et de l’établissement d’une nouvelle ligne de front en Europe avec une Russie à l’offensive.
Le fait que la Russie rejette clairement le principe d’une communauté internationale fondée sur un ensemble d’États souverains représente un danger existentiel pour ses voisins d’autant qu’elle exige que l’OTAN s’en retire.
Car ce qui se passe en Ukraine est limpide. S’il suffit désormais d’envahir une portion d’un pays pour clamer l’illégitimité de son régime et le détruire, on comprend que la période dans laquelle nous entrons risque de transformer l’Europe orientale en une jungle dans laquelle la seule loi en vigueur sera la loi du plus fort. Or le plus fort est aujourd’hui la Russie.
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