Politiques familiales: qu’attendent les Français? edit
Deux enquêtes barométriques d’opinion, produites par la DREES et par le CREDOC, portent pour partie sur les sujets de politiques familiales.
Interrogés, dans le cadre du baromètre de la DRESS, sur ce à quoi doit servir la politique familiale, les Français estiment qu’elle doit d’abord concourir à un meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle. Ce constat se vérifie depuis vingt ans, même si quelques années l’option « permettre aux familles de mieux se loger » a prévalu. Il faut noter que l’objectif nataliste, « soutenir la natalité », arrive au dernier rang, perdant la moitié de ses suffrages en vingt ans. L’autre objectif historique de la politique familiale, celui de la compensation des charges de famille, rassemble, lui aussi, moins de 10% des suffrages. Bref, les opinions sont cohérentes avec le mouvement global de la politique familiale qui fait de la conciliation un objectif tout à fait central.
Source : DREES
Sur le plan des modes de garde des enfants de moins de trois ans, la crèche réunit désormais la majorité des suffrages en tant que service le plus bénéfique pour l’enfant. Les opinions rejoignent le constat empirique selon lequel la crèche a un effet positif sur le développement du langage, comparé aux autre modes de garde.
Les évolutions, repérables sur trente ans grâce au baromètre du CREDOC, ont été significatives, puisqu’en 1990 le mode de garde jugé « le plus bénéfique » était la garde par la famille (grands-parents ou parents).
Source : CREDOC
Si l’on se penche plus précisément sur les âges du petit enfant, la crèche est la plus « adaptée », selon les personnes interrogées, à partir des 12 mois de l’enfant. Sur la première année, c’est la garde par les parents qui rassemblent le plus d’opinions favorables.
Source : enquête TMO, 2019
Soulignons que la préférence pour le parent a, ces toutes dernières années, augmenté. Pour les enfants de 0 à 6 mois la préférence pour la présence des parents passe de 76% en 2015 à 86% en 2019. La crèche reste préférée à partir des 1 an de l’enfant mais le niveau de cette préférence diminue (48% en 2015, 41% en 2019).
Source : enquête TMO, 2019
Tout ceci va dans le sens d’une politique de recours majoritaire aux congés parentaux dans les premiers mois de l'enfant (avec réduction de la durée de son indemnisation). Cette politique se poursuit en investissant fortement, pour les âges plus élevés du jeune enfant, dans les modes de garde extérieurs à la famille, les crèches au premier chef.
Si l’on en vient aux préoccupations et objectifs d’égalité entre les femmes et les hommes, les opinions demeurent relativement partagées, même si une majorité se dégage. Interrogés sur les aménagements du temps de travail, pour la garde des enfants, les Français sont minoritaires à estimer que les femmes doivent davantage pouvoir disposer d’aménagement du temps de travail, contre une autre partie de la population qui pense que hommes et femmes doivent être également traités à ces sujets. Notons que femmes et hommes ne se distinguent presque pas sur ce thème. En 2020, 56% des femmes et 54% des hommes pensent que femmes et hommes doivent bénéficier des mêmes aménagements du temps de travail.
Source : DREES
Toujours autour du sujet de l’égalité entre les femmes et les hommes, l’opinion est partagée lorsqu’est abordée la question d’incitations et d’obligations au partage des temps. En l’occurrence, sur le congé parental, l’option aménagée par la PrePare est vue positivement, en 2020, alors que depuis 2008, une autre idée prévalait, celle de la liberté à laisser aux parents. Si les évolutions sont notables, en direction de la valorisation du partage de ces temps, ce n’est pas un plébiscite.
Source : CREDOC
Si certains contrastes se notent, des dynamiques fortes se dégagent. Ainsi, huit Français sur dix sont en désaccord avec l’idée selon laquelle « Dans l'idéal, les femmes devraient rester à la maison pour élever leurs enfants ». Ils étaient tout juste majoritaires au début du millénaire. En l’espèce, l’âge s’avère plus différenciant que le sexe. Les plus jeunes estimant encore plus que leurs aînés que les femmes ne doivent pas se voir assigner la garde des enfants.
Source : DREES
Quand on en vient aux pères, précisément au sujet du congé paternité, certains choix qui ont été faits pour la réforme de juillet 2021 ne sont pas majoritairement soutenus dans l’opinion. Mais les suffrages en leur faveur progressent. D’abord une majorité de répondants pensent que la durée de 11 jours serait suffisante. Certes davantage de personnes, sur six ans, pensent qu’il faudrait l’allonger, mais elles restent minoritaires. Notons cependant que chez les 25-34 ans, comptant parmi les premiers potentiellement concernés, l’accord monte tout de même à 58%. Et chez les femmes, toutes classes d’âge confondues, l’idée d’augmenter la durée du congé de paternité est majoritaire. La tendance donc est clairement à une valorisation de cet instrument de la politique familiale.
Source : DREES
Sur le caractère obligatoire du congé, l’opposition prévaut. Certes avec une réduction de son intensité, sur quatre vagues d’enquête, mais les deux tiers des répondants pensent que la liberté de choix doit être laissée aux pères. Les plus jeunes (18-24 ans et 25-34 ans) se prononcent proportionnellement plus en faveur de cette obligation (respectivement 33% et 39%), mais ils restent minoritaires dans leur classe d’âge. Hommes et femmes n’ont pas, en l’espèce, d’opinions différentes.
Source : DREES
Dernier mot, au sujet du congé maternité, sa durée est jugée suffisante. Cette opinion – qui n’est certainement pas exactement celle des jeunes mères – atteint un score élevé de 66%, contre 52% il y a une quinzaine d’années. Ce n’est donc pas son contenu qui serait à revoir, mais bien ses correspondances avec d’autres congés, le congé parental en premier lieu. Signalons que les femmes (33% pensent ce congé insuffisant), n’ont pas exactement la même opinion que les hommes (22%). Par ailleurs, plus le nombre d’enfants dans le foyer est élevé, plus l’opinion selon laquelle le congé maternité est trop court progresse.
Source : DREES
Ces données d’opinion, qui doivent être croisées avec celles des comportements effectifs, ne sauraient être seules guides de l’action publique. Elles composent néanmoins des repères sur des tendances et préférences à prendre en considération avec sérieux dans la conduite et l’évaluation des réformes.
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