Géorgie: vers un nouvel autoritarisme? edit

28 octobre 2024

Le samedi 26 octobre, les Géorgiens ont élu leur onzième Parlement depuis leur accession le 9 avril 1991 à l’indépendance, suivie de périodes politiques chaotiques et de guerres avec la Russie. Ces dernières élections, traduisant un virage autoritaire du gouvernement, ont fait office de « référendum » entre l’Europe et la Russie. Leurs enjeux s’inscrivent inévitablement à la croisée de situations à la fois internationales et régionales, autour de la politique de la Russie envers son « étranger proche » et de celle de l’UE, dans un contexte aggravé aujourd’hui par la guerre en Ukraine.

Le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis douze ans, affrontait dans un contexte tendu la coalition pro-européenne des quatre partis d’opposition. Avec un taux de participation élevé et malgré de nombreux incidents, Rêve géorgien a remporté finalement la victoire avec 53,9% des voix contre 37,4% à l’opposition (11,04% pour la Coalition du changement, 10,16% pour l’Unité - Mouvement National, 8,81% pour Géorgie Forte et enfin Pour la Géorgie avec 7,77%).

Le virage autoritaire du parti au pouvoir s’inscrit dans une tendance forte qu’on observe ailleurs dans le monde, mais il est aussi en ligne avec une tradition politique autoritaire constamment suivie par tous les gouvernements géorgiens depuis l’effondrement de l’Union soviétique. L’histoire politique géorgienne des trois dernières décennies est marquée par des alternances d’espoir démocratique, puis de désillusions, d’autoritarisme croissant suivi de protestations populaires alternant des cycles de renouveau. Rêve géorgien fut en 2012 un mouvement d’opposition porteur de renouveau. En 2024, il fait face à l’opposition d’une société civile qui défie une fois de plus le gouvernement dans la rue lors des manifestations massives.

Une histoire politique chaotique

Après l’effondrement de l’URSS, puis l’avènement du gouvernement autoritaire de Zviad Gamsakhourdia (1991-1992), ex-dissident soviétique devenu président, on assista au retour d’Edouard Chevarnadze, ancien secrétaire du Parti en Géorgie puis ministre des Affaires étrangères de Gorbatchev. Nommé président de la Géorgie en 1992, il eut pour tâche de stabiliser le pays. La Géorgie, minée par sa guerre civile de 1993 et sous fond de combats violents en Abkhazie (devenue République autoproclamée) revivait alors les traumatismes de son passé, ceux de sa République démocratique (1918-1921) tournée vers l’Europe avant d’être écrasée par les bolchéviks. Aujourd’hui, elle se projette résolument vers l’Europe, tentant de rompre avec ses démons du passé. Cette aspiration découle essentiellement de la volonté de s’affranchir de l’influence de l’État russe avec qui les relations ont été toujours tumultueuses, particulièrement à cause du soutien de celui-ci aux régions sécessionnistes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud.

L’histoire politique récente de la Géorgie est chaotique. Ministre de la Justice de Chevarnadze, Mikheil Saakachvilli quitte le gouvernement en 2001 pour fonder un Mouvement National Uni, affilié au Parti Populaire européen, en vue de destituer Chevarnadze. La Révolution des roses de 2003 renverse le régime usé de Chevardnadze. Elle amène au pouvoir une élite nouvelle, pro-occidentale et libérale. Celle-ci sous l’égide du nouveau président Mikheil Saakachvilli (2004-2013) procède à une transformation du pays à marche forcée, reprenant les espoirs de la transition avortée de l’après-URSS, tout en essayant de promouvoir des valeurs s’approchant de l’Europe culturelle et politique.

Ces changements suscitent une attention particulière des Occidentaux. On observe une influence croissante de l’administration républicaine américaine d’abord puis de différents bailleurs de fonds (Banque mondiale, FMI, Union européenne, etc.). Saakachvilli, diplômé en droit des universités Columbia et George Washington, offre au départ un profil rassurant pour ces institutions. Pour ménager un consensus dans une société partagée entre tradition et modernité, il réintègre les symboles traditionnels de Saint-Georges et de l’Église orthodoxe autocéphale tout en abolissant toute référence au gouvernement de la première république sociale-démocrate (1918-1921). Il réhabilite l’ancien président Gamsakourdhia, exilé en Tchétchénie puis disparu en 1993.

Mais parallèlement Saakachvilli entreprend une ouverture rapide à l’économie de marché de type néo-libérale. Après plus d’une décennie de restrictions en tout genre conjuguant un effondrement de la production avec une inflation galopante et un chômage massif, il mène une politique fiscale rigoureuse et rétablit peu à peu la croissance dans des secteurs restés peu compétitifs et tributaires de l’héritage soviétique. En luttant contre la corruption généralisée tout en privatisant une partie des actifs industriels, la politique de Saakachvilli réussit à diversifier l’économie géorgienne tout en générant de nouvelles recettes fiscales pour un État appauvri. Petit pays caractérisé par ses ressources essentiellement minérales et rurales, la Géorgie trouve une nouvelle dynamique grâce à l’apport du BTP et du tourisme. La construction de l’oléoduc via Tbilissi pour relier Bakou en Azerbaïdjan au port turc de Ceyhan, le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum, deviennent des programmes industriels prioritaires, marquant le poids nouveau de la Géorgie dans ces domaines frontaliers en facilitant les investissements étrangers[1].

Mais la popularité du président Saakachvilli s’érode rapidement. En 2008 il est réélu avec seulement 52% des voix, alors que la guerre de sécession de l’Ossétie aidée par la Russie gronde déjà aux frontières. La guerre éclair de l’été 2008 entre la Russie et la Géorgie révèle les limites de sa politique et des influences occidentales en Géorgie. Comme en témoigne la médiation de Sarkozy face à Poutine, elle montre « l’incapacité des puissances extérieures à intervenir autrement que par des médiations politiques et des mesures de stabilisation »[2]. Après une nouvelle période d’instabilité, Saakachvilli doit quitter le pouvoir en 2013, pour se réfugier aux Etats-Unis puis en Ukraine.

Une nouvelle alternance amène au pouvoir Guiorgui Margvelachvilli du parti Rêve géorgien, financé par Bidzina Ivanichvili, milliardaire ayant construit une immense fortune en Russie. Dans les premiers temps, l’oligarque, homme de l’ombre un temps Premier ministre (2012-2013), cherche à apaiser les relations avec la Russie – ce qui va dans le sens de ses propres intérêts – tout en ménageant une opinion publique plutôt pro-européenne. À Guiorgui Margvelachvilli succèdent deux Premiers ministres issus de Rêve géorgien : Irakli Garibachvili (novembre 2013 - décembre 2015) puis Guiorgui Kvirikachvili (décembre 2015 - juin 2018).

La question russe rebondit en 2013. L’Ukraine, lors de la Révolution du Maidan en 2013-2014 puis l’intervention russe en Crimée et dans le Donbass, est soutenue par une grande partie de la société géorgienne traumatisée par les successives partitions de son territoire au profit de la Russie. La question d’une adhésion rapide du pays à l’UE se repose.

C’est dans ce contexte que Salomé Zourabichvilli, issue de la première émigration géorgienne en France et ex-ambassadrice de France en Géorgie (2003-2004), puis devenue ministre des Affaires étrangères de Saakachvili (2004-2005) avant de passer dans l’opposition, est élue présidente de la République en 2018. Elle donne la priorité aux projets d’intégration future à l’Union Européenne, sous la forme d’un partenariat aujourd’hui compromis avec le résultat des dernières élections. Salomé Zourabichvilli se retrouve vite dans une position minoritaire, le poste de Premier ministre restant occupé par des représentants de Rêve géorgien. Les tensions entre la présidente et la majorité parlementaire se font plus vives après l’invasion de l’Ukraine en 2022. Salomé Zourabichvilli s’affronte alors aux positions résolument pro-russes du gouvernement d’Irakli Garibachvilli, qui a retrouvé son poste de Premier ministre en 2021.

Ces projets européens se heurtent au repli autoritariste du pouvoir actuel et aux menaces pesant sur le pluralisme politique. On observe une régression en matière de droits et de libertés publiques, avec des tentatives de censurer et de contrôler les médias comme les ONG. L’absence d’un système judiciaire indépendant avait déjà amené les instances européennes à s’interroger légitimement sur l’engagement réel du gouvernement géorgien à vouloir inscrire ses valeurs démocratiques dans la Constitution, conditions d’une adhésion possible à l’UE.

L’adoption le 14 mai 2024 par le Parlement géorgien de la loi controversée sur « les agents de l’étranger » oblige Bruxelles à geler une aide de 30 millions d’euros et à Washington d’annuler des exercices militaires déjà controversés. Si Rêve géorgien explique que cette loi ne vise qu’à obliger les médias et les ONG très actifs dans le pays à une plus grande transparence en s’enregistrant en tant qu’« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » dès qu’ils recevraient 20% de leur financement de l’étranger, l’opposition et l’Union européenne dénoncent une législation anti-démocratique. Elles y voient un outil de répression doublé d’un obstacle dressé sur la voie de l’intégration européenne. La « loi russe » s’inspire directement de la législation sur les « agents de l’étranger » utilisée en Russie pour réprimer toute voix dissidente. Une partie des Géorgiens s’opposent à la nouvelle loi, avec des manifestations de rue massives.

Le virage anti-occidental de Rêve géorgien

Le parti au pouvoir n’a pas toujours été aussi frontalement prorusse. Le slogan électoral d’Ivanichvili en 2012 : « Vers l’Europe avec paix, dignité et prospérité » trahissait une ambivalence qui a longtemps été son trait dominant. Après l’invasion de l’Ukraine, des pressions russes se sont fait sentir à l’encontre du statut de candidat à l’adhésion à l’UE. L’ambiguïté entretenue à l’égard de l’Europe a été pour Rêve géorgien un moyen de se maintenir au pouvoir : il s’agissait de ne pas s’aliéner la grande majorité des Géorgiens. Ce positionnement ambigu a été présenté comme une « politique étrangère sur des variables à critères multiples », avec par exemple la signature récente d’un partenariat stratégique avec la Chine.

L’alignement de plus en plus net avec la Russie répond à une pression croissante de la part de Moscou. Mais il se laisse lire aussi comme une stratégie électorale misant sur le conservatisme d’une partie significative de la société géorgienne[3]. En témoignent les mobilisations contre la « propagande des LGBT », afin de préserver comme en Russie les valeurs nationales de l’influence d’un Occident jugé décadent par une couche importante de l’électorat. Ces dernières années, une partie de la société géorgienne, essentiellement issue du monde rural et fortement soutenue par l’Église, pilier de la vie quotidienne, s’est focalisée sur ces questions de genre, en riposte à ce qui est perçu comme des attaques de l’étranger contre la morale et la tradition familiale géorgienne. La société géorgienne est aujourd’hui profondément clivée entre un discours libéral de modernisation et une réaction conservatrice : « La Géorgie peut être décrite, selon les points de vue et les objectifs politiques, comme un avant-poste d’une jeunesse européenne cosmopolite branchée ou l’arrière-garde de marges obscurantistes »[4].

Dans ce contexte, et au moment où la guerre bat son plein en Ukraine, il est assurément facile de jouer sur toutes les peurs. Au début du conflit, Rêve géorgien défendait plutôt une position mesurée mais, à l’approche des élections législatives, ses invectives se sont multipliées contre le risque de voir le pays devenir le théâtre d’un « second front » succédant à l’Ukraine. L’Occident a été accusé d’y participer avec le risque pour la Géorgie, petit pays déjà morcelé, de devoir faire les frais d’enjeux géopolitiques qui la dépasseraient. Ces discours ont prise sur l’électorat, et la Russie les a appuyés en prétendant aider Tbilissi à normaliser ses relations avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.

Face à la mobilisation de la jeunesse urbaine, Rêve géorgien fait feu de tout bois. Le gouvernement a fait voter l’augmentation des salaires minimums avant les élections, et il a organisé des contre-manifestations en transportant en bus des cortèges entiers à la capitale comme du temps de l’Union Soviétique.

L’enjeu électoral actuel

Du côté de l’opposition, divers groupes, formations et personnalités s’étaient rassemblés pour constituer les alliances afin d’affronter le parti au pouvoir. Seul ce dernier et les quatre groupes de l’opposition unie pouvaient espérer franchir la barre des 5% (les 150 députés du Parlement géorgien sont élus au scrutin proportionnel).

Les deux principales forces d’oppositions sont la Coalition pour le changement et l’Unité-Mouvement national, qui se présentent l’une et l’autre comme des alliances de partis libéraux et pro-occidentaux. Plusieurs membres de ces formations politiques sont issus du Mouvement national uni fondé par l’ancien président Saakachvilli. Condamné à huit ans de détention après son retour d’Ukraine en 2021, il fait face à de nombreuses critiques au sein de la société géorgienne, qui n’a pas oublié ses atteintes aux libertés, son penchant autoritaire, les répressions des manifestations de 2007. Rêve géorgien n’a cessé d’agiter l’épouvantail de Saakachvili pour discréditer ses principaux rivaux politiques.

Le troisième groupe d’opposition, Pour la Géorgie, est dirigé par Gueorgi Gakharia.  Premier ministre de 2019 à 2021, il a quitté les rangs de Rêve géorgien en 2021 et son parti est principalement composé d’anciens partisans de Rêve géorgien déçus par celui-ci. Charismatique et controversé, il se présentait comme une troisième force alternative, entre Ivanichvili et les principales coalitions pro-occidentales.

Un quatrième groupe, Géorgie forte, dirigé par Mamuka Khazaradze, cible une même tranche de l’électorat. Banquier connu en Géorgie, il s’est lancé en politique après que le gouvernement d’Ivanichvili lui a confisqué un important projet de construction du premier port du pays en eau profonde.

Qui sont les Géorgiens votant aujourd’hui pour Rêve géorgien ? Les enquêtes réalisées donnent un aperçu de leurs profils : ils ont 55 ans et plus, tandis que seulement 8% de ceux entre 18-34 ans estimaient voter en faveur du parti d’Ivanichvili[5]. Paradoxe de cette ancienne génération, malgré son aspiration à un destin européen elle conserve une conception soviétique du pouvoir politique, alors que les jeunes Géorgiens, connectés, européanisés, et plutôt antirusses, gardent espoir dans un autre avenir parce qu’ils n’ont pas connu les déceptions politiques des générations précédentes. Nombre d’entre eux d’ailleurs continuent à émigrer en quête d’un avenir meilleur. On estime officiellement la diaspora géorgienne à l’étranger à 860 000 personnes mais elle serait près du double, dont une grande partie en Russie. On dénombrait 300 000 déplacés depuis les différentes guerres qui ont affecté le pays et à plusieurs milliers le nombre de migrants ayant fui la Russie et la Biélorussie depuis la guerre en Ukraine pour s’installer en Géorgie.

Ivanichvili arrivé au pouvoir avec une promesse de rendre le pays prospère a renforcé le modèle clientéliste mise en place par les gouvernements précédents, considérant les fonctionnaires et les bénéficiaires de prestations sociales comme ses électeurs prioritaires. Plus de 300 000 personnes, cible prioritaire de Rêve géorgien, occupent dans la fonction publique des postes précaires et modestement rétribués, qui ont souffert des réductions drastiques opérées par le gouvernement Saakachvilli dans la fonction publique. Plus de 410 000 personnes bénéficient officiellement de l’aide sociale minimum sont sans véritables revenus ; le taux de chômage atteint environ 13,7% de la population. Le salaire mensuel brut est évalué 2000 lari soit à 680 euros, obligeant à multiplier différents emplois précaires. Si le gouvernement se targue d’une croissance record, celle-ci est essentiellement tributaire de la reprise dynamique du tourisme après la crise sanitaire et de l’arrivée massive d’exilés russes et biélorusses qui ont permis de soutenir la demande interne.

On dénombre aujourd’hui plus de 60% de Géorgiens en milieu urbain pour un petit pays de près 3,8 millions d’habitants, marqué par le vieillissement démographique dans un contexte économique anémié, d’inégalités sociales et de déséquilibre aggravé entre monde urbain et monde rural. L’ensemble de ces facteurs structurels pèse sur les perspectives politiques à terme du pays et dessine une inadéquation grandissante entre des réformes économiques nécessaires et des valeurs démocratiques spoliées.

Rêve ou cauchemar géorgien ?

Rêve géorgien a obtenu 90 sièges de députés sur 150. Assez pour continuer à exercer le pouvoir, pas assez pour changer la Constitution et faire interdire les partis pro-européens comme il l’entendait.

Poursuivie par ses vieux démons, la Géorgie ne parvient pas à se soustraire à ces schémas autoritaires. Les partis politiques ne semblent pas s’attacher à défendre les intérêts de la population, mais à se maintenir au pouvoir sur des modalités populistes. Petite mais diversifiée, la société géorgienne fonctionne sur des modes encore claniques et patriarcaux pour reproduire des modèles autoritaires malgré une certaine dynamique de la société civile, dont témoigne l’émancipation des femmes acquise depuis 1918. Mais l’instabilité économique et sociale comme la fragilité des institutions héritées de l’époque soviétique restent prédominantes pour expliquer tous les archaïsmes en vigueur : la pauvreté et les inégalités rendent difficile l’engagement d’électeurs en faveur d’un système politique qui selon eux, les déçoit plus qu’il ne représente leurs intérêts. Le gouvernement dispose généralement de fortes ressources politiques et économiques tout en conservant sa mainmise sur les élections tandis que l’opposition, souvent faible ou divisée, semble incapable de défier efficacement le parti politique dominant. C’est un des constats de cette dernière élection. De surcroît, la très forte polarisation politique empêche tout dialogue constructif avec un pouvoir dont la perte est vécue comme celle de la fin de tous ses privilèges. En toile de fond, les différentes ONG comme une partie des médias financés du dehors et aujourd’hui décriés par Rêve géorgien n’ont pas réussi à freiner cette résurgence continue de l’autoritarisme. Comme si plus de trente années de réformes politiques et économiques, de conseils d’experts variés de l’UE ou d’investissements notamment américains dépensés dans des programmes d’accompagnement du pays sur cette voie difficile vers la démocratie s’avéraient pratiquement inefficaces.

[1] Eveline Bauman, « Géorgie : la difficile équation entre économie néo-libérale et valeurs démocratiques », Institut Est/Ouest, juillet 2011.

[2]    Étienne Forestier-Peyrat, Histoire du Caucase au XXe siècle, Fayard, 2020, p. 279.

[3] Stephen Jones: Georgian Dream Is 'Isolated' And The 'Foreign Agent' Law Is Just 'A Way To Maintain Power' Radio Free Europe, 15 mars 2024. Jones est l’auteur de The Birth of Modern Georgia (Routledge, 2013).

[4] Sylvia Serrano, Orthodoxie et politique en Géorgie postsoviétique, Kharthala, 2018 p. 152.

[5] „ან მე, ან ევროკავშირი“ - რას იზამს „ოცნების“ ამომრჩეველი, თუ მას ასეთი არჩევანის წინაშე დააყენებენ?, Radio Free Europe, 21 août 2023.